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Royaume-Uni : les taux d’intérêt au plus haut depuis 2008

Les taux d’intérêt britanniques s’envolent depuis le début de la semaine, dépassant les niveaux de l’épisode Liz Truss à l’automne 2022. Un mouvement qui s’inscrit dans une dynamique globale, mais qui est aussi le reflet de problématiques locales.

Les taux d’intérêt britanniques. Un sujet plus abordé depuis le passage de Liz Truss au 10 Downing Street à l’automne 2022. Première ministre éphémère, elle n’a tenu que 45 jours. Un mois et demi où le Royaume-Uni a été au centre du monde. D’abord, pour les funérailles de Sa Majesté la reine Elisabeth II. Puis, pour la crise financière provoquée par sa première ministre.

Le 23 septembre 2022, celle-ci présente un « mini-budget » prévoyant des baisses d’impôts non financées, ce qui aurait conduit à une augmentation du déficit. Un budget mal accueilli par le marché. Le rendement du 10 ans britannique est passé de 3.8 à 4.5% en quelques jours. Si le niveau ne parait pas aujourd’hui effrayant, c’est surtout la vitesse du mouvement qui a été douloureuse, notamment pour les fonds de pension britanniques – les LDI, acronyme que nous avons tous découvert à cette occasion.

Outre-Manche, les fonds de pension utilisent les obligations gouvernementales (que l’on appelle les Gilts) comme collatéral pour couvrir leurs positions. L’envolée des taux a entrainé des pertes latentes significatives. Il fallait alors faire face à des appels de marge, et donc vendre ses actifs liquides comme les Gilts, ce qui a encore fait monter les taux. En effet, des ventes massives d’obligations font baisser les prix. Comme il y a une relation inverse entre le prix d’une obligation et le taux d’intérêt, la baisse du prix se traduit par une hausse du taux de rendement.  

Un cercle vicieux qui a contraint la Banque d’Angleterre à intervenir. Un programme d’achat temporaire massif a permis d’éteindre l’incendie. L’acheteur en dernier ressort a parfaitement joué son rôle. Après cette séquence, la chute du gouvernement paraissait inévitable. Les médias britanniques ont alors initié un duel dont eux seuls ont le secret. Qui de la première ministre ou d’une laitue tiendra le plus longtemps ? Le suspense a finalement pris fin le 20 octobre avec la démission de Liz Truss.

Dans le sillage des taux américains

Retour en 2025. Depuis le début de la semaine, les taux à 10 ans britanniques ont pris plus de 20 points de base pour atteindre un plus haut depuis 2008, à presque 5%. Le 30 ans atteint quant à lui les 5.37%, un niveau plus vu depuis 1998. Si on constate un léger emballement ces derniers jours, cela s’inscrit néanmoins dans le sillage de la remontée des taux américains. Le 10 ans US a pris environ 50 points de base depuis un mois, anticipant plus de croissance, plus de déficit et moins de baisse de taux avec le retour de Donald Trump.

La BoE en retrait, le budget à surveiller

L’inflation persistante, notamment dans les services, devrait aussi limiter les marges de manœuvre de la Banque d’Angleterre. Seulement deux baisses de taux sont désormais anticipées par le marché en 2025. D’autre part, ces anticipations sont calquées sur celles de la Fed. Et une trop grande divergence de la Banque d’Angleterre renforcerait la baisse du sterling, déjà sous pression. La monnaie britannique est au plus bas depuis avril dernier contre le dollar, rapporté zonebourse

La hausse du coût de financement est aussi la conséquence du budget du gouvernement travailliste, qui prévoit de nouveaux investissements, notamment dans les infrastructures. Une enveloppe de 100 milliards de livres sur les 5 prochaines années. En face de ces dépenses, des hausses d’impôts sont prévues. Mais le cocktail laisse les investisseurs perplexes sur les perspectives de croissance dans les années à venir. D’autant que la récente envolée des taux réduit encore les marges de manœuvre budgétaires.

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