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À Gaza, il n’y a «plus un centimètre carré» de sûr

La coordinatrice humanitaire de l’ONU à Gaza décrit une situation devenue intenable pour la population, sous le choc après chaque bombardement.

Des conditions de vie qui «tiennent de la survie, et encore»: Yasmina Guerda, coordinatrice humanitaire pour l’ONU à Gaza, a décrit mardi la situation désespérée du territoire palestinien après plus de huit mois de guerre entre Israël et les islamistes du Hamas.

«Il n’y a plus un centimètre carré où l’on se sente en sécurité», a-t-elle témoigné devant la presse.

Cette ancienne reporter de 38 ans, aujourd’hui employée du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, explique que les travailleurs humanitaires tentent de «quantifier la souffrance avec des chiffres» qui ne sont toutefois «jamais assez proches de la réalité d’une population qui a pratiquement tout perdu». La vie des gens «ne tient plus qu’à un fil», dit-elle.

Partir sans se retourner

«Tu as 10 ou 15 minutes pour évacuer l’immeuble qui va être bombardé. Tes enfants dorment, tu les réveilles» et après «tu jettes un dernier regard à la pièce et tu dis adieu pour toujours car tu sais déjà qu’il n’y aura plus que de la poussière», lui ont raconté des personnes déplacées.

Et ça, souligne-t-elle, c’est dans «le meilleur des cas» puisque les bombes tombent aussi sans préavis comme lors de l’offensive israélienne à Nuseirat pour obtenir la libération de quatre otages début juin. Selon le Ministère de la santé du Hamas, 274 Palestiniens ont alors été tués et 698 blessés.

Le lendemain, décrit l’Espagnole Yasmina Guerda, elle a croisé des enfants hébétés, «le regard dans le vide, trop en état de choc pour produire le moindre son avec leur voix ou une larme».

«Casse-tête» pour les humanitaires

Apporter de l’aide est «un casse-tête quotidien» dont les humanitaires paient aussi le prix fort: plus de 200 sont morts depuis le début de la guerre. Et leur travail les confronte à quantité d’obstacles: défis administratifs, internet défaillant, routes défoncées, manque de carburant pour se déplacer et, bien sûr, le vide sécuritaire qui met les convois d’aide humanitaire à la merci des pillages.

Avec l’offensive récente contre Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, environ 1 million de personnes ont fui à nouveau les bombes, et «les possibilités d’aide humanitaire se sont réduites dramatiquement», dit-elle.

«Les gens ont besoin d’un répit»

Ce dont les gens ont besoin, a-t-elle exhorté, «c’est d’un répit». «Il faut que ceux qui décident parviennent à stopper ce cercle vicieux où on leur tape dessus chaque fois qu’ils essaient de refaire surface.»

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque menée par des commandos du Hamas dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1195 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

L’offensive menée par l’armée israélienne en représailles a fait jusqu’à présent 37’658 morts, en majorité des civils, selon des données du Ministère de la santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.

(afp)

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