
Les émissions de titres de capital sur le marché marocain enregistrent une évolution contrastée au cours des quatre premiers mois de l’année 2025. Bien que le volume global des émissions connaisse une baisse modérée de 5 % par rapport à la même période en 2024, cette apparente stabilité masque d’importantes transformations dans la structure du financement.
Disparition des émissions de capital
Premier constat marquant : aucune émission de titres de capital n’a été enregistrée depuis le début de l’année 2025, contre près de 3 milliards de dirhams mobilisés en 2024 via l’appel public à l’épargne, selon les indicateurs mensuels du marché des capitaux.
Ce retrait du financement par actions peut refléter une volonté des entreprises de limiter la dilution du capital, ou encore des arbitrages au profit de dettes moins coûteuses dans l’environnement actuel.
Explosion des émissions obligataires
À l’opposé, le marché obligataire affiche une dynamique remarquable, avec une hausse de 317 % des montants levés, atteignant 7,3 milliards de dirhams contre 1,75 milliard un an auparavant. Cette progression est tirée à la fois par :
- une montée en puissance du placement privé (+160 %), et
- le retour notable de l’appel public à l’épargne, absent en 2024 mais représentant déjà 2,75 milliards de dirhams en 2025.
Ce regain traduit un glissement stratégique des entreprises vers un financement à moyen et long termes, probablement en anticipation d’un resserrement des conditions monétaires.
Recomposition du marché des titres de créances négociables (TCN)
Les titres de créances négociables, bien qu’encore majoritaires en volume, enregistrent un recul global de 15 %. Mais là encore, les dynamiques sont contrastées :
- Les certificats de dépôt chutent de 50 %, passant de 17,4 à 8,6 milliards de dirhams, suggérant une baisse de l’appétit des investisseurs pour ces instruments bancaires de court terme.
- En revanche, les bons de sociétés de financement bondissent de 73 %, tandis que les billets de trésorerie progressent de 22 %, traduisant un maintien des besoins en liquidités à court terme du côté des entreprises.
Une structure de financement en mutation
Avec un volume total d’émissions de 31,4 milliards de dirhams sur les quatre premiers mois de 2025, contre 33,1 milliards en 2024, le marché conserve un niveau d’activité soutenu. Toutefois, la reconfiguration des instruments privilégiés par les émetteurs est significative : moins de capital, moins de certificats de dépôt, et davantage d’obligations.