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Sous-marins militaires: Les cartes à jouer du Maroc

La Marine royale marocaine a lancé un processus d’acquisition pour se doter de deux sous-marins militaires, suscitant une compétition entre les grands chantiers navals européens. Selon le site Internet « Military Africa », France et l’Allemagne sont en tête de la course pour remporter le contrat, avec la participation active de Naval Group et de ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS), tous deux prêts à proposer leurs plateformes les plus avancées pour répondre aux besoins stratégiques de Rabat.

Le groupe français Naval Group a proposé au Maroc l’achat de deux sous-marins de classe Scorpène, soulignant les capacités de furtivité et la grande autonomie du modèle. L’entreprise a souligné la flexibilité de la conception du Scorpène, qui peut être adaptée aux besoins opérationnels spécifiques de la Marine marocaine, y compris les innovations technologiques telles que les batteries lithium-ion, qui peuvent améliorer l’autonomie et les capacités opérationnelles du sous-marin. Le modèle proposé intègre également un système de combat entièrement développé en France et un système de contrôle centralisé automatisé qui assure une grande sécurité lors des plongées avec un équipage réduit, le rendant particulièrement adapté aux opérations dans les eaux côtières.

Naval Group entretient depuis longtemps des relations avec les Forces armées royales marocaines (FAR) et est en pourparlers avec les autorités de Rabat depuis 2021 pour la fourniture de sous-marins. L’entreprise française a déjà livré une frégate multimissions au Maroc en 2014 et s’est imposée en 2022 comme le principal candidat à la gestion du futur chantier naval de Casablanca, consolidant ainsi sa position dans le secteur de la défense marocain. L’entreprise allemande Tkms, principal concurrent de Naval Group, a quant à elle proposé deux alternatives : le sous-marin HDW Dolphin avec système de propulsion indépendante de l’air (AIP) et le modèle HDW 209/1400mod.

Le Dolphin, considéré comme un sous-marin hautement efficace, est équipé d’un système de pile à combustible avancé qui augmente sa capacité à fonctionner en immersion pendant de longues périodes. La plateforme intègre également un système de combat sophistiqué et un système de livraison d’armes polyvalent, capable d’utiliser des torpilles, des missiles et des mines. Le modèle HDW 209/1400mod, bien qu’ancien, reste une option fiable et a déjà été largement testé par plusieurs marines.

Outre les deux géants européens, d’autres nations ont avancé des propositions pour fournir des sous-marins au Maroc. La Russie promeut la vente de l’Amur 1650, un sous-marin diesel-électrique de quatrième génération, qui avait déjà été proposé à Rabat en 2013 mais jamais acheté. La Grèce et le Portugal ont également soumis des offres pour vendre des sous-marins d’occasion, offrant une alternative moins chère aux modèles de dernière génération. Le Maroc a évalué les propositions dans le contexte de la concurrence technologique croissante entre les fabricants de sous-marins, en accordant une attention particulière à la compatibilité avec les infrastructures déjà utilisées par la Marine royale.

L’acquisition de sous-marins par le Maroc s’inscrit dans le cadre d’un plan à long terme visant à renforcer les capacités navales du pays, dans un contexte régional caractérisé par de fortes rivalités stratégiques. Comme le rapporte le journal espagnol « El Confidencial Digital », l’achat de sous-marins est une priorité pour la Marine royale marocaine, qui a tenté à plusieurs reprises dans le passé de s’équiper de tels moyens sans succès. La poussée actuelle des achats est principalement dictée par la concurrence avec l’Algérie, principal rival de Rabat dans la région du Maghreb.

La marine algérienne dispose depuis des décennies d’une flotte de sous-marins de pointe, comprenant des navires de classe Kilo tels que le Messali el Hadj et l’Akram Pacha. Ces sous-marins, appartenant aux projets 877EKM et Kilo 636, sont équipés de missiles anti-navires Klub-S (Kalibr) et d’un système de rechargement rapide des torpilles, capable de réduire le temps de réarmement à seulement 15 secondes. L’Algérie est également devenue la première nation arabe à lancer des missiles de croisière depuis un sous-marin contre des cibles terrestres, démontrant ainsi ses capacités opérationnelles avancées grâce à des exercices de tir réel.

Le choix final du Maroc aura des implications stratégiques importantes. L’acquisition de sous-marins avancés tels que le Scorpène, le Dauphin ou l’Amur 1650 permettrait à la Marine royale marocaine de renforcer sa capacité à défendre les intérêts maritimes du pays. En outre, cette décision pourrait déterminer l’avenir des relations industrielles et militaires de Rabat avec les principaux acteurs mondiaux de la défense, rapporté agenzianova. Une commande en faveur de Naval Group consoliderait davantage le rôle de la France dans le secteur naval marocain, notamment dans la perspective de la future gestion du chantier naval de Casablanca. Un accord avec l’Allemagne ou la Russie permettrait en revanche au Maroc de diversifier ses alliances stratégiques, réduisant ainsi sa dépendance vis-à-vis des fournisseurs traditionnels.

Parallèlement au plan d’acquisition de sous-marins, la Marine royale marocaine a annoncé son intention d’acquérir au moins deux nouveaux avions de lutte anti-sous-marine et de patrouille maritime en 2022, dans le but d’améliorer la protection de la zone économique exclusive du Maroc, qui s’étend sur 81 2.952 milles nautiques carrés. Avec un littoral de 72 kilomètres et une position stratégique surplombant le détroit de Gibraltar aux côtés de l’Espagne et du Royaume-Uni, le Maroc entend développer une capacité maritime plus forte pour équilibrer la présence sous-marine croissante de l’Algérie. Selon « Military Africa », concernant le choix de l’avion de patrouille, Rabat évalue deux options : l’ATR 295 MPA produit par la société italienne Leonardo et l’Airbus C-XNUMX MPA.

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