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Amazon fait une croix sur le Québec et supprime 1700 emplois

Le géant Amazon va quitter le Québec, a appris Radio-Canada de plusieurs sources. Sept installations, dont les entrepôts de Laval et le centre de livraison de Montréal, vont fermer leurs portes. Près de 1700 travailleurs sont concernés. L’acheminement des colis aux clients devra se faire autrement.

Amazon l’a annoncé à ses partenaires du service de livraison mercredi matin. La Confédération des syndicats nationaux (CSN) confirme avoir eu une annonce semblable en matinée également.

La date de cessation des activités qui circule est le 8 février, mais Amazon nous dit que ça se fera « au cours des deux prochains mois ».

Selon nos informations, la syndicalisation des 250 employés de l’entrepôt de Laval, dans les derniers mois, ne serait pas étrangère à cette décision. Amazon s’est longtemps battue, en vain, pour l’empêcher.

Les partenaires du service de livraison sont des petites entreprises ayant des camions qui affichent le logo d’Amazon sur leurs véhicules. Ils sont des centaines à être touchés par cette annonce. Selon nos sources, Amazon leur a offert d’aller faire le même travail ailleurs au Canada ou aux États-Unis.

Barbara Agrait, porte-parole d’Amazon, a déclaré par écrit à Radio-Canada mercredi : À la suite d’un récent examen de nos activités au Québec, nous avons constaté que le retour à un modèle de livraison par des tiers soutenu par des petites entreprises locales, semblable à celui que nous avions jusqu’en 2020, nous permettra d’offrir le même excellent service et de réaliser encore plus d’économies à nos clients à long terme.

Cette décision n’a pas été prise à la légère, et nous offrons aux employés concernés un ensemble de mesures comprenant jusqu’à 14 semaines de salaire après la fermeture des installations et des avantages transitoires, telles que des ressources en matière de placement.

En ce qui concerne la question de savoir si cette décision est due aux efforts du syndicat, je réponds : il s’agit d’offrir le meilleur service possible à nos employés.

À l’heure actuelle, il n’y a qu’un seul syndicat reconnu dans un entrepôt d’Amazon en Amérique du Nord, celui de Staten Island, dans la région de New York. Cependant, depuis sa création, en 2022, il n’y a toujours pas eu de négociations pour une convention collective.

Intelcom prendrait le relais

La compagnie Intelcom, dont le siège social est à Montréal, est déjà sous-traitante d’Amazon pour la livraison et le tri.

Nous avons une relation de longue date avec eux [Amazon] et nous continuerons de collaborer étroitement pour équilibrer leurs besoins de livraison au Québec, a écrit Intelcom dans une déclaration transmise par courriel mercredi à Radio-Canada.

Intelcom, qui avait publié sur son site Internet, mardi, de nombreuses annonces d’emplois, pourrait ainsi prendre la place laissée vacante par la multinationale.

Québec réagit

La ministre de l’Emploi du Québec, Kateri Champagne Jourdain, affirme que le gouvernement accompagnera les travailleurs d’Amazon qui ont appris mercredi qu’ils perdaient leur emploi. « Nos pensées sont avec eux », a-t-elle déclaré, en marge du caucus présessionnel de la Coalition avenir Québec (CAQ), qui se déroule à Saint-Sauveur.

Kateri Champagne Jourdain, ministre de l’Emploi du Québec, a déclaré mercredi n’avoir pas encore reçu, de la part d’Amazon, d’avis de licenciement collectif.

Dès que ce sera fait, nous mettrons en place le processus habituel, a-t-elle expliqué, c’est-à-dire un comité d’aide au reclassement où on va venir soutenir les travailleurs qui voudraient se diriger vers un autre secteur, trouver un emploi ou obtenir de la formation.

Questionnée à savoir si la syndicalisation des employés de l’entrepôt de Laval a pu jouer un rôle dans la décision d’Amazon de fermer ses sept installations au Québec, la ministre Champagne Jourdain a dit que pour le moment, l’information qu’a obtenue le gouvernement dit qu’il s’agit de la réorganisation du service de livraison d’Amazon.

La ministre n’a pas voulu préciser si l’entreprise avait directement avisé le gouvernement du Québec de sa décision, ou si ce dernier l’avait appris, mercredi matin, par les médias.

Jean Boulet, le ministre québécois du Travail, affirme que le gouvernement doit pour le moment se contraindre à accepter la décision d’Amazon.

À ce stade-ci, on est contraints de respecter les décisions qui nous sont communiquées, a déclaré pour sa part Jean Boulet, le ministre du Travail du Québec.

Le reste, vous connaissez l’historique et je ne veux pas entrer dans le détail des relations patronales-syndicales, a-t-il dit, faisant référence à la syndicalisation des employés d’Amazon dans son entrepôt de Laval.

Une gifle pour les travailleurs du Québec, dit la CSN

Par communiqué, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) s’est insurgée contre la fermeture des installations d’Amazon au Québec, cette décision qui n’a aucun sens, écrit la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Mme Senneville établit un lien de cause à effet entre cette décision du géant de la vente en ligne et la présence, dans un entrepôt de la multinationale au Québec, d’un syndicat officiellement accrédité, le seul au Canada.

La présidente de la CSN fait valoir que, tant sur les plans de l’organisation que des affaires, cette décision n’est pas cohérente pour une entreprise qui a atteint un sommet d’intégration entre le clic d’une souris et la livraison à domicile. Et voilà, poursuit Mme Senneville, qu’Amazon confie à une tierce partie l’ensemble de ses opérations d’entreposage et de distribution sur l’ensemble du territoire québécois ?

Il y a des limites à nous prendre pour des valises. C’est tout le contraire du modèle développé par Amazon.

radio-canada

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