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L’Irak interdit les importations d’alcool

En Irak, les Douanes ont annoncé, samedi, l’interdiction des importations d’alcool sur la base d’une loi controversée, récemment entrée en vigueur dans le pays musulman largement conservateur, où des observateurs dénoncent un tour de vis sur les libertés individuelles.

La consommation d’alcool est un sujet clivant en Irak et ce n’est pas la première fois que l’interdiction fait débat. Si des boutiques spécialisées, dont les propriétaires sont en général issus des minorités chrétienne ou yazidie, ont pignon sur rue à Bagdad, restaurants et hôtels proposent rarement de l’alcool et la consommation reste mal vue.

De 6400 à 16’000 dollars d’amende

«L’Autorité générale des douanes a donné pour instruction à tous les centres douaniers d’interdire l’entrée sur le territoire de tout type de boissons alcoolisées», explique le texte. Cette «directive» est basée sur une loi publiée le 20 février au «Journal officiel», portant sur «le financement des municipalités». L’article 14 de cette législation «interdit d’importer, de produire et de vendre des boissons alcoolisées». Selon le texte de loi, les contrevenants risquent une amende allant de dix millions à 25 millions de dinars irakiens (de 6400 à 16’000 dollars).

Malgré les récentes initiatives gouvernementales, les boutiques d’alcool sont restées ouvertes à Bagdad. Samedi après-midi, ces magasins fonctionnaient normalement, même si l’un d’eux reconnaissait que son stock s’épuisait.

Non-respect des droits des minorités

La loi avait été votée en 2016 par le Parlement, mais n’était jamais entrée en vigueur. Plus tôt cette semaine, les cinq députés du bloc chrétien au Parlement ont présenté un recours contre la loi devant le Tribunal fédéral, arguant de l’inconstitutionnalité de l’article en question et du non-respect des droits des minorités, a indiqué le parlementaire Duraid Jameel.

«Cet article 14 restreint les libertés et contrevient à la Constitution irakienne, qui accorde ces libertés», a estimé Moustafa Saadoun, de l’Observatoire irakien pour les droits de l’homme. «Cette loi fait partie d’un ensemble global qui vise à restreindre les libertés», les autorités ayant également lancé une campagne pour emprisonner youtubeurs et tiktokeurs, accusés de partager des «contenus décadents».

«Ce sont des libertés personnelles!»

Rencontré dans le quartier de Kerrada, dans le centre de Bagdad, Sarmad Abbas, agent immobilier de 44 ans, reconnaît l’interdiction religieuse pour les musulmans de boire de l’alcool. «Mais ce sont des libertés personnelles, on ne peut pas interdire au citoyen de les pratiquer», souligne-t-il, estimant qu’avec la nouvelle mesure, «tout va se faire au marché noir».

Sur Twitter, le militant Yazidi Murad Ismael rappelait récemment que contrairement à l’Islam, d’autres religions «n’interdisent pas l’alcool, mais la législation leur impose les mêmes contraventions». La nouvelle loi contredit une décision gouvernementale adoptée le 14 février, qui imposait une taxe douanière de 200% sur les «boissons alcoolisées importées», pour une durée de quatre ans. De fait, la région autonome du Kurdistan, limitrophe de la Turquie, dans le nord de l’Irak, et qui gère ses propres postes-frontière, n’est pas automatiquement concernée par ces mesures du gouvernement fédéral.

(AFP)

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