Land’Or : de la tourmente financière à l’offensive industrielle au Maroc

Land’Or renforce sa présence industrielle au Maroc : entre restructuration et ambition stratégique
La trajectoire de Land’Or au Maroc illustre une transformation en profondeur, marquée par un passage de turbulences financières à une stratégie industrielle affirmée. Retour sur une décennie charnière pour le groupe fromager tunisien.
Des années noires à la relance
Créé en 2012, la filiale Land’Or Maroc est une société dont le capital est de 9 000 000,00 MAD et régie par la loi Marocaine.
Entre 2013 et 2015, la filiale marocaine de Land’Or a connu de fortes turbulences. Un incident technique majeur en 2013, suivi d’une interdiction temporaire d’importation des produits d’origine animale tunisiens (septembre 2014 à mai 2015), a entraîné des pertes cumulées mettant en péril la viabilité de l’entité.
Face à cette situation critique, le groupe a tenté dès 2016 d’obtenir l’approbation de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) pour un plan de restructuration. Cette tentative, restée sans suite, n’a pas freiné l’engagement du groupe au Maroc.
Naissance de Land’Or Maroc Industries : un tournant stratégique
La réponse du groupe s’est concrétisée en 2019 avec la création de Land’Or Maroc Industries (LMI), entité industrielle à 100 % détenue par Land’Or. Dotée d’un capital de 143 millions de dirhams, LMI porte un projet d’envergure : l’implantation d’une usine de fabrication de fromages sur le territoire marocain.
La BCT a validé la prise de participation dans LMI à hauteur de 6 millions d’euros en mai 2019 (autorisation n°402373), marquant un tournant stratégique : passer d’un modèle basé sur l’importation à une logique de production locale.

Une montée en puissance financière progressive
Le soutien du groupe s’est manifesté par des injections successives de capital :
Année | Montant injecté (€) |
---|---|
2021 | 840 000 |
2022 | 5 000 000 |
2023 | 783 000 |
2024 | 700 000 |
Ces investissements soutenus visent à doter LMI des moyens nécessaires pour faire du site industriel marocain une base stratégique de production régionale.
La BERD a accordé à Land’Or Manufacturing International (LMI) un prêt additionnel de 3,5 millions d’euros (36,9 millions de DH) pour financer l’achat d’équipements, l’extension de l’usine en construction à Kénitra et le besoin en fonds de roulement. Ce financement s’ajoute à un premier prêt de 10,9 millions d’euros accordé en 2020, dont 7,8 millions d’euros étaient dédiés à la construction de la fromagerie. L’usine, dont l’ouverture est prévue pour début 2022, devrait renforcer les capacités d’exportation de Land’Or.
Le projet d’usine, dont le coût global est de 170 millions de dirhams, devrait générer un chiffre d’affaires additionnel prévisionnel de 320 millions millions de dirhams.
Vers une restructuration financière finalisée ?
Le 22 août 2024, Land’Or a soumis une nouvelle demande à la BCT visant à convertir une créance de 5,9 millions d’euros – liée aux pertes des années 2013-2014 – en participation au capital. Ce mécanisme de conversion de dette en fonds propres renforcerait significativement la structure bilancielle de la filiale tout en soldant un passif historique.
Une stratégie de consolidation industrielle
Land’Or transforme une crise ancienne en levier de développement stratégique. Grâce à une restructuration progressive, un soutien institutionnel international et une industrialisation maîtrisée, le groupe consolide sa présence au Maroc, désormais considérée comme un pilier de sa croissance régionale. SA
Au terme de l’exercice 2024, Land’Or a dégagé un bénéfice de 10,5 MD contre 5,6 MD en 2023. Le Groupe double quasiment son RNPG en 2024 à un record de 12,6 millions de dinars
Le fromager a vu son résultat d’exploitation, flamber, passant de 11,2 à 19,8 MD sur la même période. Land’Or a notamment réussi à réduire les achats consommés de 9,8% à 126,2 MD, contre 140 MD en 2023.