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Le Prix Nobel Stiglitz veut contrer la politique «dysfonctionnelle» de Trump

Le Prix Nobel d’économie américain Joseph Stiglitz a plaidé jeudi au Vatican pour que les pays répliquent aux mesures de l’administration «dysfonctionnelle» du président Donald Trump en imposant des droits de douane et en taxant les multinationales américaines.

L’économiste américain s’exprimait lors d’une conférence sur la réforme de l’impôt sur les sociétés qui s’est tenue au Vatican, au cours de laquelle sont aussi intervenus le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.

«Nous avons maintenant le président des États-Unis qui dit que la corruption est acceptable»

Joseph Stiglitz

«Nous devons réfléchir à des moyens de répondre de manière créative au gouvernement dysfonctionnel des États-Unis», a déclaré M. Stiglitz, qui défend depuis longtemps la réforme de fiscalité internationale pour que les multinationales paient leur juste part. Pour lui, la décision de Trump cette semaine de geler l’application d’une législation anticorruption est symbolique des «flux illicites» à travers les frontières, dus à la corruption.

«Nous avons maintenant le président des États-Unis qui dit que la corruption est acceptable. « Ça va être génial pour les entreprises américaines », a-t-il dit», a déploré M. Stiglitz. Lundi, M. Trump a ordonné au Ministère de la justice de geler l’application du Foreign Corrupt Practices Act, une loi interdisant aux entreprises américaines de soudoyer des responsables gouvernementaux étrangers pour obtenir des contrats.

«Droits compensateurs»

M. Stiglitz estime que la communauté internationale devrait étendre son utilisation des «droits compensateurs», c’est-à-dire des droits imposés par un pays pour contrer les subventions d’un autre, «pour faire passer ce message: si vous permettez la corruption, c’est une subvention pour vos entreprises». «Si vous ne faites rien contre le changement climatique, c’est une subvention, et ces pays qui n’affrontent pas le changement climatique feront face à une taxe supplémentaire», a-t-il ajouté.

«Si les États-Unis démantèlent leur programme USAID, causant d’énormes souffrances dans le monde entier sans aucun préavis, violant les droits de l’homme de manière fondamentale, le reste du monde devrait dire: « Eh bien, nous allons taxer vos multinationales pour obtenir les revenus nécessaires pour maintenir USAID »», a-t-il ajouté.

Lutte contre les paradis fiscaux

M. Stiglitz est le coprésident de la Commission indépendante pour la réforme de la fiscalité internationale des sociétés (ICRICT), une organisation luttant contre les paradis fiscaux ayant initié la réunion de jeudi. En novembre, les dirigeants du G20 ont convenu à Rio de Janeiro de coopérer pour que les milliardaires du monde entier paient plus d’impôts. Mais les négociations au niveau international sur ces thématiques sont actuellement à l’arrêt.

Donald Trump a retiré les États-Unis de l’accord fiscal international de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), signé par près de 140 pays, qui impose une taxe minimale de 15% sur les bénéfices des sociétés.

(afp/mc)

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