
Les investissements arabes en Égypte ont connu une hausse spectaculaire au cours de l’exercice fiscal 2023/2024, atteignant 41,5 milliards de dollars, contre 7,3 milliards l’année précédente, selon les données de l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS). Si les Émirats arabes unis dominent largement ce flux financier, le Maroc se hisse au 6e rang des investisseurs arabes, consolidant ainsi sa présence économique en Égypte.
Les Émirats arabes unis se positionnent comme le principal investisseur arabe en Égypte, avec 38,9 milliards de dollars injectés, soit plus de 93 % du total. Ils sont suivis par :
- Arabie saoudite – 775,5 millions $
- Qatar – 618,5 millions $
- Koweït – 547,7 millions $
- Bahreïn – 305,9 millions $
- Maroc – 151,4 millions $
- Liban – 51,2 millions $
Le classement confirme la prédominance des pays du Golfe, mais aussi la percée notable du Maroc, désormais devant plusieurs pays historiquement plus présents.
Le Maroc parmi les nouveaux entrants dynamiques
Le Maroc figure parmi les pays arabes ayant renforcé leur présence sur le marché égyptien cette année, avec un montant total d’investissements de 151,4 millions de dollars. Ce chiffre, bien que modeste comparé aux poids lourds du Golfe, marque une progression stratégique et une volonté de diversification des destinations d’investissement marocaines. Cette position dans le top 10 arabe reflète également un intérêt croissant pour les opportunités offertes par le marché égyptien, notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire, de la finance, des télécoms et des infrastructures.
Vers un renforcement de l’axe Rabat–Le Caire
La montée du Maroc parmi les premiers investisseurs arabes en Égypte pourrait marquer le début d’un renouveau dans les relations économiques bilatérales, avec à la clé des projets conjoints, des co-investissements africains et une coopération accrue entre les agences de développement des deux pays. À travers cette dynamique, le Maroc confirme son intérêt croissant pour les marchés d’Afrique et du Moyen-Orient, dans une logique d’expansion régionale portée par des groupes bancaires, des industriels et des investisseurs institutionnels.
Le commerce Maroc–Égypte s’intensifie mais reste déséquilibré
Entre 2021 et 2024, les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Égypte ont fortement progressé, illustrant un approfondissement des relations économiques bilatérales. Cependant, la structure des échanges reste déséquilibrée au détriment du Maroc, avec un déficit commercial croissant, tiré par des importations en forte hausse et des exportations peu dynamiques.
Les importations marocaines explosent : +91 %
Les importations du Maroc en provenance d’Égypte ont presque doublé entre 2021 et 2024, passant de 7,37 milliards de dirhams à 12,57 milliards de dirhams. Les postes les plus dynamiques sont :
- Demi-produits : de 2,08 Mds DHS à 4,43 Mds DHS (+112 %)
- Produits alimentaires et boissons : de 1,12 Mds DHS à 2,39 Mds DHS (+114 %)
- Produits finis de consommation : de 2,18 Mds DHS à 2,97 Mds DHS (+36 %)
- Produits bruts d’origine animale et végétale : +53 %
Des exportations marocaines modestes, en légère hausse
Les exportations marocaines vers l’Égypte ont augmenté de manière plus contenue, passant de 751,3 millions DHS en 2021 à 754,9 millions DHS en 2024, soit à peine +0,5 %. Quelques évolutions notables :
- Exportations de produits finis d’équipement industriel : x9, passant de 14,6 M DHS à 130,6 M DHS
- Stagnation des exportations agroalimentaires : autour de 230 M DHS
- Baisse des produits finis de consommation : de 401 M DHS à 236,7 M DHS (−41 %)
Balance commerciale 2024 : un déficit massif de 11,8 milliards DHS
Année | Exportations FAB | Importations CAF | Solde commercial |
---|---|---|---|
2021 | 751,3 millions DHS | 7,37 milliards DHS | −6,62 milliards DHS |
2024 | 754,9 millions DHS | 12,57 milliards DHS | −11,82 milliards DHS |
Le déficit commercial du Maroc vis-à-vis de l’Égypte a ainsi presque doublé en trois ans.
La montée en puissance des exportations industrielles (+796 % dans les équipements) est un signe positif, mais encore insuffisant pour inverser la tendance. Le Maroc dépend largement des importations égyptiennes dans les domaines industriels, alimentaires et intermédiaires. Ses exportations restent concentrées sur quelques postes, avec faible valeur ajoutée globale. SA
