Maurice : 3 mois successifs de décroissance dans le secteur touristique

Alors que la région enregistre une dynamique touristique positive, Maurice fait face à une préoccupante série de baisses consécutives des arrivées touristiques. Les professionnels du secteur sont inquiets.Pour le troisième mois consécutif (janvier, février et mars) de cette année, les arrivées sont en berne, accentuant les craintes d’une crise durable dans ce secteur clé de l’économie. Selon les données diffusées par l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM) parmi ses membres, le premier trimestre 2025 affiche une chute globale de 5,8 % par rapport à l’année précédente.
En chiffres, ce sont 326 389 touristes qui ont visité Maurice entre janvier et mars 2025, contre 346 562 durant la même période en 2024. Le mois de mars n’échappe pas à la tendance, avec 113 472 arrivées contre 117 991 en mars 2024, soit une baisse de 3,8 %. Une situation préoccupante pour les opérateurs touristiques, qui ne comprennent pas lesilence radio des autorités dans la conjoncture.
« La mayonnaise ne prend pas. Déjà sous pression avec l’enquête de la Financial Crimes Commission, la Mauritius Tourism Promotion Authority ne doit surtout pas oublier ses responsabilités et doit réagir de toute urgence. Si rien n’est fait, c’est une catastrophe qui s’annonce, alors que le pays a désespérément besoin de devises étrangères », fait-on comprendre dans les milieux touristiques concernés.
L’analyse des chiffres révèle une baisse généralisée dans plusieurs marchés clés pour le développement de l’industrie touristique locale. Le Royaume-Uni enregistre 11 335 arrivées en mars 2025, contre 13 029 en mars 2024. L’Allemagne suit le même chemin, avec seulement 9 667 touristes en mars, contre 12 421 en 2024. L’Afrique du Sud est également en repli, passant de 9 519 à 8 503 arrivées. Quant au marché suisse, il connaît l’un des reculs les plus marqués : 2 286 arrivées en mars 2025, contre 3 401 l’année précédente.
Ce qui accentue le malaise au sein de la communauté touristique locale, demeure que les concurrents sur le plan régional affichent une santé éclatante. Les Maldives ont enregistré 203 464 arrivées en mars 2025, contre 194 227 en mars 2024, soit une croissance de 4,8 %. Les Seychelles font encore mieux avec une progression de 8,8 %, tandis que le Sri Lanka affiche une progression impressionnante de 9,6 % (229 298 arrivées contre 209 181 en mars 2024)
Ce contraste met en lumière les problèmes mauriciens. Alors que les destinations voisines parviennent à séduire davantage de touristes, Maurice recule et perd en attractivité. Manque de promotion ciblée ? Offres inadaptées ? Problèmes structurels dans le secteur ? Autant de questions posées, sans réponse claire de la part des autorités.
Au-delà de la seule industrie touristique, cette baisse prolongée représente une menace réelle pour l’économie dans son ensemble. Le tourisme constitue une source majeure de devises étrangères. Une contraction prolongée du secteur pourrait, à terme, avoir des effets en cascade sur plusieurs pans de l’économie : emplois directs et indirects, balance des paiements, consommation, investissements hôteliers et restauration.
« Il y a un effet domino à anticiper. Une baisse de fréquentation touristique signifie aussi une réduction des revenus pour les opérateurs et une menace sur l’emploi si une telle situation perdure. Ce que personne ne souhaite évidemment. Il faut vite renverser la vapeur », fait-on comprendre de manière impatiente.
En parallèle, l’environnement mondial reste concurrentiel, avec des destinations investissant massivement dans le numérique, la durabilité et l’expérience client. Le pays doit impérativement réajuster sa stratégie s’il veut rester dans la course. Pire, la période actuelle coïncide avec l’entrée dans la basse saison touristique, ce qui ne fait qu’accroître les inquiétudes.
Sans un sursaut rapide des politiques de promotion, le risque est grand de voir cette spirale négative se prolonger. « Ce n’est plus le moment de tergiverser, il faut agir et redéfinir notre stratégie touristique », prévient un hôtelier. « Il devient urgent pour les autorités de poser un diagnostic clair et de proposer une feuille de route sérieuse pour redynamiser le secteur. » (lemauricien)