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LA FEMME NOTAIRE CHEFFE D’ENTREPRISE

  • Maître Ratiba SEKKATE
  • Première femme marocaine nommée Notaire par dahir chérifien

Si la femme marocaine n’a investi le monde du Notariat moderne qu’au cours des années 1970, alors que le Notariat est instauré au Maroc par le protectorat depuis 1912 et officiellement réglementé légalement par le Dahir du 04 Mai 1925, relatif à l’organisation de la profession de Notaire ; la femme marocaine bravant  les difficultés sexistes et sociétales, brisant les tabous et les limites sociales freinant son émancipation,  a pu accéder tardivement à la profession de Notaire.

L’histoire du Maroc démontre et témoigne de femmes marocaines talentueuses, célèbres et incroyablement entreprenantes qui ont réalisé et accompli merveilleusement des actions et des projets dans moults secteurs d’activités au sens de la démarche entrepreneuriale en adéquation avec leurs valeurs et convictions, pour atteindre leur objectif en réalisant leurs projets dans la meilleure articulation entre vie professionnelle et personnelle, l’exemple en est Fatima Al Fihriya, Zayneb AL Nafzaniyyah, Touria Chaoui, Khnata Ben Bekkar, Fatima Mernissi, pour n’en citer que quelques-unes.

C’est grâce à la volonté de nos souverains, Sa Majesté le défunt Roi Mohamed V, père de la nation, Sa Majesté le défunt Roi Hassan II Monarque bâtisseur et visionnaire, que dieu ait leurs âmes en sa sainte miséricorde, et la ferme volonté de notre souverain Mohammed VI, que dieu le préserve et le glorifie, de libéraliser et moderniser la société marocaine, que la femme marocaine a eu vocation à l’égalité des droits avec les hommes, par la grâce d’une véritable initiative politique en faveur de la femme marocaine.

Toutefois, non pas sans trop de difficultés, mais grâce à la vision éclairée et moderniste de nos souverains que la première femme marocaine a pu être nommée par Dahir de sa Majesté le Roi Hassan II, comme Notaire, titulaire d’une étude notariale début des années 1980.

Cet événement n’a pas manqué d’inspirer la gent féminine d’intégrer cette noble profession qui compte actuellement 845 femmes notaires contre 965 hommes notaires, alors que cette profession est marquée par des codes très masculins, la parité est ainsi presque effective dans la profession notariale au départ très masculine. 

Dans le monde notarial, les études de notaire sont considérées comme de véritables entreprises par l’investissement initial à l’acquisition des études, les investissements dans l’informatique et l’électronique, pour l’aménagement des locaux et pour la constitution d’une documentation juridique abondante devant être renouvelée au fil de l’évolution des textes de lois.

Lesdites études sont gérées par des hommes et des femmes notaires, véritables chefs d’entreprise dont ils et elles sont responsables et dont ils ont la charge.

Lesdits notaires, chefs d’entreprises, pilotent et dirigent le groupe de salariés au sein d’une organisation à différentes ressources leur permettant de remplir honorablement leur mission, que ça soit les ressources humaines (salariés, associés, etc.), ressources matérielles et même des ressources immatérielles comme la réputation de l’entreprise avec la finalité qu’a une entreprise de réaliser un profit par la production des biens et services, actes, conseils et accompagnement.

 Si la parité est atteinte dans notre profession, la femme notaire reste toujours victime des injonctions contradictoires sur la manière d’être en affaires. Si elle se conforme au stéréotype féminin, elle risque d’être vu comme trop gentille, voire même incompétente; à contrario, si elle développe des compétences stéréotypées comme masculine (ambition, autorité, etc.) elle peut être considérée comme trop dure, autoritaire, manquant de féminité, et c’est à la femme notaire de trouver un équilibre de comportement pour ne vaciller ni dans un sens ni dans l’autre, chose dont le notaire homme est dispensé.

Malgré la féminisation de certaines professions libérales, tel que le notariat largement féminisé, l’égalité des revenus pour les femmes est loin d’être acquise, la femme en milieu notarial constate aisément que le statut libéral n’est pas compatible avec la maternité, vu les nombreuses difficultés familiales qui s’imposent à elle en début de carrière d’autant plus que cette profession reste historiquement liée à une image masculine.

En plus de ces entraves, il ne faut pas oublier que la femme doute davantage que l’homme de sa capacité à réussir, qu’elle a toujours une aversion pour le risque, sa crainte d’une perte de revenus, pour l’endettement excessif qui risquent de mettre en péril son équilibre familial et qui réduit les chances de la pérennité de son entreprise.

Malgré les performances intellectuelles et professionnelles de la femme exerçant dans le domaine libéral et spécialement notarial, ses craintes naturelles dictées par la prise de risque, la peur d’échouer, le manque de confiance en soi, la frilosité à participer aux instances représentatives de la profession, la place au second rang professionnellement, chose qu’elle pourrait surmonter par sa ténacité, sa persévérance et son endurance  pour atteindre son objectif de performance et mériter le respect et la place qu’elle lui sied.

Le notariat est un métier qui réussit bien aux femmes, toutes y ont leur place à condition de justifier d’une bonne formation professionnelle, avoir un niveau intellectuel de haute qualité, et de se tracer une stratégie fixant des objectifs précis et mesurables, au risque d’avoir des journées rallongées.

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