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HCP: Vers une poursuite de reprise de l’économie nationale en 2024

Les perspectives économiques pour l’année 2024 sont établies sur la base des hypothèses portant essentiellement sur un redressement de l’économie mondiale, induisant un regain de croissance de la demande étrangère adressée au Maroc et sur une atténuation des niveaux élevés des prix des matières premières au niveau mondial. Ces prévisions se basent sur un scénario d’une production céréalière moyenne durant la campagne agricole 2023/2024, et tiennent compte également de la reconduction de la politique budgétaire en vigueur durant l’année 2023, note le Budget Economique Exploratoire (BEE) 2024.

En se basant sur les hypothèses susmentionnées, le secteur agricole, devrait dégager une hausse de 8,3% en 2024 au lieu de 6,7% en 2023, confortée par la consolidation de la production végétale et le redressement attendu de l’activité de l’élevage.

 De leur côté, les activités non agricoles devraient maintenir leur taux de croissance à près de 2,9% en 2024. Le secteur secondaire devrait être marqué par un regain du dynamisme, non seulement au niveau du secteur minier et énergétique, mais également au niveau des industries de transformation et du BTP. Ainsi, sa valeur ajoutée devrait afficher un accroissement de 2% en 2024 au lieu de 0,3% en 2023.

De son côté, le secteur minier, qui avait affiché une contreperformance de son activité depuis l’année 2022, devrait connaître une hausse de sa valeur ajoutée de 1,6% en 2024 au lieu d’une baisse de 4,2% en 2023. Il devrait profiter de la demande extérieure, notamment en provenance de l’Inde et du Brésil, dans le contexte d’une baisse prévue des cours du phosphate et ses dérivés au niveau international.

Quant au secteur du bâtiment et travaux publics, sa valeur ajoutée devrait s’accroître à un rythme plus soutenu que celui enregistré en 2023, profitant de l’apaisement attendu des prix des matériaux de construction, de la consolidation de l’investissement public et des mesures relatives au soutien à l’acquisition des logements.

Les services marchands, tirés par la reprise de la demande intérieure, devraient enregistrer une croissance de 3,1% en 2024, notamment sous l’effet du raffermissement de la performance de l’activité touristique, du commerce et du transport ainsi que de l’amélioration des activités financières.

Corrélé à l’activité touristique, le transport aérien devrait continuer d’enregistrer une croissance soutenue en 2024. De même, le transport maritime devrait tirer profit de la dynamique des échanges commerciaux extérieurs, en particulier du redressement prévu des exportations de phosphate et de ses dérivés. De son côté, l’activité du commerce devrait afficher une bonne tenue en 2024 stimulée par l’accroissement de la demande intérieure, la poursuite de la performance du tissu productif national, et la décélération de l’inflation, enregistrant ainsi une croissance de 1,8% en 2024 au lieu de 1,1% en 2023.

Dans ces conditions, et compte tenu d’une évolution de 4,1% des impôts et taxes sur produits nets de subventions, le Produit Intérieur Brut devrait enregistrer une croissance de 3,6% en 2024 au lieu de 3,3% en 2023. Aux prix courants, le Produit Intérieur Brut devrait afficher une progression de 5,5% au lieu de 6,2% en 2023. L’inflation, mesurée par l’indice implicite du PIB, devrait ainsi ralentir à 1,8% en 2024 au lieu de 2,8% en 2023.

Amélioration de la demande intérieure

La demande intérieure devrait afficher une contribution positive à la croissance du PIB en 2024 s’élevant à 3,1 points au lieu d’un point estimé en 2023. Cette performance est attribuable à l’accroissement de la consommation des ménages qui devrait enregistrer une hausse de 1,6% contribuant ainsi de 1 point à la croissance économique, sur fond d’amélioration du revenu agricole et du maintien du rythme d’évolution tendanciel des transferts extérieurs, dans un contexte marqué par l’atténuation des effets d’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages. De son côté, la consommation des administrations publiques devrait enregistrer une hausse de 3,8% donnant lieu à une contribution positive de 0,7 point au PIB. Ainsi, la consommation nationale devrait évoluer de 2,2%, soit un rythme de croissance plus important comparativement à l’année 2023, contribuant pour 1,7 point à la croissance économique en 2024.

Tirant profit de l’amélioration des perspectives économiques, de la réduction des pressions inflationnistes, de la consolidation de l’orientation de la politique budgétaire en matière d’investissement, la formation brute de capital fixe devrait s’inscrire en hausse de 2,9% contribuant de 0,8 point à la croissance du PIB. Ainsi le volume de l’investissement brut devrait s’accroître d’environ 4,6% générant une contribution positive à la croissance de 1,3 point au lieu d’une contribution négative de 0,2 point en 2023. Tenant compte de ces évolutions, le volume de la demande intérieure devrait progresser de 2,8% au lieu de 0,9% en 2023.

Consolidation des échanges extérieurs sur fond de l’amélioration de la demande étrangère

L’amélioration prévue des perspectives économiques chez les principaux partenaires commerciaux devrait contribuer à l’accroissement de la demande adressée au Maroc et par conséquent à l’affermissement de l’offre exportable de l’économie nationale. Ainsi, les exportations de biens et services devraient afficher une accélération attribuable à la poursuite de la performance des exportations des métiers mondiaux, à l’amélioration des exportations agricoles et agroalimentaires, à la bonne tenue des exportations du secteur textile ainsi qu’au redressement prévu des exportations nationales en phosphate et ses produits dérivés.

 Par ailleurs, l’amélioration prévue de la campagne agricole et l’allégement des besoins en animaux vivants devraient limiter le recours massif à l’importation sur ce segment de produits. Toutefois, l’amélioration des perspectives économiques devrait contribuer à une relance des importations des biens intermédiaires et d’équipement.

Tenant compte de l’atténuation des pressions inflationnistes sur les marchés mondiaux notamment ceux des matières premières et de l’amélioration des conditions d’approvisionnement, les exportations de biens et services devraient enregistrer, en terme nominal, une évolution de 7,9% tandis que les importations devraient afficher une progression de 7,2%. Ainsi, le déficit en ressources devrait se maintenir à 10,1% du PIB en 2024.

Avec un accroissement du PIB nominal de 5,5% en 2024 et de la consommation finale nationale de 4,6%, le taux d’épargne intérieure devrait se situer à 20,6% du PIB en 2024 au lieu de 20% prévu pour l’année en cours en amélioration par rapport à 18,8% du PIB enregistré en 2022. En tenant compte des revenus nets en provenance du reste du monde qui devraient représenter près de 7,5% du PIB, l’épargne nationale devrait atteindre 28,1% du PIB au lieu de 27,8% du PIB en 2023 et 26,8% en 2022. Ce niveau d’épargne nationale devrait rester inférieur au niveau d’investissement brut représentant 29,1% du PIB au lieu de 28,6% du PIB prévu en 2023 et 30,3% enregistré en 2022. De ce fait, le besoin de financement de l’économie devrait atteindre 1% du PIB en 2024.

Légère accentuation du déficit budgétaire en 2024 

L’amélioration du rythme de croissance de l’économie nationale en 2024 et la baisse prévue des cours des matières premières devraient contribuer à limiter l’accentuation du déficit budgétaire qui devrait passer de 4,8% en 2023 à 5% du PIB après 5,2% en 2022.

Les recettes ordinaires devraient s’inscrire en hausse suite notamment à l’accroissement des recettes fiscales de 4,4%. Les impôts directs devraient augmenter de près de 4,7% contre seulement 2,7% une année auparavant, bénéficiant de la reprise des recettes de l’IS. Par ailleurs les recettes tirées de la TVA devraient afficher une hausse bénéficiant de la dynamique soutenue de la demande intérieure prévue en 2024.

De leur côté, les dépenses ordinaires devraient marquer un ralentissement de leur rythme de croissance à 4,3% atteignant ainsi 21,2% du PIB au lieu de 21,4% l’année précédente. Cette tendance devrait être attribuable au recul des dépenses de la compensation qui devraient atteindre 2,2% du PIB en 2024 au lieu de 2,7% du PIB en 2023, bénéficiant de la poursuite de l’atténuation des prix des matières premières à l’échelle mondiale.

Sur la base de l’hypothèse de la reconduction des mesures budgétaires mises en vigueur durant l’année 2023 et la poursuite des efforts de soutien de l’économie, les dépenses d’investissement devraient atteindre 6,2% du PIB au lieu de 6,5% du PIB en 2023.

Sur fond de la poursuite de l’allégement du besoin de financement, de l’amélioration du rythme de la croissance économique et du ralentissement plus lent que prévu de l’inflation, les indicateurs de l’endettement national devraient s’inscrire en baisse. En effet, le ratio de la dette extérieure garantie devrait se situer à 13,6% du PIB après de 13,8% en 2023. Tenant compte d’une légère hausse du ratio de la dette du trésor à 72,9% du PIB, le ratio de la dette publique globale devrait afficher une accentuation à 86,5%, après 85,8% du PIB attendu en 2023.

Les projections des agrégats monétaires en 2024 prennent en considération les prévisions de la croissance économique et de l’inflation, ainsi que les flux extérieurs nets qui devraient maintenir leur évolution tendancielle bénéficiant de l’amélioration des conditions économiques internationales.

En effet, les réserves nettes en devises devraient garder un niveau presque similaire à celui de l’année précédente, pour couvrir 5,2 mois d’importations. Pour leur part, les créances nettes sur l’administration centrale devraient poursuivre leur tendance haussière. Elles devraient afficher une progression à deux chiffres, reflétant le recours du Trésor au marché domestique pour assurer ses engagements en matière de relance économique. Ainsi, et tenant compte d’une légère décélération prévue des crédits bancaires, la création monétaire devrait avancer de 5,5%, en ralentissement par rapport à 7,2% prévu en 2023.

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