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Défauts de paiement : un cap critique franchi en avril 2025

Créances en souffrance : le seuil historique des 100 milliards de dirhams franchi

Les dernières données de Bank Al Maghrib confirment une détérioration continue de la qualité du portefeuille bancaire au Maroc. À fin avril 2025, les créances en souffrance ont dépassé pour la première fois depuis des années la barre symbolique des 100 milliards de dirhams, atteignant un niveau record de 101 017 MMDH, traduisant une hausse généralisée sur toutes les périodes d’observation, aussi bien mensuelle qu’annuelle.

Une accélération des défauts de paiement

Sur un mois, les créances en souffrance ont progressé de 3 049 MMDH, soit +3,11 % par rapport à mars 2025. L’analyse sur quatre mois, entre décembre 2024 et avril 2025, montre une hausse soutenue de 3 506 MMDH (+3,59 %). À l’échelle annuelle, les CES progressent de 4 344 MMDH, soit +4,49 % par rapport à avril 2024.

Ce rythme traduit une tendance de fond et non un simple aléa conjoncturel. Il pourrait refléter : une détérioration rapide de la trésorerie des agents économiques, d’éventuels effets comptables de régularisation, après des phases de restructuration ou de report d’échéances dans les années précédentes, l’impact différé de la hausse des taux d’intérêt sur la capacité de remboursement des emprunteurs…

Un recul régulier du glissement annuel jusqu’à début 2025

Les indicateurs clés que sont le glissement annuel des CES et leur taux rapporté à l’encours total des crédits traduisent un regain de fragilité du portefeuille de crédit bancaire.

Le glissement annuel des CES avait entamé une trajectoire descendante dès le second semestre 2023. Après avoir atteint un pic proche de 7 % en mai-juin 2023, ce taux a progressivement chuté, passant sous la barre des 4 % dès avril 2024, avant de toucher un point bas aux alentours de 2 % en février 2025.

Cependant, la situation s’est inversée brutalement en avril 2025. Le glissement annuel des CES a connu un rebond marqué à environ 4,5 %, signalant une reprise de la croissance des créances en souffrance par rapport à l’année précédente.

Ce retournement s’accompagne d’une hausse parallèle du taux des CES, qui mesure la proportion des créances en souffrance dans le total des crédits. Après une inflexion à 8,3 % en mars 2025, ce taux est remonté à 8,7 % en avril, renouant avec les niveaux observés fin 2023.

Après plus d’un an de ralentissement, les créances en souffrance repartent à la hausse. Cette inflexion dans les indicateurs des CES pourrait annoncer une nouvelle phase de vigilance pour les établissements prêteurs. La dynamique observée en avril 2025 mérite d’être suivie de près…

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