Organisé en partenariat avec FSJES-USMBA de Fès, ce Colloque International accueillera plus d’une centaine d’intervenants de tous les continents les 20, 21 et 22 septembre à Fès en dialogue avec « les rencontres poétiques des nuits de Fès » et se déroulera dans les locaux de l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, au Musée Nejjarine dans la medina et dans les superbes jardins de la ville.
CONTEXTE GÉNÉRAL
La nuit, dimension longtemps oubliée de la ville s’invite désormais dans l’actualité du jour. Cet espacetemps sous pression, marqué par les représentations contrastées est désormais au cœur de nombreux questionnements dans la recherche urbaine, mais aussi dans la fabrique de la ville, l’aménagement, l’urbanisme, l’écologie, le développement économique, le tourisme, la gouvernance et la vie quotidienne. Un champ interdisciplinaire nouveau se structure autour des « études sur la nuit » ou
« Night Studies ».
Des démarches stratégiques se déploient également dans de nombreux pays et sur
différents continents et des politiques publiques nocturnes émergent à différentes échelles.
Jusqu’à ces dernières années, les recherches étaient principalement portées par des équipes du Nord
et concernaient des villes et territoires de ces mêmes espaces géographiques et culturels à l’exception
de quelques métropoles d’Amérique du Sud ou d’Asie en avance sur certains aspects comme la sécurité,
l’économie ou le rapport au tourisme. Des travaux se développent actuellement dans les différents
contextes linguistiques et culturels du « Sud global » et notamment au Maghreb, au Machrek, en Afrique
subsaharienne et dans d’autres régions du monde,sans toujours une bonne circulation des résultats, ni
des interactions fortes entre les scientifiques.
Le colloque interdisciplinaire « Nuits des Suds » sera l’occasion pour des chercheurs de différentes
disciplines (aménagement, anthropologie, art, architecture, droit, géographie, économie, histoire,
sciences de l’ingénieur, études sur les médias, sciences politiques, sociologie, urbanisme, etc.), pour des
artistes, des responsables associatifs, des praticiens et des élus venus de nombreux pays de faire le point
sur ces travaux, sur et dans les Suds. Il s’agira de mieux appréhender les évolutions des nuits urbaines
et rurales, les manières de vivre et d’habiter les nuits à différentes échelles selon les cultures, les pays,
les territoires, les villes, de repérer les évolutions, les tensions, les inégalités d’accès, mais aussi les
stratégies de développement ou de protection des nuits portées par différents acteurs et d’examiner
les formes de gouvernance privilégiées. La dimension prospective sera également interrogée autour
notamment du nouveau rôle possible de la nuit comme espace d’activité face au réchauffement
climatique. On s’intéressera également aux manières d’observer, d’analyser cet espace-temps, de
repérer les conflits d’usage et les innovations à l’œuvre dans différents domaines.
Le questionnement est volontairement large. Quelles populations investissent la nuit ? Quelles activités
se déploient ? Quels rythmes ? Comment se vivent les nuits dans ces régions ? Comment sont-elles
habitées ? Comment sont-elles organisées ? Quels moyens de transport et de mobilité formels ou
informels sont déployés ? Lorsque des recherches existent, quelles sont les approches
dominantes ? Quelle est la place de la culture et de la religion ? Que savons-nous des traditions et des
rites sur la nuit ? Quel est le rapport de la nuit au genre et aux sexualités diverses ? Quelle est la place
des femmes ? Quelle place pour les anciens ? Quel est le rôle des générations dans le façonnement de
la nuit ? Quelle place pour le non-humain ? Quelles cohabitations ? Quels changements sociaux se
déploient et s’affirment au fil de la nuit ? Quels développements peut-on observer ? Quelles
organisations sont impliquées ? Quelles nouveautés ? Quels conflits d’usages ? Quelles médiations et
compromis ? Quel(s) avenir(s) pour la nuit dans les pays du Sud ? Quel rôle pour la nuit dans le
processus de transition écologique ? Quelles sont les spécificités des nuits urbaines et rurales du Sud ?
Et enfin, comment ces réflexions peuvent-elles contribuer aux réflexions en cours et circuler dans
d’autres régions du monde ?
Pour tenter de répondre à ces questions, plusieurs points d’entrée non exclusifs seront privilégiés :
histoire et évolutions récentes de la nuit ; territoires et temporalités ; événements ; espaces publics et
appropriations ; habitants et usagers de la nuit ; économies de la nuit ; lumières ; tensions et conflits ;
écologie et biodiversité ; inégalités ; éducations et formations, adaptations des hommes, des
organisations et des territoires ; innovations, bricolages ; patrimonialisation et tourisme ; exploitation
et préservation ; politiques publiques ; gouvernance, mais aussi méthodologies d’approche (…). Au-delà
de ces entrées indicatives, toutes les propositions sur les « Nuits des Suds » seront examinées avec soin,
quelles que soient leurs origines disciplinaires et géographiques.
Les échanges qui auront lieu à Fès (FSJES-USMBA, Maroc) et au Musée Nejjarine permettront de mettre
en avant ces recherches et contribueront à une meilleure circulation des savoirs encore trop cloisonnés
et à leur diffusion au-delà même de la sphère académique. La découverte de la ville et les échanges
avec les acteurs locaux seront également des moments forts du colloque. Ces travaux viendront enrichir
la dynamique internationale d’émergence des études sur la nuit et permettront d’engager d’autres
recherches et des projets à différentes échelles.
