Régime al-Assad: La Suisse gèle 99 millions de francs
La Suisse a gelé 99 millions de francs liés aux proches de l’ancien dictateur syrien Bachar al-Assad. Ce gel des avoirs syriens représente une partie infime de la fortune de l’ex-chef d’Etat, estimée entre 1 et 2 milliards de dollars.
Plusieurs membres du clan Assad ont tenté de récupérer leur argent bloqué en Suisse. Selon des révélations des journaux de CH Media jeudi, certains ont entrepris des démarches juridiques pour déplacer des fonds, arguant de leur éloignement avec le régime syrien. Le Tribunal administratif fédéral les a déboutés.
Ils font partie des 318 personnes visées par les sanctions appliquées par Berne. S’y ajoutent 87 entités. Au total, 99 millions de francs ont été gelés en Suisse, comme l’a dévoilé le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) la semaine dernière. La Suisse, comme l’Union européenne, a pris des mesures contre le gouvernement syrien en 2011, au début de la violente répression du printemps arabe.
Lever des sanctions avant une restitution
Se pose désormais la question de l’avenir de ses avoirs. Contacté, le SECO souligne que qu’il faut d’abord que l’Union européenne lève les sanctions pour qu’on puisse envisager une restitution. Or plusieurs officiels européens – et américains aussi – ont déjà dit publiquement que la question n’était pas à l’ordre du jour.
L’étendue de la fortune du clan Assad reste en partie inconnue. D’après un rapport du département d’Etat américain, qui s’est focalisé sur Bachar al-Assad et une partie de sa famille proche, elle atteindrait entre 1 et 2 milliards de dollars.
Mais de l’aveu même des auteurs, cette estimation, qui date de 2022, reste prudente. Ils décrivent un « système complexe — comprenant des sociétés écrans et des entreprises de façade — qui sert d’outil au régime pour accéder aux ressources financières ». On perd donc vite la trace de cette fortune qui pourrait donc être nettement plus élevée et, surtout, très bien dissimulée.
Hormis les fonds bloqués en Suisse, la Grande-Bretagne en a gelé quelques dizaines de millions. La France et l’Espagne ont saisi des propriétés du clan évaluées à 600 millions.
Système opaque
La famille Assad détient plusieurs biens immobiliers à Moscou, mais les informations restent parcellaires sur cette fortune qui provient à la fois du contrôle de plusieurs secteurs de l’économie syrienne, comme l’énergie, les télécoms, l’immobilier ou encore les banques.
Mais aussi d’une autre source découverte depuis la chute du régime: celle du trafic de captagon, un psychostimulant. Le chiffre d’affaires lié à cette drogue de synthèse serait supérieur à la taille de l’économie syrienne. Il s’agit là aussi d’estimations et il faudra des années pour analyser tous les contours du système Assad. RTSINFO