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Le Japon se rapproche du Maroc sur le dossier halieutique

Dans ce contexte où la justice européenne avait annulé les accords de pêche  entre le Maroc et  l’UE, le Japon multiplie les signaux de rapprochement. Ce mardi à Rabat, l’ambassadeur japonais, Nakata Masahiro, s’est entretenu avec la secrétaire d’État chargée de la Pêche maritime, Zakia Driouich, pour discuter de l’Accord de pêche bilatéral, dans la perspective de la consultation annuelle prévue cette année à Tokyo. Alors que les exportations marocaines de produits de la mer vers le Japon connaissent une baisse préoccupante de près de 30 % en huit ans, le « pays du soleil levant se positionne en partenaire stratégique pour relancer la filière.

Mme Driouich et l’ambassadeur Nakata ont affiché une volonté claire d’accélérer les échanges techniques et économiques, en tenant compte des défis environnementaux et des transformations de la gouvernance halieutique mondiale.

Le Japon voit dans la situation actuelle une opportunité d’approfondir un partenariat historique, en accompagnant le Maroc dans une reconversion du secteur. Technologie, formation, traçabilité, pêche durable : autant de domaines dans lesquels l’expertise japonaise pourrait contribuer à relancer la compétitivité marocaine. Tokyo voit dans le Maroc un partenaire stratégique en Afrique et sur l’Atlantique, capable d’offrir des ressources maritimes, des débouchés commerciaux et un potentiel de transformation. Le Japon, partenaire de référence depuis plus de 40 ans, pourrait accompagner le Maroc dans sa transition vers une filière plus résiliente et innovante, étant le  premier bailleur de fonds du secteur des pêches maritimes marocain, indique un communiqué du secrétariat d’Etat.

Les exportations marocaines plongent de 30 % en huit ans

Entre 2016 et 2024, les exportations ont perdu près d’un tiers de leur valeur, chutant de 1,5 milliard de dirhams à 1,065 milliard, selon les données de l’Office des Change. Une baisse préoccupante qui touche presque toutes les catégories, à l’exception d’un produit inattendu : l’agar-agar, en pleine ascension.

Un recul quasi généralisé

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les crustacés, mollusques et coquillages, longtemps fers de lance des exportations marocaines, accusent une baisse de 30 %, soit une perte sèche de plus de 329 millions de dirhams. Même tendance pour les poissons frais ou transformés, qui perdent jusqu’à 86 % de leur valeur à l’export pour certaines catégories comme les huiles ou farines de poissons. Autre donnée frappante : les poissons vivants, encore exportés à hauteur de 5,7 millions de dirhams en 2016, ont complètement disparu des radars en 2024.

Un seul rescapé : l’agar-agar

Dans ce tableau morose, une exception se détache : l’agar-agar, extrait gélifiant issu des algues rouges. Ses exportations ont bondi de 56 % en huit ans, atteignant près de 105 millions de dirhams en 2024. Un chiffre révélateur de la demande croissante pour ce produit prisé dans l’agroalimentaire, la pharmacie ou les cosmétiques. « Cette progression reflète un recentrage du secteur vers des niches à forte valeur ajoutée », analyse un expert du commerce extérieur. Paradoxalement, les algues brutes, matière première de l’agar-agar, ont vu leurs exportations baisser de près de 30 %, ce qui pourrait indiquer une transformation accrue sur le territoire national.

Tokyo veut accélérer la relance

Conscient de l’enjeu, le Japon a exprimé sa volonté de donner une nouvelle dynamique à la coopération halieutique avec le Maroc. Ainsi, les deux parties ont salué la qualité des relations bilatérales, qui se sont traduites par de nombreux projets majeurs, notamment les plus récents, la construction du navire de recherche océanographique Al Hassan Al Marrakchi (financé par un prêt japonais en 2018), la réalisation du projet de développement du village de pêcheurs nouvelle génération de Souiria K’dima (2024-2027) et le projet de développement de l’aquaculture pour la croissance bleue (en cours de réalisation). Les discussions ont également porté sur la relance du programme de coopération tripartite pour la formation entre le Maroc, le Japon et les autres pays africains (projet precaf II), qui vise à renforcer les capacités des ressortissants africains dans le secteur halieutique, rapporté la Map.

Ce dialogue renforcé entre Rabat et Tokyo intervient à un moment charnière pour le secteur. Notre pays gagnerait à renforcer sa valeur ajoutée locale, à stabiliser ses ressources et à se repositionner sur les marchés internationaux.

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