L’Espagne exhorte l’UE à doubler son budget
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Le retour au pouvoir du président américain Donald Trump appelle à « un budget européen plus ambitieux et plus audacieux » d’« au moins » 2 % du PIB annuel, a déclaré lundi le gouvernement de Pedro Sánchez dans un communiqué.
La coalition gouvernementale de Pedro Sánchez, composée du Partido Socialista Obrero Español (PSOE) et de la plateforme de gauche Sumar, a rédigé un document stratégique exhortant l’Union européenne (UE) à multiplier au moins par deux son budget. L’objectif est de mieux faire face, entre autres, à la « guerre commerciale » de Donald Trump, ainsi qu’aux défis qu’il lance en matière de défense.
Plus précisément, le Premier ministre espagnol souhaite que l’UE augmente ses dépenses « d’au moins 2 % du PIB par an », selon RTVE et El País.
Le budget total de l’UE s’élève actuellement à 1.200 billion d’euros, ce qui, sur une base annuelle, correspond à moins d’un pour cent de sa production économique totale. Selon « Politico », l’Espagne propose également de reporter le remboursement de la dette de 300 milliards d’euros de l’UE pour tenter d’améliorer sa trésorerie.
Selon les médias espagnols, Pedro Sánchez pourrait bientôt présenter sa « boussole européenne » à l’exécutif de l’UE et à ses partenaires à Bruxelles.
L’objectif de Madrid est de renforcer la résilience européenne face aux mesures sévères annoncées par le président américain, qui prévoient, entre autres, des droits de douane de 25 % sur toutes les importations d’acier et d’aluminium, ce qui affecte également le secteur dans l’UE.
Un autre objectif de l’Espagne est d’accroître la compétitivité de l’UE vis-à-vis de la Chine et des États-Unis, afin de mieux relever le défi des transitions écologique et numérique.
« La sécurité et la défense, mais aussi la lutte contre le changement climatique, les interconnexions énergétiques, le développement technologique et les programmes scientifiques sont des enjeux européens et, à ce titre, nécessitent un financement européen. Les rapports de [Mario] Draghi et [Enrico] Letta ont déjà pointé dans cette direction », peut-on lire dans le communiqué.
Le rapport Draghi, présenté en septembre dernier par l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, avertit que l’UE devra augmenter considérablement ses investissements pour numériser et décarboner l’économie, ainsi qu’accroître sa capacité de défense à 800 milliards d’euros par an si elle veut rester compétitive face à Washington et Pékin.
D’autre part, Madrid souligne qu’un autre secteur stratégique, la défense, a également besoin de plus de dépenses. Cela ne concerne pas seulement les menaces militaires directes, comme avec la guerre en Ukraine, mais aussi les nouveaux défis pour la sécurité européenne.
« La sécurité européenne ne se limite pas aux menaces militaires. Il y a aussi les cyberattaques, le changement climatique, le terrorisme et la lutte contre les mafias et le trafic de drogue. Ces aspects nécessitent d’autres types d’interventions et de ressources qui ne sont pas militaires », souligne le gouvernement de Pedro Sánchez.
L’Espagne consacre actuellement 1,8 % de son PIB à la défense et s’est engagée à atteindre 2 % d’ici 2029. Cependant, cela est encore loin des 5 % que Donald Trump exige des alliés de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
Financement conjoint de la dette
Pour atteindre les objectifs proposés dans le document, l’Espagne suggère la création d’un « mécanisme de dette commune ». Selon le texte du communiqué, cité par les médias, Madrid demande également que la dette des fonds européens Next Generation EU soit refinancée pour 10 ans supplémentaires, afin de continuer à réaliser « des investissements majeurs ».
Le bloc européen devrait entamer prochainement les négociations sur le budget pluriannuel 2028-2034, et c’est précisément à ce moment-là que l’Espagne, dont l’économie connaît une croissance supérieure à la moyenne de la zone euro, veut exercer son influence pour augmenter la dotation financière du bloc.
La proposition de Madrid risque d’être rejetée par les pays dits « frugaux » de l’UE, notamment les Pays-Bas, l’Autriche, le Danemark et la Suède, qui ont à plusieurs reprises fait part de leur désaccord avec l’augmentation des dépenses de l’UE financées par la dette commune. À la place, ils proposent des coupes dans les politiques sociales. agences