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Qui cherche la peau d’Akhannouch ?

Sale temps pour l’actuel chef du gouvernement, chahuté par une bataille rangée, en proie à une humiliation renouvelée. A peine six mois aux commandes de la politique du Maroc, voici que Aziz Akhannouch suscite un tollé général et s’attire les foudres de la majorité du peuple éprouvant un vif sentiment d’indignation exprimé par des mouvements de protestation. Mais pourquoi alors tous ces flux de déchaînement de haine et d’agitation extrême contre l’ami du Roi ? Sa situation n’est pas enviable, le néophyte en politique semble être, ironie du sort, l’acteur de son destin.

Aux grandes promesses, les grands actes!

Finie la campagne électorale, dans le feu de l’action politique, le vent ne souffle pas au gré de notre chef du gouvernement. Et pourtant tous les ingrédients ont été réunis pour mener à bien sa mission, avec une majorité absolue à tous les niveaux des infrastructures politiques (parlement, régions, mairies, chambres de commerce…). Malheureusement, le chef de l’exécutif rate sa première balle de service, à peine une semaine à la tête du pouvoir, sur fond d’un scandale qui a étouffé dans l’œuf les ambitions démesurées de l’ex-ministre de la Santé et maire RNI de Casablanca, Nabila Rmili, limogée de sa responsabilité gouvernementale. Tel est pris qui croyait prendre, dit le proverbe.

Quelle est la probabilité pour que Akhannouch réussisse sa seconde balle de service? Répondre à cette question revient à se donner les clés pour comprendre ce panorama des politiques publiques, à l’origine des maux qui ont secoué notre pays ces derniers mois et vont continuer, probablement, à fragiliser ses équilibres. A commencer par la politique étrangère du pays. Joe Biden, président des Etats Unis, n’a toujours pas désigné d’ambassadeur à Rabat. Le climat politique est toujours tendu avec l’Union européenne, avec des négociations serrées sur la modernisation de l’accord d’association. Au point que Akhannouch cède sa place à Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, pour représenter le Maroc au sommet UE-Union africaine. Sans parler de l’Espagne ou des relations politiques Maroc-France, dont le président, Emmanuel Macron, n’a jamais effectué de visite d’Etat au Maroc. Quid de la politique nationale ? Cherchant à jouer cavalier seul, Akhannouch tombe dans le piège du vide politique en laissant quelques plumes derrière lui. La coalition gouvernementale semble tenir encore, seulement que pourquoi tarde-t-elle à nommer ses secrétaires d’Etat? Venons-en à la politique économique, le nœud et l’épicentre des grands débats qui animent la société ces jours-ci. A l’épreuve de la pandémie covid19, le gouvernement Akhannouch fait face à une hausse généralisée des prix qui a touché de plein fouet les ménages mettant les entreprises en difficulté. Mais pas seulement. Notre pays est frappé par une sécheresse historique inédite et en plein hiver, du jamais vu, du moins sur les 50 dernières années. L’addition de ces trois ingrédients que sont la covid19, l’envolée des prix et l’ampleur de la sécheresse nous donne un trio explosif.     

Au lieu d’intervenir pour limiter la casse, notre chef du gouvernement n’a qu’un souci, taxant du doigt la troisième dose du vaccin anti-covid. Et voilà qu’il répond lui même à la question du titre de cet article.

Au moment où nombre de pays commencent à tourner la page Corona et lèvent les restrictions pour retrouver le cours d’une vie normale. Et c’est là où le bât blesse. Si Akhannouch voit que se faire vacciner est une obligation des citoyens, il ne doit pas non plus oublier qu’ils ont des droits. Il est tenu d’assumer sa responsabilité politique et médicale vis-à-vis des victimes du vaccin Covid-19. Pour dire simple, prendre en charge les victimes des effets secondaires et les cas graves de réactions aux vaccins covid-19. Sans oublier la réparation des préjudices et l’indemnisation des héritiers en cas de décès.    

La politique ne se fait pas dans les salles obscures. Et l’avenir lui réserve encore de mauvaises surprises. Est-ce à dire que le parti majoritaire est à l’origine de cette coupable vacuité qu’on voit  dans la vie politique marocaine? L’heure est aux vérités pour rendre à César ce qui est à César. Marquée par une forte charge symbolique, l’action syndicale est devenue tout sauf un contre-pouvoir social. Même son de cloche chez le patronat. C’est au patronat de faire fonctionner sa matière grise pour influencer les politiques publiques, dénoncer les « connivences » au lieu de cacher son indigence intellectuelle et étaler ses petites misères du quotidien. La notion du contre-pouvoir dans la vie politique actuelle n’est pas étrangère à cette obsession pour l’opposition ancrée dans la culture politicienne, à court de possibilités d’action ou de capacité de produire un effet. L’utilité du contre-pouvoir et de la transparence, s’il faut les confondre, réside  dans leur capacité à éclaircir au lieu d’embrouiller, fustiger la manipulation politique au lieu de nourrir toutes les démagogies, planter la culture de la démocratie au lieu de se plier au dictat de la pensée unique au nom des circonstances. Est-il encore un contre-pouvoir efficace…?

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