Airbus a vu son bénéfice net bondir à 4,2 milliards d’euros en 2024

Malgré une année «éprouvante» marquée par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, le géant européen Airbus s’est affiché en 2024 en bien meilleure forme que son concurrent américain Boeing. Airbus a vu son bénéfice net bondir de 12% à 4,2 milliards d’euros l’an dernier grâce à la forte demande pour les avions, une performance proche de celle, record, de 2022. Pour 2025, l’avionneur envisage de livrer 820 avions commerciaux contre 766 l’an dernier en partant du principe qu’il n’y aura «pas de nouvelles perturbations du commerce mondial» ni «de la chaîne d’approvisionnement».
Le chiffre d’affaire a progressé l’an dernier de 6% à 69,2 milliards d’euros. Les commandes nettes se sont élevées à 826 avions contre 2094 en 2023, portant le carnet de commandes à 8658 avions commerciaux fin 2024. Airbus Helicopters a enregistré 450 commandes nettes contre 393 en 2023, illustrant la forte demande pour ces appareils.
Verre à moitié vide
Sa situation contraste avec celle de Boeing, lourdement dans le rouge en 2024 à cause de problèmes de qualité de sa production et d’une grève de plus de cinquante jours qui a paralysé deux usines cruciales. L’avionneur américain a enregistré une perte nette de 11,82 milliards de dollars, sa plus importante depuis 2020, quand le groupe subissait les conséquences de deux crashes du 737 MAX ayant fait 346 morts et la chute du trafic aérien liée à la pandémie. Boeing n’a livré que 348 avions en 2024, au plus bas depuis 2021.
L’an dernier, deux tiers des avions qui ont été vendus dans le monde était ceux d’Airbus alors que les deux géants se partageaient jusqu’à présent le marché à peu près à 50/50. Selon les prévisions du cabinet de conseil en stratégie Roland Berger communiquées à l’AFP, sur les avions moyens courrier, Airbus aura en 2030 58% du marché contre 39% pour Boeing et 3% pour le chinois Comac si l’américain ne connaît pas de nouvelles crises.
Mais les difficultés du Boeing n’ont pas que du positif pour Airbus, les deux avionneurs ayant beaucoup de fournisseurs en commun comme l’équipementier français Latecoere ou l’américain Spirit AeroSystems qui ont été fragilisés par la crise de Boeing et ont par conséquent du mal à suivre les commandes d’Airbus. Airbus a dû pallier en comblant la trésorerie de Latecoere qui fournit des fuselages et des portes d’avion et en acquérant certaines installation de Spirit AeroSystems liées à la production des sections de fuselage et des ailes.
Incertitudes pour un avion militaire
Le secteur des satellites de télécommunication souffre toujours: Airbus a inscrit une nouvelle charge de 300 millions d’euros pour ses activités spatiales au quatrième trimestre 2024, portant à 2 milliards les provisions en deux ans. Face à une baisse de demande de satellites de télécommunication qui lestait ses performances financières, Airbus avait annoncé en octobre 2500 suppressions d’emplois dans sa division Defense and Space, un chiffre revu à la baisse en décembre à 2043 suppressions.
L’autre bémol concerne les incertitudes qui pèsent sur le programme A400M, avion de transport militaire polyvalent. Une charge nette de 121 millions d’euros a été enregistrée en 2024, reflétant les risques dans le plan de production. Faute de commandes, Airbus pourrait décider dans les mois à venir d’arrêter ce programme dès 2028, met en garde un connaisseur de secteur. «Ce serait un échec pour l’Europe de la défense et pour Airbus aussi», souligne cet expert en espérant que le contexte du rapprochement entre Trump et Poutine puisse faire bouger les lignes.
(afp)