- Asmae EL KOHEN
- Directrice Capital Humain à l’ONDA
- Vice-Présidente de l’AGEF
La crise sanitaire et ses conséquences ont remis la qualité de vie au travail au cœur des enjeux RH. La QVT (Qualité de Vie au Travail) se réinvente pour devenir depuis Mars 2022 la QVCT (Qualité de Vie et Conditions de Travail). Mais est-ce qu’une lettre de plus peut vraiment changer le fond des choses ? Et que se cache- t-il derrière ce nouvel acronyme ?
La qualité de vie au travail (QVT) correspond à une démarche qui regroupe toutes les actions permettant d’améliorer la façon de travailler au sein d’une entreprise. Elle s’appuie fortement sur l’expression et la participation des collaboratrices et des collaborateurs. Il s’agit d’un processus social concerté, centré sur l’amélioration des conditions du travail à des fins de développement des personnes et des services. Faire de la prévention primaire un pilier de la QVT par le biais de cet acronyme, c’est là tout l’enjeu de la QVCT. Repérer les risques pour les éviter permet d’accompagner tous les acteurs de l’entreprise dans des conditions bénéfiques et d’intervenir avant que les situations deviennent dangereuses.
En ajoutant à la QVT la notion de « Conditions », l’objectif reste le même, mais permet de consacrer définitivement la notion des conditions de travail pour agir concrètement et innover. Elles donneront aussi plus de poids pour mettre fin à des projets jugés trop superficiels parfois trop éloignés des enjeux réels d’organisation du travail. La QVCT nous ramène en effet aux sujets centraux d’une organisation: les pratiques managériales, le maintien dans l’emploi, les trajectoires professionnelles, la conduite des transformations… Elle cible également les conditions d’exercice du travail, les rythmes, l’équilibre « pro-perso », le sens donné à son activité professionnelle. Cela s’inscrit indiscutablement dans une série d’actions sérieuses et connectées de manière directe à celle des conditions de travail.
En proposant d’articuler la qualité de vie des collaboratrices et des collaborateurs, leurs conditions de travail et la performance de leur organisation, l’enjeu posé est majeur : faire de la QVCT un pilier stratégique. Cela implique de privilégier une approche intégrative, s’appuyant sur un référentiel solide et identifiant un certain nombre de déterminants qui, positivement évalués, sont largement prédictifs d’un équilibre entre le développement des collaboratrices et des collaborateurs et la qualité de service.
Les collaboratrices et les collaborateurs auront ainsi davantage la possibilité de s’exprimer et de participer aux changements prochains d’organisation, de management et de prévention santé. Il ne s’agit pas de l’engagement et des convictions du DRH seul mais d’un engagement collectif durable. Une telle démarche nécessitera de former les managers, mais aussi d’intégrer toutes les parties prenantes de l’entreprise, en organisant des discussions sur le travail et ses conditions avec les collaboratrices et les collaborateurs.
La QVCT est une démarche intégrée qui doit être pilotée à tous les échelons aussi bien stratégiques qu’opérationnels :
• Le manager a un rôle à jouer dans l’amélioration de la QVCT. Il doit être engagé dans la démarche, son rôle est de motiver, accompagner et encourager les collaborateurs dans une démarche participative ;
• Les marges de manœuvre des acteurs responsables doivent être étendues leur permettant de développer des projets dans le cadre d’une approche QVCT ;
• Un soutien permanent au niveau des acteurs opérationnels doit être garantit : une démarche QVCT ne s’apparente donc pas à la mise en place de mesures ponctuelles, mais bien à une modalité de conduite des projets et de management qu’il convient d’intégrer dans la pratique quotidienne des différentes entités ;
• Les démarches QVCT ne sont pas des démarches « clés en main », diagnostic, priorisation, expérimentation, évaluation continue, déploiement, de nombreux outils peuvent être mobilisés selon chaque contexte ;
• Favoriser les apprentissages collectifs et les échanges entre professionnels.
Adopter une démarche QVCT, c’est donc perfectionner progressivement et collectivement les manières de travailler dans une entreprise via des actions opérationnelles et participatives. Le but ? Agir sur le contenu du travail pour créer des conditions de travail favorables à l’épanouissement de chaque collaboratrice et collaborateur, tout en en optimisant les performances durables de l’entreprise. Une performance est certes économique mais aussi sociale, environnementale, technique, etc. Toutes ces dimensions et bien d’autres dépendent de la cohésion des équipes, de la qualité des interfaces et de la collaboration entre les différentes parties prenantes.
De ce fait, la QVCT est liée aux notions de bien-être au travail et de prévention des risques. Elle s’inscrit dans une dynamique participative avec une dimension collective qui consiste à former et à embarquer tous les acteurs à tous les niveaux.
