Recul surprise du PIB des États-Unis au début du mandat de Trump

L’activité économique aux États-Unis a reculé lors des trois premiers mois de l’année, couvrant le début du second mandat du milliardaire.
En rythme annualisé, mesure privilégiée par les États-Unis, le produit intérieur brut (PIB) ressort en recul de 0,3% au premier trimestre en raison d’un bond des importations, selon les données publiées mercredi par le ministère du Commerce. Cela représente un recul de 0,1% par rapport au trimestre précédent.
Ce résultat est nettement inférieur aux attentes de la majorité des analystes qui anticipaient toutefois un sérieux coup de frein (+0,4%) pour la première économie mondiale.
Les Bourses mondiales s’interrogent sur le PIB américain
Les Bourses européennes et américaines prennent des directions opposées mercredi: celles du Vieux Continent sont portées par la croissance meilleure qu’attendu de la région, tandis que les autres s’inquiètent d’un PIB américain en repli au premier trimestre.
«Dans le même temps, les indicateurs de confiance des consommateurs continuent de vaciller dans un contexte marqué par le discours incohérent de Donald Trump. Cette incertitude devrait peser sur la consommation, qui a jusqu’à présent soutenu l’économie américaine», a-t-il poursuivi. «La consommation représente deux tiers de la croissance américaine», rappelle Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés à IG France.
Pour Trump, c’est la faute de Biden
Le président américain Donald Trump a affirmé, mercredi, que les mauvais chiffres publiés sur l’économie des États-Unis, dont un recul du produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre, étaient le «reliquat» de son prédécesseur, Joe Biden, et que les droits de douane qu’il a mis en place n’y étaient pour rien. Le milliardaire républicain, qui a juré de rendre les États-Unis plus riches, est confronté, mercredi, à des chiffres montrant un recul du PIB du pays au premier trimestre, alors que l’économie américaine était encore florissante, fin 2024.
En rythme annualisé, mesure privilégiée par les États-Unis, le PIB s’est contracté de 0,3%, selon les données publiées mercredi par le ministère du Commerce. Cela représente un recul de 0,1% par rapport au trimestre précédent.
Ce résultat est nettement inférieur aux attentes de la majorité des analystes qui anticipaient toutefois un sérieux coup de frein (+0,4%) pour la première économie mondiale. «Notre pays va décoller économiquement, mais d’abord, nous devons nous débarrasser du reliquat de Joe Biden», a réagi le président Donald Trump, sur sa plateforme Truth Social. «Cela va prendre un moment, ça n’a rien à voir avec les droits de douanes, c’est seulement qu’il nous a laissés avec de mauvaises statistiques», a ajouté le chef de l’État, en enjoignant ses concitoyens à «être patients!!!»
Les marchés financiers ont accusé le coup. Les Bourses européennes ont basculé dans le rouge, après la publication du PIB américain. Et Wall Street a ouvert en nette baisse.
Hausse des importations due aux droits de douane
Le recul du PIB au premier trimestre découle en grande partie d’une règle arithmétique, qui fait que les importations se soustraient dans son calcul. Or, les achats à l’étranger ont bondi au début de l’année, résultat selon les experts de la volonté des entreprises de prendre de vitesse l’imposition de nouveaux droits de douane et profiter des conditions antérieures au remodelage au forceps de l’économie initié par Donald Trump.
«La baisse du PIB au premier trimestre reflète en premier lieu une hausse des importations (…) ainsi qu’une baisse des dépenses de l’État fédéral», est-il souligné dans le rapport officiel. Le gouvernement Trump s’est aussi lancé dans des coupes claires dans les dépenses publiques.
L’économie américaine faisait auparavant plus que ronronner, avec une croissance de 2,4% au dernier trimestre 2024 (en rythme annualisé), du plein emploi et une inflation en passe d’être maîtrisée. D’après une autre publication mercredi matin, les créations d’emploi dans le secteur privé américain ont fortement ralenti en avril, s’affichant en dessous des attentes.
Attente des chiffres de la consommation
Un autre indicateur est attendu dans la matinée aux États-Unis, le PCE, indice qui sert à la fois de jauge d’inflation et de consommation. Ces données sont publiées alors que le locataire de la Maison-Blanche célèbre les 100 premiers jours de son second mandat entamé le 20 janvier.
«Je considère d’ordinaire que l’impact des présidents sur la performance économique est surévalué, surtout pendant les 100 premiers jours du mandat», avait déclaré à l’AFP avant la publication du PIB, Tara Sinclair, professeure d’économie à l’université George Washington. «Mais cette fois, avait-elle ajouté, c’est différent, parce que le bond des importations découle directement d’une stratégie d’évitement par les acheteurs des droits de douane du président.»
«Le risque, c’est qu’on ne fabrique pas davantage aux États-Unis, et qu’on perde dans le même temps la capacité d’acheter bon marché à l’étranger», avait remarqué Tara Sinclair.
(afp/rk)