DG de l’OMC: Les tarifs douaniers de type « coup pour coup » seraient « catastrophiques » pour le monde
À la réunion annuelle du Forum économique mondial qui s’est tenue du 21 au 24 janvier à Davos (Suisse), la Directrice Générale Ngozi Okonjo-Iweala a incité les dirigeants, les fonctionnaires et les représentants des milieux d’affaires du monde entier à “garder la tête froide” et à “respirer profondément” dans un contexte d’incertitudes croissantes en matière de politique commerciale. En outre, elle a participé à une réunion ministérielle informelle organisée par le gouvernement suisse à la fin de la semaine au sujet de questions relatives à l’OMC, à l’occasion de laquelle les Ministres ont témoigné “un soutien résolu à l’OMC et au système commercial fondé sur des règles”.
Le 23 janvier, la DG Okonjo-Iweala a participé à une réunion publique intitulée « Débat sur les tarifs douaniers » aux côtés de Valdis Dombrovskis, commissaire européen à l’économie et à la productivité. « Il est facile d’utiliser les tarifs douaniers, c’est un outil politique attrayant, mais j’espère que nous aurons une analyse solide de ce que cela signifie », a-t-elle déclaré. Interrogée sur les nouveaux droits de douane envisagés aux États-Unis, la Directrice générale a mis en garde contre une spirale de représailles qui pourrait avoir un impact sur l’économie mondiale, comme on l’a observé dans les années 1930, lorsque l’augmentation des droits de douane a aggravé la crise économique. « Si nous avons des représailles du type « coup pour coup » et que nous revenons au point où nous en étions dans les années 1930, nous allons assister à des pertes à deux chiffres du PIB mondial. C’est catastrophique. Tout le monde paiera, et les pays pauvres paieront encore plus », a-t-elle souligné.
La réunion annuelle du WEF s’est tenue sous le thème « Collaboration pour l’ère intelligente ». Dans ses discours et ses interactions avec des chefs d’État, des responsables gouvernementaux et des chefs d’entreprise, la DG Okonjo-Iweala a souligné l’importance de l’OMC pour l’économie mondiale et pour relever les défis mondiaux actuels. Elle a également souligné les risques d’une fragmentation économique accrue et les opportunités commerciales découlant des progrès de l’intelligence artificielle et de l’économie verte. En outre, elle a mis en garde contre l’escalade des tensions commerciales, qui pourrait potentiellement déclencher une guerre commerciale préjudiciable.
Lors d’un événement le 21 janvier intitulé Trouver la croissance en période d’incertitude, elle a déclaré que le commerce est resté résilient malgré les crises récentes, soulignant que « le commerce restera une source de croissance ». Elle a mis en avant les conclusions d’une étude récente de l’OMC indiquant le potentiel d’une croissance commerciale à deux chiffres si les outils d’intelligence artificielle sont adoptés, car ils peuvent réduire les coûts commerciaux et stimuler la productivité. La DG Okonjo-Iweala a également souligné la pertinence de l’OMC au-delà de la question des tarifs douaniers, notant son rôle dans la garantie des normes de sécurité des aliments et des produits pour les marchandises importées. Elle a mis en garde contre les risques d’une fragmentation accrue des échanges commerciaux : « Nous avons réalisé des simulations qui montrent que la fragmentation en deux blocs commerciaux géopolitiques et l’ajout d’incertitudes en matière de politique commerciale pourraient entraîner une perte réelle du PIB mondial à long terme de 6,4 %. C’est comme perdre l’économie du Japon et de la Corée réunies. »
La DG Okonjo-Iweala a discuté du rôle du commerce dans la préservation de l’environnement lors de la session « Quadrature du cercle climat-commerce » du 22 janvier. « L’adoption de technologies énergétiques propres est impossible sans commerce », a-t-elle déclaré. Elle a également proposé que les pays produisent et exportent des biens en fonction de leur avantage comparatif environnemental, ou des produits causant le moins de dommages en termes d’émissions de carbone.
Le 24 janvier, la Directrice générale a assisté à une réunion ministérielle sur les questions relatives à l’OMC à l’invitation de Guy Parmelin, conseiller fédéral suisse et chef du Département des affaires économiques, de l’éducation et de la recherche. Les ministres ont examiné la voie à suivre pour l’Organisation et les plans initiaux pour la 14e Conférence ministérielle de l’OMC, qui se tiendra en mars 2026 à Yaoundé, au Cameroun.
La DG Okonjo-Iweala a encouragé les membres à s’éloigner du « statu quo » et des positions de longue date. Elle les a plutôt invités à faire avancer les travaux sur la réforme de l’organisation. « Le contexte évolue, nous devons tenir nos promesses et nous devons moderniser », a-t-elle déclaré. Selon le résumé de la réunion partagé par M. Parmelin, les ministres « ont souligné l’importance de l’OMC et du système commercial multilatéral fondé sur des règles, transparent et prévisible ».