La Maison Blanche a remercié jeudi Elon Musk pour ses services, après que le multimilliardaire a annoncé mettre fin à sa mission de réduction de la dépense publique auprès de l’administration de Donald Trump.
Sa mission étant désormais terminée, la Maison Blanche — par la voix de sa porte-parole Karoline Leavitt — a salué les efforts accomplis tout en assurant que cette démarche de rigueur budgétaire se poursuivra.
« Alors que ma période prévue en tant qu’employé spécial du gouvernement touche à sa fin, je voudrais remercier le président Donald Trump de m’avoir donné l’occasion de réduire les dépenses inutiles », a écrit mercredi l’homme d’affaires sur son réseau social X.
« La mission ‘Doge’ (ndlr : le nom de sa commission à l’efficacité gouvernementale) va se renforcer encore à l’avenir pour devenir un mode de vie dans le gouvernement », a affirmé le patron de Tesla, SpaceX et X.
C’est un tout autre ton, beaucoup plus amer, qu’il a adopté dans un entretien à la chaîne CBS.
« J’ai été déçu de voir ce projet de loi de dépenses massives – franchement – qui augmente le déficit budgétaire », a déclaré Elon Musk dans une interview dont un extrait a été diffusé mardi soir, en référence à une grande loi économique du président républicain.
Le patron de Tesla et SpaceX a aussi déploré auprès du Washington Post que Doge soit « en passe de devenir le bouc émissaire pour tout ».
La « grande et belle loi », telle que l’a baptisée Donald Trump, est en cours d’examen au Congrès et a pour objectif de mettre en application certaines promesses de campagne emblématiques, comme la prolongation de gigantesques crédits d’impôt.
Selon une analyse d’une agence parlementaire sans affiliation politique, le texte en l’état entraînerait une hausse du déficit fédéral de 3.800 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.
« C’est insultant pour les gens »
L’un des moments des plus marquants d’Elon Musk à la Maison blanche restera cette conférence de presse tenue en février dernier dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche. Personne n’écoutait le président ni son conseiller, mais tout le monde observait avec étonnement X Æ A-Xii (surnommé X), le petit garçon de 4 ans de Musk.
Des excès qui se sont multipliés au fil des semaines. L’exemple le plus connu ? Ces images hallucinantes où l’on voit Musk tronçonneuse à la main tout en évoquant sa mission de réduire drastiquement la taille de l’État fédéral. Ou encore son apparition dans l’État du Wisconsin, où l’entrepreneur s’est immiscé dans les élections pour remplacer un juge à la Cour suprême.
Il distribuait des chèques d’un million de dollars pour acheter des voix en faveur du candidat républicain. Un geste qui a été très mal perçu, même au sein du parti républicain. « Il est allé dans le Wisconsin en pensant pouvoir acheter des votes, a mis un chapeau en forme de fromage sur la tête et s’est comporté comme un gamin de 9 ans », déclarait un membre républicain du Congrès au site américain, Politico. « Ça ne marche pas, c’est insultant pour les gens ».
Cependant, comme l’explique Willem Post, spécialiste de la politique américain, à HLN, les deux hommes risquent encore d’être proches à l’avenir. « Musk ne va pas disparaître d’un coup », explique-t-elle. « Je n’y crois pas une seconde. Trump et Musk ont encore trop besoin l’un de l’autre ».
En effet, Musk n’est pas qu’un appui financier pour le président américain. « Il fait beaucoup d’affaires en Chine, ce qui en fait une source d’information précieuse pour Trump et son entourage », explique l’expert Raymond Mens au journal flamand.
« Il exerce encore beaucoup d’influence »
Alors que sa mission principale était de réduire les dépenses publiques, l’annonce du retrait de Musk pourrait bien arranger également la Maison blanche. « Musk affirme que son opération a permis d’économiser 160 milliards aux contribuables, mais en réalité, les dépenses publiques ont continué d’augmenter », explique l’expert. « C’est sans doute une déception pour lui : il espérait réduire considérablement la taille de l’État, mais même sous Trump, peu de choses ont changé. »
« Beaucoup de Républicains ne peuvent pas le voir en peinture, et il n’est pas aimé des électeurs », poursuit-il. « Ce n’est pas une bonne chose à l’approche des élections de mi-mandat de l’année prochaine. En apparence, il ne compte plus politiquement, mais je suis convaincu qu’Elon Musk exerce encore beaucoup d’influence en coulisses. »
Désormais, on s’attend donc à voir Musk consacrer davantage de temps à sa société Tesla, où les ventes se sont effondrées dans le monde. Aux Pays-Bas, moins de 400 Tesla ont été vendues en avril dernier, contre 1 457 en avril 2024. Les consommateurs boycottent Musk et son idéologie d’extrême droite.
Reste à voir si Tesla se remettra. En tout cas, les investisseurs ont accueilli avec soulagement l’annonce de Musk de se consacrer à nouveau pleinement à ses entreprises : l’action Tesla a grimpé de 4 % mardi. Sudinfo
