
Après deux années de ralentissement, le secteur cimentier marocain affiche des signes tangibles de reprise. En avril 2025, les ventes nationales de ciment ont atteint 1 145 240 tonnes, enregistrant une progression de +32 % par rapport à avril 2024 et de +60 % par rapport à avril 2023, selon les données du secteur. À fin avril, les ventes cumulées de ciment ont atteint 4,53 millions de tonnes, en hausse de 10,3 % par rapport à la même période en 2024.
Cette performance permet au marché de rattraper partiellement le terrain perdu durant les années marquées par la crise sanitaire. Ce regain d’activité traduit une relance des chantiers publics, la reprise progressive de l’investissement privé, et une certaine stabilisation des coûts des matériaux après les fortes hausses observées en 2022 et 2023. Le secteur bénéficie également d’un effet de base favorable, les années précédentes ayant été particulièrement faibles.
Cependant, malgré cette dynamique encourageante, les ventes restent inférieures de 7,9 % à celles d’avril 2019, où elles s’élevaient à 1,24 million de tonnes. Sur les quatre premiers mois, le secteur ne retrouve toujours pas son niveau d’avant-crise, restant à -6 % du cumul atteint à fin avril 2019 (4,82 millions de tonnes).
Le redressement du marché du ciment repose de plus en plus sur des segments institutionnels et professionnels, alors que la demande individuelle et informelle peine à se redresser.
La dynamique reste contrastée selon les segments
Cette évolution globale masque des dynamiques très contrastées selon les segments d’activité.
🔸 Distribution, principal débouché du ciment, reste en retrait à 2,5 millions de tonnes, contre 3,13 millions en 2019 (-20 %). Cette baisse reflète une contraction du marché de la construction individuelle, impacté par le repli du pouvoir d’achat et le resserrement du crédit.
🔸 Le béton prêt à l’emploi (BPE) connaît à l’inverse une croissance remarquable, passant de 832 721 tonnes à 1,09 million de tonnes en six ans, soit une hausse de 31 %. Cela témoigne d’un essor de la construction structurée et professionnelle, notamment dans les zones urbaines.
🔸 Le préfabrication (PREFA) poursuit aussi sa montée progressive avec 479 467 tonnes livrées, contre 423 906 tonnes en 2019 (+13 %), traduisant une industrialisation accrue du secteur.
🔸 Le segment bâtiment enregistre un net recul à 134 677 tonnes, contre 274 436 tonnes en 2019 (-51 %), pénalisé par la baisse de l’activité immobilière résidentielle et de bureaux.
🔸 Les infrastructures font figure de moteur de la reprise, avec un quasi-doublement des volumes, passant de 158 872 tonnes à 302 719 tonnes (+90 %), grâce à la relance de projets publics et au lancement de nouveaux chantiers structurants.
Le redressement du marché du ciment repose de plus en plus sur des segments institutionnels et professionnels, alors que la demande individuelle et informelle peine à se redresser. Une tendance qui reflète la transformation du tissu constructif marocain et le rôle moteur de la commande publique.
Par ailleurs, Des fragilités subsistent, notamment liées à la pression sur le pouvoir d’achat, au ralentissement du marché immobilier, au durcissement des conditions de crédit bancaire, ainsi qu’aux incertitudes budgétaires pesant sur les appels d’offres publics.
Conclusion : Si la tendance actuelle se poursuit, le volume annuel de 2025 pourrait franchir la barre des 13 millions de tonnes, contre environ 12 millions en 2024. Ce scénario reste néanmoins conditionné au maintien de la commande publique et à la capacité du secteur privé à financer ses projets.
