Export: Accentuation des risques d’impayés
Dans un contexte économique particulier marqué par l’inflation élevée et la hausse des taux d’intérêt, comment les entreprises arrivent-elles à maintenir leurs engagements et atteindre leurs objectifs de croissance ?
Fear factor : la crainte du risque d’impayés se renforce
Par rapport à la précédente édition, le nombre d’entreprises qui s’attendent à une hausse des délais de paiement à l’export a crû : elles étaient 31% à le craindre en 2022, elles sont désormais 42%. Les exportateurs français sont alignés avec cette perception (41%), et c’est aux USA et au Royaume-Uni que les craintes sont les plus élevées (respectivement 50 et 48%).
En conséquence, le nombre d’entreprises qui s’attendent à une recrudescence du risque d’impayés à l’export s’est aussi fortement accru (+11 pts vs 2022) et atteint désormais 40%. Cette fois encore, les entreprises françaises partagent la même vision avec 40% des répondants craignant une résurgence du risque d’impayés à l’export en 2023. Les Etats-Unis (47%), l’Allemagne (46%) et le Royaume-Uni (43%) sont les plus pessimistes à cet égard.
« Les entreprises doivent faire face simultanément à une faible demande, des pressions additionnelles sur leur rentabilité et des conditions de financement qui se resserrent. Dans ce contexte elles s’attendent clairement à subir des délais de paiement à l’export plus long et un risque d’impayés à l’international plus fort en 2023. Cette perception est alignée avec nos prévisions de défaillances d’entreprises, que nous attendons en croissance à l’échelle mondiale de +21% en 2023 (après +2% en 2022) », explique Aylin Somersan Coqui, CEO d’Allianz Trade.
L’optimisme des exportateurs recule
En 2023, plus de 70% des entreprises s’attendent à une croissance de leur chiffre d’affaires à l’export. Cet indicateur est en recul de -10 points par rapport à la précédente édition de l’Allianz Trade Global Survey (80% – 2022). Un déclin qui trouve sa source dans un environnement économique moins favorable aux échanges commerciaux : selon Allianz Trade, en 2023, le commerce mondial devrait croître très modérément en volume (+0,7% contre +3,8% en 2022) et se contracter en valeur (-0,1% contre +9,7% en 2022). Même si les entreprises restent relativement optimistes en matière de développement export, l’incertitude économique reste forte.
Comment se positionnent les entreprises françaises à ce sujet ? « L’optimisme des entreprises françaises reste particulièrement résilient : 76% des répondants s’attendent à une hausse de leur chiffre d’affaires à l’export, soit une très légère baisse de -1 point par rapport à 2022. Avec les espagnols (77%), les exportateurs français sont les plus optimistes pour 2023, loin devant l’Allemagne (55%), la Pologne (60%) et l’Italie (65%). Concrètement, les pays les plus pessimistes sont ceux qui ont été le plus affectés par la crise énergétique », répond Ana Boata, Directrice de la recherche économique d’Allianz Trade.
Autre signe de prudence accrue, les entreprises semblent avoir un appétit moindre pour la conquête de nouveaux marchés : au global, 63% des répondants favorisent la croissance des investissements dans un pays où ils sont déjà présents, alors que 47% seulement prévoient d’investir dans de nouveaux pays. Par ailleurs, plus de 55% des entreprises prévoient de faire croître leur part de marché dans un pays où elles sont déjà présentes, alors que 52% souhaitent diversifier leur approche et viser de nouveaux pays.