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Le Maroc pourrait multiplier par 6 ses exportations de matériaux de construction

Dans le cadre de la politique de substitution que le Royaume du Maroc prône afin de consolider son tissu industriel, l’Office des Changes a mis en place un programme visant à réaliser une série d’études afin d’une part faire un état des lieux sectoriels et d’autres part identifier les leviers potentiels.

La première étude traite des performances et des capacités de développement de la filière des matériaux de construction.

L’une des conclusions révélées par cette étude est que le Royaume pourrait multiplier par 6 ses exportations de matériaux de construction pour atteindre un flux annuel de l’ordre de 3 milliards de dollars. L’étude précise, par ailleurs, que les volumes exportés de matériaux de construction par certains pays concurrents ou partenaires du Maroc sont déjà à des chiffres beaucoup plus importants.

Les résultats de cette étude montrent, également, que le Maroc est en mesure de transformer une part importante de ses 21 Mds DH d’importations de produits et matériaux de construction en production locale.

État des lieux

La filière des matériaux de construction occupe une place cruciale dans l’industrie marocaine vu son interdépendance avec plusieurs activités économiques, notamment, celles liées au BTP. En effet, cette industrie accompagne le développement des infrastructures stratégiques du pays, comme les ports et aéroports, routes et autoroutes, ponts et barrages, et contribue à l’essor du logement social. Le secteur du BTP joue, aussi, un rôle important dans la création d’emplois destinés en grande partie pour la main d’œuvre non qualifiée. Il participe à réduire le taux de chômage et à assurer une prise en charge des familles provenant de l’exode rural.

Au niveau des échanges extérieurs du Maroc, les produits de la filière des matériaux de construction s’accaparent une part moyenne de 4,2% du total des produits importés au cours de la dernière décennie. S’agissant des exportations de ces produits, elles ne représentent qu’une part moyenne de 1,1% au cours de la même période.

La propagation de la pandémie de Covid-19 a impacté tous les secteurs économiques et toutes les activités sociales, au niveau national et international, avec des conséquences néfastes sur les populations et les entreprises. La filière des matériaux de construction se trouve parmi les activités économiques les plus touchées par la crise sanitaire, dont les répercussions furent amplifiées par les mesures de confinement et les limitations de la mobilité des personnes.

Ainsi, dans le but de développer ladite filière et d’assurer une relance post-covid19 optimale, la commande publique fléchée prioritairement en faveur du « Made in Morocco » et la protection de la production locale de matériaux de construction face aux importations massives de produits concurrents, sont parmi les recommandations qui s’imposent assez naturellement pour garantir la pérennité des entreprises et des emplois de cette filière.

Comprendre les enjeux de la filière des matériaux de construction nécessite une connaissance approfondie de son état, de son fonctionnement, de sa dynamique, de ses performances et de ses problématiques structurelles et conjoncturelles.

A cet effet, la présente étude se propose d’analyser dans un premier temps la balance commerciale de la filière des matériaux de construction et puis d’étudier globalement l’impact d’une politique de substitution des inputs d’origine étrangère par la production nationale sur la balance commerciale du Maroc. Dans cette optique, cinq axes d’analyse ont été privilégiés :

Le premier axe comporte des éléments d’analyse globale de la filière des matériaux de construction et des secteurs avec lesquels elle interagit, ceux du BTP, de la construction et de l’immobilier. Cette analyse est fondée sur l’étude des caractéristiques, des indicateurs et des performances des secteurs précités.

Le deuxième axe est dédié à l’analyse du commerce extérieur de la filière des matériaux de construction ventilée par les principaux produits échangés et par les principaux partenaires du Maroc en la matière. Cette partie s’intéressera également à situer l’industrie marocaine des matériaux de construction vis à vis d’un échantillon de pays concurrents ainsi que sur le marché mondial. Cette analyse permet de comprendre les mutations qui sont en cours au niveau de l’industrie des matériaux de construction, tant en matière de progrès technologique, d’exigences réglementaires ou de normes environnementales.

Le troisième axe décrit la chaîne de valeur de la filière des matériaux de construction, à travers l’identification et la segmentation de ses principaux acteurs. À cela s’ajoute une analyse de la concentration géographique de la filière des matériaux de construction, ainsi que de l’importance de l’innovation, du développement technologique et de la transition écologique pour cette activité. Cette partie porte la focale, aussi, sur le potentiel de substitution des importations de matériaux de construction par la production nationale, notamment à travers les pistes proposées dans le cadre de la Banque des projets industriels lancée par le ministère de tutelle. Une analyse d’impact des politiques de relance sur le marché local et des politiques de substitution des importations sur la balance commerciale, est également proposée.

Pour conclure l’étude, de nouvelles perspectives sont ouvertes grâce au pari stratégique du NMD qui vise à ériger un « Maroc Audacieux » à travers cinq paris d’avenir, dont celui consistant à « Faire du Made in Morocco un marqueur de qualité, de compétitivité et de durabilité, accélérant l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales et régionales

Au cours de cette étude, ll est souligné que le Maroc était en capacité de transformer une part importante de ses 21 Mds DH d’importations de produits et matériaux de construction en production locale.

L’ industrie nationale peut se fixer des objectifs encore plus ambitieux et aller conquérir des marchés à l’export, à travers, notamment, la transformation de ses process industriels en les rendant moins énergivores et plus sobres en carbone, la production des produits à forte valeur technologique et finalement, en déployant efficacement les différents outils d’incitations publiques à caractère financier, bancaire et fiscal pour réussir sa transformation structurelle, sa modernisation et son développement à l’international.

Faut-il rappeler que le marché mondial des matériaux de construction est évalué à plus de 600 milliards de dollars par an. Un objectif réaliste à l’horizon 2026 serait d’atteindre une part de marché de 0,5%, ce qui permettra à l’économie nationale de multiplier par 6 ses exportations de matériaux de construction pour atteindre un flux annuel de l’ordre de 3 milliards de dollars.

Il est à rappeler que les volumes exportés de matériaux de construction par certains pays concurrents ou partenaires du Maroc sont déjà à des chiffres beaucoup plus importants : 6,5 milliards de dollars en 2021 pour le Portugal, 11,6 milliards pour la Turquie, 16,1 milliards pour la France, 17,7 milliards pour l’Espagne et 24,1 milliards pour l’Italie. Quant à l’Égypte, les flux de ses exportations en matériaux de constructions dépassent les 2 milliards de dollars en 2021, soit 3,6 fois le niveau du Maroc (580 millions de dollars)

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