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MANAGEMENT HUMAIN: UNE ÉVOLUTION À MARCHE FORCÉE EST-ELLE POSSIBLE ?

Le Maroc est plus que jamais déterminé à entreprendre une transformation profonde de l’environnement de travail pour valoriser et fidéliser ses compétences.

Pour changer la donne, il faut remettre le capital humain au cœur de l’action et développer une gestion des ressources humaines basée sur la motivation, la confiance et la reconnaissance et qui va bien au-delà de l’amateurisme.

Dans un environnement économique de plus en plus incertain et ambigu, le Maroc doit introduire un changement de paradigme important. Il doit impérativement comprendre les tenants et les aboutissants de cette mutation et passer de la posture à une vraie attitude pour inscrire sa réussite dans la durée. Partant de ce constat, les changements que peuvent connaître certains milieux professionnels sont l’occasion d’éclairer un angle mort des sciences de gestion. Le renouvellement des discours exige une actualisation continue des savoirs : le capital humain reste la principale variable d’ajustement quand la conjoncture devient difficile.

Dès lors, même si on cherche toujours à rentabiliser le travail humain, miser sur les ressources humaines implique d’envisager le potentiel humain comme source d’avantage concurrentiel durable. En d’autres termes, cette dimension humaine est d’autant plus cruciale que dépend d’elle en grande partie la performance des organisations. Loin du quotidien d’un métier mal connu et parfois réduit à quelques fonctions traditionnelles, la fonction RH porte désormais une spécificité qui fait son intérêt : la force de toute organisation réside dans ses Hommes. En effet, l’environnement change, la gestion des Hommes aussi.

Dès lors, de nombreux DRH s’accordent sur la nécessité de mettre en place une structure humaine qui valorise chaque collaborateur, et ce, dans un environnement de travail favorable à leur engagement et à leur motivation. Dans ce sens, il importe de :

Rassurer et créer un climat de confiance et d’écoute : la QVT et le bien-être en entreprise sont désormais perçus comme un véritable levier de performance organisationnelle.

Animer le sentiment d’appartenance à un collectif : en mettant en valeur les compétences spécifiques de chacun et créer une ambiance propice à la reconnaissance et la récompense.

Cultiver les compétences comportementales ou soft skills : ces compétences managériales du futur, subtiles, favorisent un leadership de cœur de plus en plus stratégique.

Évacuer les tensions et remédier à l’épuisement professionnel : de trop grandes exigences ou un travail peu stimulant peuvent causer du stress. Dans cette optique, le burn-out fait partie depuis quelque temps déjà du vocabulaire quotidien des organisations et commence à être reconnu comme maladie professionnelle. Cependant, dans le contexte marocain, le sujet demeure encore un tabou qui peine à sortir de l’ombre.

A l’ère de l’intelligence artificielle et de l’automatisation croissante des processus, on a tout digitalisé, mais on a perdu en chemin l’idée simple que gérer des humains, c’est gérer des gens qui ont des émotions. Évidemment, il importe de rappeler que tout ce qui est humain n’est pas totalement compréhensible, car la difficulté consiste à devoir gérer des personnes avec des savoir-faire, des états d’esprit et des méthodes de travail disparates.

Il est donc non seulement nécessaire, mais utile de faire la différence par l’humain afin de permettre aux collaborateurs d’adopter des nouvelles méthodes de travail, des comportements constructifs et d’acquérir les compétences indispensables pour déployer des actions innovantes. En effet, il semble que la confiance peut être génératrice d’attitudes et de comportements positifs vis-à-vis de l’organisation. A fortiori, un environnement de responsabilisation et de confiance permet à chaque collaborateur de donner le meilleur de lui-même et de travailler dans un cadre propice à l’empowerment et au partage.

Faire le choix de l’empowerment pour ses équipes est désormais une démarche plus que louable, leur permettant de prendre des initiatives et de développer leur esprit critique pour mener à bien les missions qui leur sont confiées. En outre, la valorisation des compétences, la reconnaissance des initiatives ainsi que l’implication des employés dans la prise de décision, sont des facteurs déterminants de la performance car à l’heure actuelle, les organisations se retrouvent face à une génération de collaborateurs qui ne fonctionne plus au « devoir de faire » mais qui exige de plus en plus de « plaisir de faire ».

Ne nous trompons pas, les millennials (mais pas que) cherchent du sens, une expérience professionnelle où se mêlent motivation personnelle et aventure collective.

Le management bienveillant, soupçonné d’être une simple mode et parfois considéré comme un acte de faiblesse réservé à quelques managers humanistes déconnectés de la réalité, sera l’allié principal de l’organisation de demain. L’entreprise comme le secteur public requièrent des compétences sociales, collaboratives, socio-affectives et transversales. Dans ce sens, défier les pratiques managériales conventionnelles ne peut que contribuer à un véritable engagement des collaborateurs et s’acheminer vers une meilleure performance organisationnelle.

Ce tour d’horizon dévoile l’intérêt pour la fonction RH de suivre les nouvelles méthodes et pratiques de gestion, porteuses d’expression. Le marché n’est plus assuré uniquement par le produit ou le service offert, mais également par le capital immatériel de l’entreprise qui ne prend pas les formes traditionnelles et visibles de l’investissement, mais qui est vital pour l’amélioration de la performance.

Finalement, les publications « humaines » se développent comme jamais grâce à l’art des apparences que les organisations se plaisent à cultiver et à glorifier. L’envie de réinjecter plus d’humanité dans l’entreprise reste un discours facile à porter. Par ailleurs, le but ultime est de pouvoir passer de l’art de l’illusion à la nécessité de créer une certaine cohérence entre les paroles et les actes. A présent, aux organisations de décider de passer d’une gestion des ressources humaines à un leadership des richesses humaines. Il est vrai qu’aucune organisation n’est parfaite, mais des pratiques peuvent être inspirantes.

Il est important de garder à l’esprit qu’il y a des métiers où l’insouciance fait plus de dégâts que d’autres : le management est un métier à haute responsabilité humaine.

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