La France reste la première terre européenne d’investissements étrangers en 2024

La France a gardé en 2024 la première place européenne des investissements étrangers pour la sixième année consécutive, mais souffre des mesures décidées avant l’arrivée de Donald Trump pour renforcer l’attractivité des États-Unis, a dévoilé le cabinet de conseil EY, mercredi.
Avec 1 025 projets d’investissements annoncés par les entreprises étrangères l’an dernier, la France demeure devant le Royaume-Uni qui a attiré 853 annonces de projets d’investissements, et l’Allemagne qui en a enregistré 608, détaille EY dans son «baromètre de l’attractivité de la France 2025».
Selon les données du EY European Investment Monitor 2025, la France a enregistré 1 025 projets d’IDE en 2024, en baisse de 14 % par rapport à 2023. Cette contraction s’inscrit dans un contexte économique mondial encore marqué par les incertitudes géopolitiques, la remontée des taux d’intérêt et les ajustements post-Covid dans les chaînes de valeur.
Mais au-delà de ce recul général, l’analyse sectorielle révèle des tendances différenciées et met en lumière les poches de résilience – voire d’opportunité – pour les acteurs économiques.
Repli des secteurs historiques, bascule des moteurs de croissance
Deux des trois secteurs traditionnellement les plus attractifs – le numérique (logiciels et services IT) et les constructeurs de moyens de transport – figurent encore parmi les plus investis, avec respectivement 129 et 89 projets. Cependant, tous deux sont en baisse : -4 % pour les technologies et -30 % pour le transport, ce dernier étant particulièrement affecté par la baisse de la demande en Europe et les retards liés à la transition vers la mobilité décarbonée.
À l’inverse, les services aux entreprises se maintiennent (90 projets, stable), témoignant d’un besoin croissant en externalisation, conseil et ingénierie, notamment dans les domaines de la transformation digitale et des nouvelles réglementations ESG.
Transport-logistique : la surprise de l’année en termes d’emplois
Alors que les projets liés à la logistique baissent légèrement en volume (-11 %, à 81 projets), le secteur devient le premier créateur d’emplois en France avec 3 638 postes (+13 %). Cette dynamique reflète l’essor de la distribution omnicanale, la relocalisation partielle des stocks et la recherche d’agilité dans les chaînes d’approvisionnement.
Autre signal fort : l’énergie attire davantage de projets (+14 %) et d’emplois (+45 %), confirmant l’effet d’entraînement des politiques de transition énergétique et des plans d’investissement européens.
Croissance remarquable dans la construction, regain d’intérêt pour l’agroalimentaire et la distribution
Le secteur de la construction enregistre 66 projets (+43 %) et 1 495 emplois créés (+18 %). Cette envolée pourrait s’expliquer par les projets d’infrastructure liés aux transitions écologiques et à la décarbonation des bâtiments. De même, l’agroalimentaire se distingue avec 68 projets (+11 %) et 2 065 emplois (+21 %), porté par la relocalisation des filières et les investissements dans l’innovation alimentaire.
Le commerce et la distribution, souvent plus discret dans les IDE, signe un retour remarqué avec 1 314 emplois créés (+49 %), signalant un regain d’attractivité du marché français sur le retail, le e-commerce et la logistique du dernier kilomètre.
Repli marqué dans l’électronique, les équipements industriels et l’automobile
À l’opposé, plusieurs secteurs clés affichent des reculs préoccupants :
- Électronique : -21 % en projets, -10 % en emplois
- Équipements industriels : -25 % en projets, -46 % en emplois
- Construction de moyens de transport : -30 % en projets, -57 % en emplois
Ces baisses traduisent les tensions sur les chaînes d’approvisionnement, la volatilité des marchés mondiaux et, pour certains segments, la fin de cycles d’investissement majeurs.
Si le ralentissement global des IDE en France en 2024 est indéniable, la qualité sectorielle et la nature des projets évoluent. Les investisseurs se repositionnent vers des secteurs porteurs : énergie, logistique, agroalimentaire, construction, en ligne avec les grands défis du moment – durabilité, souveraineté industrielle et transition digitale.
Pour les acteurs économiques et institutionnels français, l’enjeu n’est plus uniquement quantitatif, mais structurel : renforcer les écosystèmes industriels d’avenir, accélérer la transformation des chaînes de valeur, et capter les investissements stratégiques à forte valeur ajoutée.