Israël bombarde des sites nucléaires et militaires de l’Iran, qui tente une riposte

– Israël attaque depuis la nuit de jeudi à vendredi des sites militaires et nucléaires iraniens avec des avions de combat. L’Etat hébreu assure que Téhéran était sur le point de se doter de l’arme atomique.

– En représailles, l’Iran a lancé vendredi matin une centaine de drones contre Israël. L’armée israélienne a indiqué tenter de les intercepter. L’Iran a promis « une riposte forte » à l’attaque de son ennemi juré.

– Le chef des Gardiens de la Révolution, force idéologique de la République islamique, et celui de l’état-major iranien ont été tués dans les frappes israéliennes, de même que des spécialistes du nucléaire iranien de premier plan. Des immeubles résidentiels ont aussi été touchés. Les médias d’Etat font état de victimes civiles.

– Les Etats-Unis, alliés d’Israël, assurent ne pas avoir participé à l’opération. Donald Trump a néanmoins déclaré avoir été mis au courant.

Un impact sur les marchés financiers et les cours des matières premières.

L’attaque israélienne et la tentative de riposte ont déstabilisé les marchés financiers. Les places boursières ont ouvert dans le rouge, le pétrole a pris l’ascenseur et l’or, valeur refuge, s’est envolé.

Vers 10h30, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, gagnait 6,40% à 73,80 dollars, après avoir bondi de plus de 13% à 78,50 dollars, son plus haut niveau depuis janvier.

Après avoir bondi à 3441,34 dollars l’once au petit matin, l’or calmait quelque peu ses ardeurs, évoluant vers 10h30 en hausse de 1,15% à 3424,59 dollars. Le plus haut historique avait quant à lui été atteint le 22 avril à 3500,12 dollars.

L’Iran déclare que l’attaque israélienne est une « déclaration de guerre »

Le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi affirme dans une lettre adressée aux Nations unies que l’attaque d’Israël constituait « une déclaration de guerre ». Il appelle aussi le Conseil de sécurité de l’ONU à réagir.

Les principales réactions internationales

Le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte, la cheffe de la diplomatie de l’UE Kaja Kallas, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont chacun de leur côté alerté contre un risque d’escalade et contre un embrasement de la région.

Paris et Berlin ont fait part de leur « inquiétude » face à l’avancement du programme nucléaire iranien et souligné « le droit d’Israël à se défendre ».

L’Arabie saoudite a exprimé « sa ferme condamnation et sa dénonciation des agressions israéliennes flagrantes contre la République islamique d’Iran, pays frère, qui portent atteinte à sa souveraineté et à sa sécurité et constituent une violation flagrante des lois et normes internationales ».

La Turquie a fermement condamné les frappes, parlant de « violation flagrante du droit international » et les qualifiant de « provocation qui sert la politique stratégique d’Israël visant à déstabiliser la région. » Ankara a exhorté Israël à cesser ses « actions agressives qui pourraient entraîner de nouveaux conflits ».

La Russie a dénoncé les bombardements israéliens, estimant qu’ils étaient « inacceptables » et qu’ils conduisaient à une « dangereuse escalade des tensions » au Moyen-Orient.

La Chine s’est dite « très préoccupée » et a dénoncé la « violation » de la souveraineté iranienne, tout en exprimant sa volonté de contribuer à apaiser les tensions. « La Chine appelle toutes les parties concernées à faire davantage pour promouvoir la paix et la stabilité régionales et éviter une nouvelle escalade des tensions », a commenté un porte-parole.

L’aviation civile perturbée dans la région

L’attaque aérienne israélienne et la riposte iranienne ont perturbé les vols commerciaux vendredi. Israël, l’Iran, mais aussi l’Irak et la Jordanie ont fermé leur espace aérien.

Les compagnies Air France, Air India, Emirates ou encore Qatar Airways ont annoncé la suspension de dizaines de vols vers et depuis le Moyen-Orient, ou prévoyant un survol de la région, après les frappes israéliennes sur le territoire iranien.

Air France a précisé que ses vols entre Paris et Tel Aviv étaient supprimés jusqu’au 17 juin, mais a maintenu ses vols vers le Liban et les autres aéroports de la région.

Les vols Delhi-Vienne et Bombay-Londres s’apprêtaient à entrer dans l’espace aérien iranien quand Israël a lancé son attaque, et les avions ont fait demi-tour vers leur aéroport d’origine, selon le site Flight Aware.

L’armée israélienne affirme avoir détruit des dizaines de radars et de lanceurs

L’armée israélienne a indiqué vendredi avoir détruit des « dizaines » de radars et de lanceurs de missiles sol-air dans l’ouest de l’Iran.

« Au cours des dernières heures, des avions de chasse de l’armée de l’Air, guidés par des renseignements précis de la Direction du renseignement, ont mené à bien une vaste opération contre le système de défense aérienne du régime iranien dans l’ouest de l’Iran », a indiqué l’armée.

Qui était Hossein Salami, le chef des Gardiens de la révolution

Le chef du Corps des Gardiens de la Révolution islamique Hossein Salami a été tué par une frappe israélienne à Téhéran. Ce haut gradé proche du guide suprême iranien était connu pour ses diatribes contre Israël et l’Occident.

Né en 1960 dans le centre de l’Iran, Hossein Salami, barbe blanche et crâne dégarni, apparaissait régulièrement à la télévision dans des discours enflammés, relayant les diatribes que lancent régulièrement les responsables iraniens contre Israël.

« Si vous commettez la moindre erreur, nous ouvrirons les portes de l’enfer pour vous », avait encore déclaré Hossein Salami le mois dernier, avertissant Israël et les Etats-Unis de représailles en cas d’attaque.

Les dégâts à Téhéran

Au moins 50 personnes, dont 35 femmes et enfants, ont été blessées dans de « fortes explosions » qui ont visé des immeubles résidentiels de la capitale Téhéran, a indiqué la télévision d’Etat iranienne. Les derniers étages de certains bâtiments ont été détruits et d’autres ont été partiellement éventrés.

Le centre de commandement des Gardiens de la Révolution a également été touché. Les autorités iraniennes n’ont donné aucune information sur le nombre de victimes sur les sites militaires.

Selon un média local, au moins six scientifiques du programme nucléaire iranien ont été tués. Parmi les six noms cités par l’agence de presse Tasnim news figurent ceux de Mohammad Mehdi Tehranchi, président de l’université islamique Azad en Iran, et de Fereydoun Abbasi, qui a par le passé dirigé l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, OIEA.

Le site d’enrichissement d’uranium de Natanz touché plusieurs fois

Le site d’enrichissement d’uranium de Natanz (centre) a été visé « plusieurs fois », selon la télévision d’Etat iranienne qui a montré une épaisse fumée noire s’élevant de l’installation.

« L’attaque de Natanz n’a pas provoqué de contamination nucléaire jusque là », a écrit l’agence de presse officielle IRNA, citant un responsable de la police de la province d’Ispahan. IRNA ajoute que l’attaque n’a fait aucune victime.

Aucune hausse des niveaux de radiation n’a été constatée sur ce site, avait plus tôt indiqué l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Les sites nucléaires de Fordo et d’Ispahan (centre) n’ont pas été touchés par les frappes israéliennes, selon l’AIEA.

Les premières frappes ont été « couronnées de succès », dit Benjamin Netanyahu

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que les premières frappes sur l’Iran avient été « couronnées de succès ».

« Nous avons frappé le haut commandement, nous avons frappé des scientifiques de haut niveau qui encouragent le développement de bombes atomiques, nous avons frappé des installations nucléaires », a indiqué le dirigeant dans une vidéo. « Avec l’aide de Dieu, nous allons accomplir bien plus encore », a-t-il assuré.

Environ 200 avions ont participé à cette opération contre une centaine de cibles, selon l’armée israélienne

Suivi assuré par RTSinfo