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Qualification professionnelle: Seulement 4% des Enseignants des AREFs!

Dans son dernier rapport annuel, la Cour des comptes dresse un tableau estomaquant où le doute sur l’espoir est-il permis encore ou non :Nos enfants sont-ils entre de bonnes mains, sous la protection d’enseignants d’expérimentés, compétents et rassurants?

Le secteur de l’éducation nationale dispose de deux corps d’enseignants distincts ayant des missions similaires. En effet, la loi n°07.00 portant création des académies régionales d’éducation et de formation (AREFs), a prévu la continuation de la sujétion des cadres relevant du ministère, en situation de détachement, au statut général de la fonction publique, ainsi qu’aux dispositions de leurs statuts particuliers, alors que les académies disposent d’un personnel qui leur est propre et qui se constitue d’agents recrutés par leurs soins conformément au statut du personnel fixé par décret (ce décret n’a pas encore été promulgué).

En outre, un grand nombre de cadres enseignants des AREFs, n’a pas été soumis à l’examen de qualification professionnelle, pour l’obtention du Certificat d’aptitude professionnelle. En effet, sur 83.422 enseignants recrutés, seuls 3.568 ont passé leurs examens de qualification professionnelle, soit environ 4%.

L’absentéisme constitue un facteur majeur qui a un impact direct sur la scolarisation des élèves. A ce titre, il est enregistré une augmentation notable de la déperdition, en raison de l’absentéisme des enseignants. En effet, le nombre d’absences d’enseignement perdues pour les élèves est passé de 117.323 jours pour l’année scolaire 2016/17 à 207.463 jours en 2020/21. Le plus haut niveau d’absentéisme concerne le cycle primaire, suivi du collégial et du qualifiant.

Au niveau du déploiement du personnel enseignant, il y a lieu de souligner l’inadéquation entre le besoin effectif en enseignants et les besoins exprimés résultant de la carte scolaire théorique. D’autant plus que l’indicateur nombre d’élèves pour chaque enseignant, considéré comme l’un des indicateurs les plus utilisés pour évaluer la répartition des enseignants, connaît encore une disparité importante entre les cycles, les académies, les préfectures et provinces, malgré son amélioration au niveau national (28 élèves par enseignant en 2017 contre 25 en 2021).

En outre, bien que le recrutement soit décentralisé, la répartition des ressources humaines est encore arrêtée au niveau central. De plus, la mobilité reste un facteur d’instabilité pédagogique dans les établissements scolaires. A ce titre, l’autorisation accordée aux cadres des académies de participer au mouvement national, d’une part et d’autre part, la diminution du nombre d’années d’anciennetés nécessaires pour pouvoir participer au mouvement ont conduit à un accroissement de l’effectif des participants au mouvement national (de 33.734 enseignants en 2017 à 80.345 en 2021).

Cette situation concerne principalement les zones rurales, en particulier les établissements d’enseignement primaire, dont les enseignants représentent plus de 64% de l’ensemble des enseignants ayant bénéficié dudit mouvement.

L’évaluation des ressources humaines permet l’amélioration continue de la qualité et favorise le développement de l’efficacité, l’efficience et l’équité du système. Toutefois, aucun système d’évaluation basé sur les résultats n’est actuellement appliqué : les promotions restent plus basées sur l’ancienneté que sur le rendement et l’avancement de grade est souvent accordé sans prendre en compte la compétence et le mérite. En outre, le taux d’encadrement des inspecteurs pédagogiques qui sont les premiers évaluateurs des enseignants, ne cesse de s’aggraver, en raison de l’augmentation importante des effectifs des enseignants depuis 2017, ainsi que de la diversification des missions du corps de l’inspection pédagogique (les missions administratives ayant tendance à prendre le dessus sur les missions pédagogiques).

Sur le plan organisationnel, il y’a lieu de noter l’absence d’évaluation du schéma organisationnel adopté par le département en charge de l’Education nationale dans ses relations avec les Académies en tant qu’établissements publics. De plus, et en dépit des avancées en matière de délégation de pouvoirs accordées aux AREF, les décisions stratégiques de gestion des ressources humaines (recrutement, mobilité, motivation) restent encore du ressort du Ministère, ce qui ne permet pas une réelle autonomie des Académies.

Enfin, il y’a lieu de noter l’absence d’un système d’information intégré au niveau du département de l’éducation nationale. Des discordances significatives ont été relevées entre les informations produites par le ministère et celles produites par les académies. Le système actuel n’est pas en mesure de fournir des données détaillées sur le système éducatif aux niveaux national, régional et local, et de relier les informations entre elles, telles que celles relatives aux ressources humaines, aux établissements d’enseignement et aux résultats des étudiants.

En vue de remédier aux insuffisances constatées, la Cour des comptes a recommandé au Ministère chargé de l’éducation nationale d’assurer une répartition équilibrée des enseignants entre les académies, les directions régionales et les écoles en établissant des normes objectives de mobilité et de recrutement en fonction des besoins, de revoir le système de mobilité en veillant à la stabilité pédagogique des établissements, ainsi que de veiller au renforcement de l’autonomie des AREFs en matière de gestion des ressources humaines.

La Cour des comptes a recommandé, également, au ministère de revoir les mécanismes d’évaluation en vue de rehausser la qualité de l’éducation et d’accélérer le processus d’intégration du système d’information pour une information produite, fiable et exhaustive, permettant une prise de décisions rationnelle et fondée.

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