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2024, année de paradoxes pour le capital-investissement au Maroc

Le secteur du capital-investissement au Maroc a traversé une année 2024 contrastée, selon les données publiées par l’AMIC (Association Marocaine des Investisseurs en Capital): des levées de fonds records, un ralentissement notable des investissements, un regain modéré des désinvestissements et une réorientation vers les participations minoritaires. Les prévisions pour les années à venir suggèrent une poursuite de cette tendance prudente, avec un rendement attractif stable.

Année record pour les levées, mais un déploiement sous pression

En 2024, sept fonds ont levé 3 887 millions de dirhams (MMAD), dont un spécifiquement dédié à l’accompagnement des startups, portant le montant total disponible pour investissement à 9,7 Mds MAD, contre 6,6 Mds MAD en 2023. Cela témoigne d’une forte confiance des souscripteurs envers les acteurs du capital-investissement marocain.

Pourtant, les investissements effectivement réalisés s’élèvent à 1 699 MMAD, en baisse de 33 % par rapport à 2023 (2 542 MMAD). Ce recul s’inscrit dans un contexte de sélectivité accrue et de marchés parfois attentistes. Les gestionnaires ont investi dans 23 nouvelles entreprises (contre 25 un an plus tôt), et ont effectué 17 réinvestissements.

Un ralentissement marqué du déploiement

En dépit de cette mobilisation financière, les investissements réalisés se sont élevés à seulement 1 699 MMAD en 2024, contre 2 542 MMAD en 2023, soit une baisse de 33 %. Le taux de déploiement est ainsi passé d’environ 85 % à 44 % en un an.

En 2024 :

  • 10 sociétés de gestion ont opéré ces investissements,
  • 23 nouvelles entreprises ont été financées,
  • 17 réinvestissements ont été effectués.

En comparaison, en 2023 :

  • 12 sociétés de gestion avaient investi,
  • 25 nouvelles entreprises avaient été ciblées,
  • 16 réinvestissements avaient été réalisés.

« Nous observons une prudence renforcée des acteurs face à des enjeux de valorisation, de maturité des cibles et de conjoncture globale. La sélectivité est devenue la norme », explique un professionnel du secteur.

Désinvestissements et ajustement stratégique

Les désinvestissements atteignent 1 067 MMAD en 2024 (vs 1 012 MMAD en 2023). Autre mutation : le recul des prises de contrôle majoritaires au profit de participations minoritaires, marquant une évolution stratégique dans la structuration des deals.

La durée moyenne de détention des participations s’allonge légèrement : 6,2 ans en 2024 contre 5,8 ans en 2023, ce qui reflète une dynamique de portage plus long dans un environnement de sortie moins fluide.

Des prévisions d’investissement orientées à la baisse

Malgré l’abondance de ressources, les prévisions d’investissement pour les trois prochaines années traduisent une attitude plus prudente du marché :

  • 2025 : 3 612 MMAD
  • 2026 : 2 479 MMAD
  • 2027 : 1 985 MMAD

TRI moyen brut pondéré : 12 %

Le taux de rentabilité interne (TRI) moyen brut pondéré des investissements reste attractif, à 12 %, soulignant la capacité du secteur à générer des performances solides malgré un environnement parfois incertain. Rendement solide, reflétant un marché en maturation avec une croissance prudente.

Tableau de synthèse

Indicateur202320242025 (p)2026 (p)2027 (p)
Levées de fonds (MMAD)3 0093 887
Montant disponible à l’investissement (Mds MAD)6,69,7
Investissements réalisés (MMAD)2 5421 6993 6122 4791 985
Désinvestissements (MMAD)1 0121 067
Durée moyenne de détention (années)5,86,2

Une dynamique à surveiller

Avec des liquidités abondantes mais des investissements plus sélectifs, et un TRI moyen solide, le capital-investissement marocain entame une phase de maturité et de rééquilibrage stratégique. L’enjeu pour les années à venir sera de réconcilier les levées record avec une exécution efficace, en favorisant la croissance des PME et startups à fort impact, tout en préparant des sorties solides.

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