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MÉDICAMENTS ANTI-RHUME : VAUT MIEUX AVOIR LE NEZ UN PEU BOUCHÉ !

Le lundi 23 octobre 2023, l’illustre Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en France a émis une alerte qui a suscité un flot ininterrompu de commentaires, concernant les médicaments visant à soulager les symptômes du rhume, élaborés autour d’un principe actif vasoconstricteur : la pseudoéphédrine. Ces préparations semblent être à l’origine d’effets secondaires graves, parmi lesquels des accidents vasculaires cérébraux (AVC).

Il est à noter que les vasoconstricteurs, dans leur humble fonction, s’astreignent à restreindre le calibre des vaisseaux sanguins, atténuant ainsi l’inflammation de la muqueuse nasale. Ce mécanisme d’action, bien que susceptible d’atténuer l’écoulement nasal, se cantonne à l’effacement d’un symptôme, sans prétendre à une rémission de la pathologie sous-jacente, qui, à maintes égards, demeure de nature bénigne. Depuis une décennie, la revue française indépendante, Prescrire, avait émis des mises en garde quant aux effets indésirables graves, parfois fatals, tels que les accidents vasculaires cérébraux (AVC), associés à la phényléphrine. De plus, depuis l’an 2020, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) n’a de cesse de sonner l’alarme au sujet des médicaments anti-rhume contenant de la pseudoéphédrine, les mettant en cause dans l’apparition de complications sévères, dont les AVC.

Des affaires telles que le scandale du Médiator, diane 35 (en 2013), le tumulte entourant la chloroquine lors de la pandémie de la Covid-19, et la controverse suscitée par la pseudoéphédrine, prolifèrent à un rythme préoccupant. Il est manifeste que la sécurité dans le domaine des soins de santé a émergé en tant qu’enjeu de première importance, désormais, clairement appréhendé non seulement par les patients, mais aussi par les professionnels de santé. Ces derniers constatent une certaine latence en matière d’information, en particulier lorsque les usagers sont confrontés à des effets indésirables suite à une prescription médicale.

Actuellement, il est regrettable de constater l’absence d’une politique nationale d’envergure et holistique axée sur la sécurité des patients au sein de la sphère des soins de santé. La clarté des efforts récemment déployés dans ce domaine se trouve gravement entravée par des initiatives compartimentées, à l’image d’un jeu de tuyaux d’orgue, fréquemment mises en place en réaction à des crises sanitaires ou à des alertes émanant d’instances étrangères telles que l’ANSM ou la FDA américaine.

Bien que des avancées substantielles aient été accomplies dans le domaine de la pharmacovigilance depuis l’année 1989, marquant la naissance du Centre National de Pharmacovigilance conjointement avec le Centre Anti-Poison du Maroc au sein de l’Institut National d’Hygiène, il est indubitable que des incidents, à l’image des sinistres « médicaments anti-rhume », continuent d’entacher le paysage médical. À chaque alerte étrangère, de nouvelles révélations s’offrent à nous, exposant des abus ou des effets secondaires camouflés.

L’accès à des médicaments qui harmonisent à la fois la sûreté, l’efficacité, la qualité et l’abordabilité se dresse comme un pilier fondamental du droit sacré à la santé. De surcroît, cela constitue un objectif de première importance dans l’optique des Objectifs de Développement Durable (ODD). En dernier ressort, ces alertes mettent en lumière nos préoccupations dissimulées : des médicaments à haut risque en vente libre, une recrudescence de l’automédication, le mésusage du médicament  et un patient dont la légitime aspiration est la garantie d’une sécurité thérapeutique, sous la surveillance constante d’une autorité garante de la sécurité médicamenteuse.

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