CommuniquésEconomie

Jouahri s’en prend à la mondialisation !

Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib, ne mâche pas ses mots, surtout lorsqu’il s’agit de rendre à la Mondialisation ce qui est à la Mondialisation. Voici un extrait de son mot d’ouverture des Journées Internationales de Macroéconomie et de Finance, tenues du 22 au 24 Mai 2024 à Dakhla, où il exprime son regard critique sur les coups de boutoir de la mondialisation et ses effets indésirables.

« L’intégration économique n’est pas toujours garante de prospérité généralisée. Il n’y a qu’à considérer l’essor de la mondialisation, le plus important mouvement d’intégration commerciale de l’histoire, pour s’en rendre compte.

Celle-ci a permis, depuis ses débuts dans les années 80, de réaliser des gains substantiels en matière de réduction des coûts de production, de développement du commerce, de croissance économique et de réduction de la pauvreté. Mais, en parallèle, elle a également entrainé un creusement des inégalités inter et intra pays et laissé de larges franges de la population mondiale sur la marge du développement, en particulier sur notre continent.

Aujourd’hui, ses conséquences indésirables, accentuées par les tensions géopolitiques croissantes, induisent un rejet de ce phénomène et l’émergence d’un mouvement inverse, avec une remise en question des règles du commerce mondial et du multilatéralisme, une montée du souverainisme économique et du protectionnisme qui se traduisent par une hausse sans précédent des mesures de politiques industrielles. Nous assistons ainsi à une avalanche de nouveaux concepts qui remplacent progressivement celui de la mondialisation et du libre-échange. Dans ce sens, on parle de relocalisation, de nearshoring, de backshoring, de friendshoring, …

Cette fragmentation géoéconomique n’est qu’une partie des changements de paradigmes auxquels nous assistons ces dernières années et qui engendrent des niveaux exceptionnels d’incertitudes qui complexifient davantage l’élaboration et la mise en œuvre de la décision publique et privée. Il s’agit notamment de l’accélération du changement climatique dont le continent subit durement les conséquences, mais également de la digitalisation et de l’intelligence artificielle qui affecterait, selon le FMI, 40% de l’emploi au niveau mondial.

L’Afrique n’a aujourd’hui ni l’infrastructure ni les compétences suffisantes pour tirer pleinement profit de cette révolution et en atténuer les risques, ce qui pourrait creuser davantage la fracture avec les pays avancés.

Pour que l’intégration économique de l’Afrique mène à la prospérité désirée, et outre les conditions précitées, il faudrait veiller à ce qu’elle soit inclusive, mutuellement bénéfique, et surtout qu’elle ne soit pas au détriment des pays et des populations les plus vulnérable ».

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page