Economie

IA: L’UE veut investir 200 milliards d’euros

L’Union européenne a fait savoir mardi lors du sommet sur l’IA de Paris qu’elle allait mobiliser 200 milliards d’euros pour des investissements dans l’intelligence artificielle en Europe. Le vice-président américain J.D. Vance a lui mis en garde contre une « régulation excessive » du secteur.

« Nous voulons que l’Europe soit l’un des principaux continents en matière d’IA », a lancé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen devant un parterre de chefs d’Etats et de patrons de la tech, rassemblés au Grand Palais dans le cadre d’une réunion internationale censée trouver un terrain d’entente sur une gouvernance mondiale de l’IA.

La dirigeante des 27 a ainsi annoncé « le plus grand partenariat public-privé dans le monde pour le développement d’une IA fiable », à savoir une alliance baptisée « EU AI Champions Initiative » regroupant plus de 60 entreprises. Y figurent de grands groupes industriels (Airbus, L’Oréal, Mercedes, Siemens…) et technologiques (Spotify, Mistral AI…).

Selon ses promoteurs, cette alliance doit permettre de « débloquer le potentiel plein et entier de l’Europe » dans l’IA, notamment en simplifiant le cadre réglementaire autour de cette nouvelle technologie.

Ursula von der Leyen conteste tout retard européen

Ursula von der Leyen a précisé que l’UE s’engagerait sur un montant de 50 milliards d’euros venant s’ajouter aux engagements de 150 milliards des grands groupes qui participent à cette alliance. Elle a souligné que l’UE entendait mettre l’accent sur les gigafactories en y consacrant un investissement de 20 milliards d’euros

« Trop souvent, j’entends dire que l’Europe est en retard dans la course, tandis que les Etats-Unis et la Chine ont déjà pris de l’avance. Je ne suis pas d’accord. Car la course à l’IA est loin d’être terminée », a aussi déclaré la présidente de la Commission européenne. « En vérité, nous n’en sommes qu’au début. Les frontières bougent constamment. Et le leadership mondial est toujours à saisir », a-t-elle estimé.

J.D. Vance met en garde contre une régulation excessive

Aussi présent à Paris, le vice-président américain J.D. Vance a pour sa part mis en garde contre les partenariats dans le secteur avec les « régimes autoritaires » et contre une « régulation excessive » de l’intelligence artificielle qui « pourrait tuer une industrie en plein essor ».

« L’Amérique veut s’associer avec vous tous » mais « nous avons besoin de régimes réglementaires internationaux qui favorisent la création de technologies d’IA au lieu de l’étouffer », a lancé J.D. Vance, avant d’ajouter: « Nous ferons tous les efforts possibles pour encourager les politiques pro-croissance en matière d’IA0. »

Les Etats-Unis sont les leaders dans l’IA et notre administration entend qu’ils le restentJ.D. Vance

La mise en place de réglementations internationales qui pourraient restreindre la marge de manoeuvre des entreprises américaines « est une terrible erreur, non seulement pour les États-Unis mais aussi pour votre propre pays », a-t-il ajouté.

Le vice-président américain, qui a fait carrière dans la Silicon Valley, a également martelé que « les Etats-Unis sont les leaders dans l’IA et notre administration entend qu’ils le restent », ajoutant que « l’IA américaine ne sera pas (utilisée) pour devenir un outil de censure ».

58 pays, sans les Etats-Unis, s’accordent pour une IA « ouverte », « inclusive » et « éthique »

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ne figurent pas parmi les 58 premiers pays signataires de la déclaration pour une intelligence artificielle « ouverte », « inclusive » et « éthique » publiée à l’issue du sommet.

Les signataires, qui incluent la Chine, la France et l’Inde (les deux co-organisateurs de l’événement), se sont aussi prononcés pour une coordination renforcée de la gouvernance de l’IA nécessitant un « dialogue mondial » et ont appelé à éviter « une concentration du marché » afin que cette technologie soit plus accessible.

« Rendre l’intelligence artificielle durable pour les populations et la planète » est aussi cité comme l’une de leurs priorités.

A cette fin, la création d’un observatoire de l’impact énergétique de l’intelligence artificielle piloté par l’Agence internationale de l’énergie a été officialisé lors du sommet, comme une coalition pour une IA durable qui entend réunir les entreprises leaders dans le secteur.

« Nous posons là les bases, à côté de l’innovation et de l’accélération, de ce qui va permettre à l’IA d’advenir et de tenir, c’est-à-dire les clés de la confiance », a commenté le président français Emmanuel Macron, en conclusion du sommet qui se tenait au Grand Palais.

Albert Rösti propose d’accueillir un sommet sur l’IA à Genève

Albert Rösti propose d’accueillir un sommet sur l’action sur l’intelligence artificielle à Genève. Cette réunion pourrait avoir lieu en 2026 ou 2027, a-t-il annoncé après avoir participé au sommet de Paris. Le Conseil fédéral doit encore en discuter.

« Quand ce sera les cas? C’est encore ouvert », a indiqué le conseiller fédéral lors d’une conférence de presse à l’ambassade de Suisse à Paris. « Il faut que nous discutions au Conseil fédéral, mais ce serait une bonne chose de positionner la Suisse avec ses hautes écoles et ses entreprises ».

Selon lui, ce sommet pourrait déjà avoir lieu en 2026. « Mais ce sera plutôt 2027 », a ajouté le chef du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication.

Pour Laurence Devillers, l’Europe peut trouver sa place entre les Etats-Unis et la Chine

Interrogée dans La Matinale, Laurence Devillers, professeure en intelligence artificielle et en informatique à la Sorbonne, estime qu’une troisième voie européenne en matière d’intelligence artificielle est non seulement possible, mais souhaitable.

Pour l’experte, le continent européen a une carte à jouer dans cette course mondiale à l’IA, car il dispose d’un « terreau propice », avec « de très bons ingénieurs, de très bons chercheurs et des entreprises qui commencent à émerger ».

L’Europe se démarque cependant par son approche réglementaire. La récente loi européenne sur l’IA impose des garde-fous, interdisant par exemple la reconnaissance faciale dans l’espace public ou la manipulation subliminale.

Laurence Devillers estime ainsi que l’Europe peut se faire une place face aux géants américains et chinois. « Ces positions extrêmes (…) où c’est l’Etat qui est le garant éthique, vont nous amener à une voie centrale qui va convenir à beaucoup de monde. » Selon elle, cette troisième voie permettra de « construire des objets plus respectueux de l’individu avec une réflexion sur leurs conséquences sociétales ». rtsinfo

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