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A 38 ans, Marta Ortega va diriger l’empire Zara

A 38 ans, elle sera la femme la plus puissante du prêt-à-porter mondial: Marta Ortega, fille du multimilliardaire Amancio Ortega, va prendre vendredi, les rênes du géant espagnol Inditex, maison-mère de Zara, à un moment-clé pour l’avenir du groupe. Décrite comme discrète et réservée, la plus jeune des trois enfants Ortega était pressentie depuis plusieurs années pour succéder à son père, à la tête de la holding aux 6500 boutiques et aux 174’000 salariés. 

Préparée depuis 15 ans

Mais ce n’est qu’à l’automne que sa nomination a été officialisée, dans le cadre d’une réorganisation orchestrée par Amancio Ortega en personne – après dix ans de «régence» de son ancien bras droit Pablo Isla, artisan de l’expansion du groupe à l’international. «Nous préparions cette transition depuis longtemps», a raconté Pablo Isla lors d’une conférence de presse. «Cela fait quinze ans que Marta travaille dans l’entreprise. Elle a dirigé beaucoup de projets» et «la connaît sur le bout des doigts», a-t-il insisté. 

Vendeuse incognito

Née le 10 janvier 1984 de l’union entre le milliardaire et sa deuxième épouse Flora Perez, Marta Ortega, silhouette longiligne et cheveux blonds, a grandi à La Corogne, ville de Galice située à la pointe ouest de l’Espagne, avec sa demi-sœur Sandra et son demi-frère Marcos. Diplômée de l’European Business School de Londres en 2007, elle a fait ses premiers pas, incognito, dans le groupe familial comme vendeuse dans une boutique Zara de la capitale britannique, après avoir fréquenté un collège religieux de Galice puis un prestigieux lycée privé en Suisse.

«La première semaine, j’ai cru que je n’allais pas survivre. Mais ensuite, on devient d’une certaine façon accro au magasin», a raconté, lors d’un rare entretien au «Wall Street Journal», cette passionnée d’équitation. Mais selon le quotidien espagnol «El País», ses collègues, surprises d’apercevoir une montre Rolex à son poignet, auraient rapidement compris qui elle était. 

Manque d’expérience?

Partie ensuite rejoindre le siège d’Inditex en Galice, Marta Ortega «a baigné depuis toute jeune dans l’entreprise» et a tissé durant son parcours «de nombreux liens avec le monde de la mode», souligne Alfred Vernis, professeur à l’école de commerce Esade et ancien cadre du groupe textile. La fille d’Amancio Ortega, installée à La Corogne avec son second mari Carlos Torretta et ses deux enfants, a travaillé ces dernières années à la supervision du design et à la montée en gamme de l’enseigne espagnole. Elle n’a en revanche pas occupé de poste exécutif, ni dirigé de filiale. 

Discrétion cultivée

Un parcours qui explique en partie son déficit de notoriété: la jeune femme ne s’est quasiment jamais exprimée dans les médias, même si elle est apparue à plusieurs reprises en photo dans des journaux people, lors d’événements hippiques par exemple. Son manque d’expérience en management et en finance sera-t-il un handicap? Lors de l’annonce de sa nomination, le net recul du cours de Bourse avait laissé transparaître l’inquiétude du marché. Mais depuis, les craintes semblent s’être estompées.

Marta Ortega, qui touchera un million d’euros par an à la tête d’Inditex, «a été bien préparée» et sera «bien entourée», juge Alfred Vernis, qui rappelle que deux de ses oncles maternels occupent des postes de direction au sein du groupe: l’un à la tête de Zara, l’autre de la marque Massimo Dutti. 

Année 2022 compliquée

En outre, la jeune femme occupera la présidence du groupe et non sa direction générale, confiée à Oscar García Maceiras, ancien du géant bancaire Santander. «C’est lui qui prendra les décisions exécutives», même si «elle aura un rôle à jouer» face aux défis auxquels le groupe est confronté, souligne le chercheur.

Fondé en 1985 par Amancio Ortega, fils de cheminot et autodidacte devenu l’homme le plus riche d’Espagne, le leader mondial de la mode bon marché se prépare à une année 2022 compliquée, en raison de la guerre en Ukraine, qui l’a conduit à suspendre ses activités dans ses 502 magasins russes. 

Virage écolo

Il s’est par ailleurs engagé dans un «virage vert» délicat, afin de réduire son impact environnemental – l’industrie textile étant l’une des plus polluantes au monde. Or, il reste «beaucoup de chemin à parcourir» sur ce terrain, souligne Alfred Vernis, pour qui ce virage «aura un coût» important pour Inditex.

AFP

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