Après cinq ans à la tête de Renault, Luca de Meo lâche les clés

Après cinq ans à la tête de la marque au losange, l’italien francophone Luca de Meo va quitter la direction générale de Renault et rejoindre, selon la presse, le géant du luxe Kering.
«Après 5 années à la tête de Renault Group, Luca de Meo a fait part de sa décision de quitter ses fonctions», indique le groupe dans un communiqué, précisant que son départ sera «effectif le 15 juillet».
Le directeur général du constructeur automobile français va quitter le groupe «afin de relever de nouveaux défis en dehors du secteur automobile», a poursuivi l’entreprise, confirmant une information du journal «Le Figaro» publiée quelques minutes auparavant.
Direction Kering?
Selon le journal, le dirigeant de 58 ans va prendre la direction générale du groupe de luxe Kering, dont l’actionnaire majoritaire et actuel PDG François-Henri Pinault, a décidé de remanier la direction pour ne conserver que la présidence.
Deux profils internes ont été identifiés pour prendre les rênes de l’exécutif de Kering, avait écrit jeudi le magazine économique Challenges, citant Francesca Bellettini et Jean-Marc Duplaix, tous deux directeurs généraux adjoints. Une piste externe est encore possible, avait également affirmé le magazine.
Contacté par l’AFP, le groupe de luxe a indiqué dimanche ne pas commenter ces informations. Les ventes de Kering, plombées depuis plusieurs trimestres par sa marque phare Gucci, ont continué de baisser au premier trimestre 2025 (-14%) à 3,88 milliards d’euros (3,63 milliards de francs) après une chute de 62% de son bénéfice net et de 12% de son chiffre d’affaires en 2024. Depuis le 1ᵉʳ janvier, l’action de Kering a plongé de plus de 26%.
Communicant
Excellent communicant, pro du marketing, Luca de Meo a trouvé, lors de son arrivée à la tête de Renault en 2020, une entreprise traumatisée par plus d’un an de crise, dans le sillage de l’affaire de son ex-dirigeant Carlos Ghosn, entre chute des ventes et cadres dépités qui claquaient la porte.
Il a accéléré l’électrification du constructeur, également propriétaire des marques Dacia, Alpine et Lada, et sa montée en gamme pour tenter de sortir le groupe de l’ornière. Selon les derniers résultats publiés en avril, le chiffre d’affaires de l’entreprise française est resté stable au premier trimestre, à 11,7 milliards d’euros (-0,3%), avec une hausse des ventes de voitures électriques et hybrides.
«Pendant 5 ans, Luca de Meo a œuvré pour remettre Renault Group, là où est sa place. Sous son leadership, notre entreprise a retrouvé une base saine, elle dispose aujourd’hui d’une magnifique gamme de produits et a renoué avec la croissance», a affirmé Jean-Dominique Senard, le président du conseil d’administration de Renault, cité dans le communiqué du groupe.
Fiat et Seat
Fils d’un banquier d’affaires, ayant vécu dans 12 pays, Luca de Meo a démarré sa carrière chez Renault. Il est ensuite passé à la direction de Fiat, où il a relancé avec succès la petite 500, avant de redynamiser Seat pour le groupe Volkswagen.
Le départ de Luca de Meo s’inscrit dans le sillage d’une vague de départ au sein de l’alliance avec Nissan: le groupe a officialisé mi-avril le départ de Jean-Dominique Senard du conseil d’administration du groupe japonais, dont Renault détient toujours 35% du capital et 15% des droits de vote.
Il s’accompagne de celui de Pierre Fleuriot, représentant de la marque au losange au sein du conseil d’administration du groupe. Nissan est actuellement confronté à de grandes difficultés et s’est engagé dans des réductions massives d’effectifs et de capacités de production.
Renault et son partenaire japonais en difficulté vont par ailleurs encore assouplir leur alliance, dont le périmètre avait déjà été limité en 2023. Les deux constructeurs ont annoncé fin mars être tombés d’accord pour remanier leur participation croisée: les deux entreprises vont pouvoir descendre à 10% du capital de l’autre au lieu de 15% actuellement. AFP