InsoliteLa Une

Enquête: Comment des Marocains parviennent à blanchir leur cash en Belgique

Placé à l’instruction et traité par le parquet fédéral, ce nouveau dossier a fait l’objet de plusieurs interpellations et placements sous mandat d’arrêt. Il s’agit d’une affaire récente dans laquelle plusieurs personnes sont soupçonnées d’avoir organisé un système audacieux de blanchiment par double compensation entre trois pays, la Belgique, l’Espagne et le Maroc, pour un profit de plusieurs dizaines de millions d’euros, précisent des sources proches du dossier. Plusieurs inculpations ont déjà été réalisées. Le principe, si tant est que les enquêteurs parviennent à le mettre au jour, est celui d’un grand cycle de l’argent sale.

Des échanges avec des sources proches du dossier nous ont permis de comprendre le mécanisme d’une enquête en cours. Nous l’appellerons “Code jaune”.

Tout commence en Belgique, où une société belge de construction exécute des virements bancaires sous prétexte de fausses factures émises par une société fantôme sans activité réelle.

Cette société coquille vide, gérée par un homme de paille, est soupçonnée d’être liée à un réseau criminel. En l’échange de virements, elle transfère de l’argent liquide, possiblement produit par un trafic de stupéfiants, à la société de construction.

Cette société fantôme va ensuite, en très peu de temps, virer une partie de l’argent reçu sur ses comptes vers le compte tiers d’un cabinet d’avocats installé dans la station balnéaire de Marbella, dans le sud de l’Espagne.

Le cabinet d’avocat va acheter, grâce à l’argent reçu, des biens immobiliers dans la région de Marbella, pour le compte de résidents marocains.

Dans le même temps, ces résidents marocains remettent à un intermédiaire de l’argent liquide en dirhams, en échange des biens immobiliers. Ce cash pourrait provenir d’activités illicites, comme du trafic de stupéfiants par exemple.

L’argent liquide passe ensuite par plusieurs intermédiaires entre le Maroc et la Belgique. Les dirhams sont finalement convertis en euros, en dehors du système bancaire classique.

Enfin, le cash est remis à la société belge d’où sont partis les premiers virements. Elle va pouvoir l’écouler, par exemple, en payant son personnel au noir, évitant ainsi de payer des charges sociales. La boucle est bouclée.


Cette technique, utilisée par des réseaux spécialisés, est l’une des figures marquantes des tendances du blanchiment d’argent en Belgique. “Les schémas mis en place par ces ‘professionnels du blanchiment’ reposent sur une constellation de sociétés et de comptes bancaires ainsi qu’un très grand nombre d’hommes de paille et de mules, tant en Belgique qu’à l’étranger, permettant ainsi, à chaque étape, d’opacifier les chaînes de blanchiment”, observe le président de la Ctif Philippe De Koster, en préambule du rapport 2023 de son organisation. Il présente ce phénomène comme un “risque majeur” pour le pays. Et un chantier pour la prochaine législature.

Source:

Une enquête du journal belge l’ECHO conjointe avec la RTBF révèle un nouveau schéma de double blanchiment par compensation, entre Belgique, Espagne et Maroc. Alors que les groupes criminels ne cessent de se développer en Belgique, les schémas de blanchiment de l’argent de la drogue se répètent.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page