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Cartographie du secteur informel : poids, profils et performance

  • 2,03 millions d’unités de production informelles (UPI) : +353 000 unités par rapport à 2014
  • 2,53 millions d’emplois dans le secteur informel
  • 2,1 % des chefs d’UPI ont un compte bancaire professionnel
  • 14,2 % inscrites à la taxe professionnelle
  • 68,3 % créent leur UPI par nécessité
  • 526,9 Mds DH de chiffre d’affaires annuel (+28,7 % depuis 2014)
    Contribution à la valeur ajoutée nationale (hors agriculture et administration) : 13,6 % (vs 16,6 % en 2014)
  • 33,7 % des approvisionnements viennent du secteur formel (vs 18,2 % en 2014)

Pilier invisible mais essentiel de l’économie nationale, le secteur informel au Maroc continue de croître et de se transformer. En 2023, il regroupe plus de 2 millions d’unités de production informelles (UPI), concentrées en milieu urbain et largement dominées par le commerce de détail. Ce dynamisme apparent masque toutefois de profondes fragilités, selon la synthèse des principaux résultats de l’Enquête Nationale sur le Secteur Informel 2023/2024 publiée par le Haut Commissariat au Plan.

1. Croissance et profil des unités de production informelles (UPI)

Le secteur informel compte 2,03 millions d’UPI, en hausse de 353 000 unités depuis 2014, à 77 % urbaines, concentrées surtout à Casablanca-Settat (22,7 %). Le commerce reste dominant (47 %) mais recule au profit des services (28,3 %) et du BTP (11,6 %). Les UPI sont très majoritairement individuelles (85,5 %).

2. Conditions d’exercice précaires

Plus de 55 % des UPI n’ont pas de local professionnel. Dans le BTP, cette proportion atteint 90 %. Les contraintes financières et la nature de l’activité expliquent l’absence de local. L’accès aux infrastructures de base reste très limité, surtout pour les micro-unités.

3. Faible formalisation administrative

Les UPI restent très peu enregistrées, même avec un local professionnel. Seuls 14,2 % sont inscrites à la taxe professionnelle, 9,8 % à la CNSS, 1,7 % bénéficient du statut d’auto-entrepreneur. Le commerce et l’industrie présentent les taux les plus élevés d’enregistrement.

4. Profils des chefs d’UPI

Le secteur est largement masculin (92,4 %), avec une amélioration du niveau scolaire : la part des chefs sans instruction est passée de 34,3 % à 18,6 %. L’âge moyen est de 45 ans.

5. Motivations économiques dominantes

La création d’UPI est motivée par la nécessité (68,3 %), surtout chez les femmes (71,9 %). La majorité des chefs d’UPI étaient actifs avant leur lancement, mais les femmes ont des trajectoires plus précaires et rencontrent plus de difficultés à concilier vie professionnelle et familiale.

6. Autofinancement quasi exclusif

La création et le fonctionnement des UPI reposent à plus de 90 % sur les fonds propres. Le recours au crédit bancaire est marginal (1,1 % à la création, 0,3 % en fonctionnement), en raison du refus d’endettement, de l’absence de besoin ou d’obstacles structurels.

Lien avec les ménages

La part des ménages possédant une UPI est en légère baisse (14,3 % en 2023 contre 15,5 % en 2014), mais reste corrélée à la taille du ménage et au nombre d’actifs.

Emploi informel : poids et caractéristiques

Le secteur informel emploie 2,53 millions de personnes, soit 33,1 % de l’emploi non agricole, en recul. L’emploi reste concentré dans le commerce (44,1 %), est majoritairement urbain (77,6 %) et faiblement salarié (10,4 %). Le salariat informel est précaire, sans contrat ni protection sociale.

Poids économique et performances

Le chiffre d’affaires du secteur est de 526,9 Mds DH, en hausse mais avec une contribution en baisse dans le PIB hors agriculture (de 15 % à 10,9 %). La valeur ajoutée atteint 138,97 Mds DH (13,6 % du total national), concentrée dans les UPI les plus productives (20 % générant 65,4 % de la VA). Les services progressent, tandis que le commerce et l’industrie reculent légèrement. L’industrie alimentaire gagne du poids, au détriment du textile.

Relations croissantes avec le secteur formel

Les approvisionnements issus du secteur formel ont fortement augmenté (33,7 % en 2023 contre 18,2 % en 2014). Les ventes au secteur formel restent modestes mais en croissance (2,4 % contre 0,5 %), confirmant une intensification des échanges entre formel et informel.

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