
Pétrole en baisse : le Maroc aux portes d’un soulagement budgétaire. Selon les analystes, la chute des prix du pétrole, alimentée par l’escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, pourrait apporter un soulagement bienvenu à la balance commerciale du Maroc.
Le Brent a atteint lundi son plus bas niveau depuis février 2021, porté par la décision de l’OPEP+ prise ce week-end d’accélérer la production pétrolière pour le deuxième mois consécutif. Les contrats à terme sur le Brent ont augmenté de 1,67 dollar, soit 2,8 %, à 61,90 dollars le baril à 9h27 GMT mardi, marquant leur première hausse après six baisses consécutives. Le brut américain West Texas Intermediate a quant à lui gagné 1,61 dollar, soit 2,8 %, à 58,74 dollars le baril.

Suite à la décision de l’OPEP+, Barclays a réduit ses prévisions pour le Brent de 4 dollars, le portant à 66 dollars le baril pour 2025 et de 2 dollars, le portant à 60 dollars pour 2026, tandis qu’ING table sur un prix moyen de 65 dollars cette année, contre 70 dollars précédemment. Goldman Sachs a également abaissé ses prévisions lundi et table désormais sur un prix moyen du Brent de 60 dollars le baril pour le reste de l’année 2025 et de 56 dollars en 2026, soit une baisse de 2 dollars par rapport à sa précédente estimation.
Le Maroc pourrait économiser plus de 20 Mds DH sur sa facture énergétique en 2025
Si les prix du pétrole se stabilisaient autour de 66 dollars le baril en 2025, soit un recul de près de 22 % par rapport à la moyenne de 2024 (85 USD), la facture énergétique du Maroc pourrait baisser significativement, toutes choses égales par ailleurs. À volumes d’importation constants (~33,9 millions de tonnes comme en 2024), avec une baisse des prix de l’ordre de 22 %, cela pourrait mécaniquement ramener la facture énergétique marocaine autour de 89 à 92 milliards de dirhams, soit un allègement potentiel de plus de 20 milliards de dirhams par rapport à 2024, selon cet analyste.
Le Maroc profite du reflux des prix mondiaux pour contenir sa facture
Entre 2021 et 2024, la facture énergétique du Maroc a fortement fluctué, en lien direct avec les variations du prix du baril de pétrole. En 2021, le Royaume a importé près de 24,7 millions de tonnes de produits énergétiques pour une valeur de 75,8 milliards de dirhams, avec un baril de Brent autour de 71 dollars. L’année suivante, en 2022, la flambée des cours internationaux à 101 dollars le baril, dans le contexte de la guerre en Ukraine, a fait exploser la facture à plus de 153,5 milliards de dirhams, malgré une hausse modérée des volumes importés (+6,9 %).
En 2023, bien que le Maroc ait accru ses importations à 33,3 millions de tonnes (+26,1 %), la baisse du prix du baril à 82,5 dollars a permis de réduire la facture à 122 milliards de dirhams. Cette tendance s’est poursuivie en 2024 avec un volume quasi stable (33,9 millions de tonnes) et un baril à 85 dollars, pour une facture énergétique de 114 milliards de dirhams. En deux ans, le Royaume a ainsi réduit sa dépense énergétique de près de 40 milliards de dirhams, soulignant l’impact décisif des marchés mondiaux sur ses équilibres économiques.
Gasoils et fuel-oils : retour à l’équilibre après le choc de 2022
Entre 2021 et 2024, les importations marocaines de gasoils et fuel-oils ont connu des évolutions contrastées, à la croisée des dynamiques de volumes et de prix sur les marchés internationaux.
En 2021, le Maroc a importé près de 6,93 millions de tonnes de gasoils et fuel-oils pour une valeur de 36 milliards de dirhams. L’année suivante, en 2022, bien que les volumes aient légèrement augmenté à 7,42 millions de tonnes (+7,2 %), la flambée des cours de l’énergie a fait grimper la facture à plus de 76,3 milliards de dirhams, soit une hausse spectaculaire de 112 %.
En 2023, les quantités ont légèrement reculé à 6,91 millions de tonnes, mais l’allègement des prix sur le marché mondial a permis de ramener la facture à 58,2 milliards de dirhams (–23,8 %). En 2024, les importations repartent à la hausse pour atteindre 7,66 millions de tonnes (+10,8 %), tandis que la facture s’établit à 57 milliards de dirhams, en léger recul de 2 % par rapport à l’année précédente.
La facture énergétique du Maroc en 2024 représente 14,9% des importations, contre 14,3% en 2021.
Analyse des tendances (2018–2022) :
- Volumes relativement stables :
- Les importations oscillent entre 6,2 et 7,4 millions de tonnes,
- Le plus bas volume est observé en 2020 (6,219 Mt), sans doute lié à la baisse de l’activité due à la pandémie,
- Le plus haut est atteint en 2022 (7,422 Mt), dans un contexte post-COVID de reprise.
- Prix très volatils :
- En 2020, le prix atteint un creux (environ 6.000 DH/tonne),
- En 2022, explosion des prix à près de 11.000 DH/tonne, soit une hausse de plus de 75 % par rapport à 2021,
- Ce pic coïncide avec les tensions géopolitiques (guerre en Ukraine, instabilité des marchés pétroliers).
- 2022, une année exceptionnelle :
- Double record : hausse marquée des volumes et flambée des prix,
- Cela explique l’explosion de la facture énergétique du Maroc cette année-là, comme confirmé dans les données précédentes.

Le graphique illustre clairement comment les volumes restent relativement maîtrisés, mais les variations des prix mondiaux du pétrole pèsent lourdement sur la facture énergétique. L’année 2022 marque une anomalie haussière qu’il faut lire à la lumière du contexte international.
Cette évolution témoigne d’une dépendance persistante aux carburants importés, mais aussi d’un certain rééquilibrage des prix après les tensions extrêmes de 2022. Si la tendance baissière des cours se confirme en 2025, la facture énergétique pourrait s’alléger davantage, offrant un répit aux équilibres macroéconomiques du pays. (Avec IA)
