AutomobileInternational

Volkswagen prépare une «saignée» sans précédent

En proie à une grave crise, le géant automobile allemand se prépare à faire face à des dizaines de milliers de suppressions d’emploi et la fermeture de trois de ses usines.541250

Pour faire face à la crise qu’elle traverse, l’entreprise Volkswagen prévoit des dizaines de milliers de suppressions d’emplois, la fermeture de trois usines en Allemagne et des baisses de salaire. Dans un communiqué publié lundi, le comité d’entreprise parle d’une «saignée» sans précédent en plus de 80 ans d’histoire du premier groupe automobile européen.

«Le directoire veut fermer au moins trois usines VW en Allemagne. Il a également l’intention de réduire la taille de toutes les usines restantes dans le pays», a déclaré la présidente du comité d’entreprise du groupe, Daniela Cavallo, en dévoilant les informations qui lui ont été transmises par la direction. Cette dernière n’a pas réagi dans l’immédiat, appelant seulement par la voix d’un porte-parole les partenaires sociaux à mener des discussions «confidentielles» et «en interne».

Selon un article du quotidien économique «Handelsblatt», le groupe entend au total économiser 4 milliards d’euros. «Le prochain rendez-vous pour les discussions salariales est fixé mercredi et c’est un fait que Volkswagen se trouve à un moment charnière de son histoire, la situation est grave et la responsabilité des partenaires sociaux est énorme», a-t-il ajouté.

120’000 salariés en Allemagne

La présidente du comité d’entreprise du constructeur s’est insurgée face à la «ferme intention» de Volkswagen «de saigner à blanc les sites industriels» du groupe dans le pays et de provoquer un «chômage de masse» au sein de la marque VW, qui emploie 120’000 salariés en Allemagne.

Le plan prévoit également, selon elle, la réduction de 10% de tous les salaires et leur gel en 2025 et 2026, ce qu’affirme aussi lundi le quotidien Handelsblatt. Le communiqué parle aussi de transferts à l’étranger de nombreuses activités et départements du groupe actuellement basés en Allemagne.

La direction du géant automobile avait provoqué une onde de choc début septembre en annonçant son projet de restructuration en Allemagne, abrogeant dans la foulée l’accord sur la garantie de l’emploi en vigueur depuis trente ans pour les salariés allemands.

Grèves en vue

Pour la première fois dans les 87 ans d’histoire du groupe, la direction avait menacé de fermer des sites de production en Allemagne même. Le comité d’entreprise, qui représente les salariés et dispose d’un pouvoir de cogestion sur la stratégie de l’entreprise, s’était engagé à combattre ces plans. Les pouvoirs publics allemands, via l’Etat régional de Basse-Saxe, où VW a son siège, sont aussi actionnaire et ont leur mot à dire.

Les représentants du personnel organisent lundi des réunions d’information dans toutes les usines VW en Allemagne pour informer les salariés des mesures prises par la direction, après deux mois de flou.

VW va entamer mercredi le deuxième round de négociation sur un nouvel accord collectif «maison» avec le syndicat de branche IG Metall. Le syndicat réclame une augmentation de salaire de 7% et une meilleure rémunération pour les apprentis, des revendications qui restent très éloignées des vues de la direction.

Des grèves sont possibles chez le premier employeur industriel d’Allemagne après la période de dialogue social obligatoire, soit à partir de décembre.

Mise en garde du chancelier allemand

À Berlin, le chancelier Olaf Scholz, via l’un de ses porte-parole, a mis en garde contre une vague de licenciements. Le gouvernement veut attendre que la direction de VW se prononce mais «la position du chancelier est claire, à savoir que les salariés ne doivent pas subir l’impact d’éventuelles mauvaises décisions prises par le management (de Volkswagen) dans le passé et que la priorité doit être à présent de préserver les emplois», a dit Wolfgang Büchner.

Les plans en préparation de Volkswagen surviennent alors que l’économie allemande bat de l’aile avec récession et remontée du chômage, contribuant à la forte impopularité du gouvernement.

(afp)

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page