Fraudes chez Perrier: un sénateur s’étonne de l’absence de signalement
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Le rapporteur de la commission sénatoriale sur les eaux en bouteilles s’est étonné vendredi, à l’issue d’une visite du site de Perrier à Vergèze (Gard), que « bien que Perrier ait 40 ans de fraude dans les pattes », aucun responsable du département (ARS, préfecture…) n’ait signalé les faits à la justice.
Avec trois autres membres de cette commission d’enquête créée en novembre par le Sénat, Alexandre Ouizille a passé plus de quatre heures sur un site de captage et dans l’usine d’embouteillage de Vergèze, où Perrier, propriété de Nestlé Waters, filiale du géant suisse de l’agroalimentaire Nestlé, emploie quelque 800 personnes.
« Nous arrivons sur ce point de captage et nous constatons la présence d’armoires coulissantes derrière lesquelles étaient dissimulés des systèmes illégaux faits pour tromper les services de l’Etat lorsqu’ils venaient faire des prélèvements », a expliqué le sénateur socialiste de l’Oise lors d’une conférence de presse à Nîmes, en évoquant notamment des systèmes de traitements de l’eau aux UV.
Sur ces pratiques du passé, « c’est là que Nestlé a le plus de mal à répondre », a relevé le sénateur, selon qui un avocat de l’entreprise présent lors de la visite –interdite à la presse– a refusé que les personnes présentes répondent aux questions de la commission sur ce sujet.
Une seconde question concerne les pratiques actuelles de Perrier, a relevé M. Ouizille. Selon la réglementation en vigueur, la pratique de la micro-filtration à 0,2 micron est interdite pour les eaux minérales naturelles.
Perrier défend pourtant cette pratique, affirmant qu’elle n’est pas assimilable à de la désinfection et que la réglementation française devrait évoluer.
« Mais aux yeux de la loi, aux yeux de la réglementation, aux yeux des arrêtés préfectoraux qui sont en vigueur », on ne peut pas dire que l’eau produite par Perrier correspond aux critères de l’eau minérale naturelle, a estimé Alexandre Ouizille, en réponse à la question d’un journaliste.
Ces écarts non sanctionnés à la réglementation sont-ils dus à « de l’incurie administrative ? », s’est-il demandé. Alors que responsables des agences de santé, de la préfecture et de cabinets ministériels sont au courant et que des ministres sont « informés », « personne, dans le Gard, ne fait un article 40 du code de procédure pénale », qui oblige les fonctionnaires à dénoncer les faits délictueux dont ils on connaissance, a-t-il relevé.
« Dans le Grand Est, dans les Vosges, il y a eu signalement de la part de la directrice générale de l’ARS, ça n’a pas été le cas ici », a-t-il regretté.
afp/al