Economie

Droits de douane-USA: Le Maroc parmi les gagnants potentiels ?

Quelques jours après l’annonce de droits de douane par l’administration Trump qui a ébranlé les marchés financiers ainsi que plusieurs pays partenaires commerciaux des Etats-Unis, une poignée d’Etats apparaissent comme des gagnants potentiels même si le risque d’une récession économique tend à nuancer le tableau.

Le malheur des uns – le Bangladesh et le Vietnam qui possèdent un excédent commercial avec les Etats-Unis et cibles de droits de douane de respectivement 37% et 46% – pourrait faire le bonheur des autres, à savoir le Maroc, l’Egypte, la Turquie ou encore Singapour qui ont des déficits commerciaux avec Washington.

De même, le Maroc, qui bénéficie d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, pourrait tirer profit des droits imposés à l’UE et aux puissances asiatiques.

« Les droits de douane sont une opportunité pour le Maroc d’attirer des investissements d’investisseurs étrangers voulant exporter aux Etats-Unis, compte tenu du taux relativement bas de 10% », a déclaré un ancien responsable gouvernemental, sous couvert d’anonymat.

Mais le risque plane que de gros investissements venus de Chine pourraient attirer l’attention de l’administration Trump, comme le projet de 6,5 milliards de dollars (5,93 milliards d’euros) de Gotion High Tech de construire la première giga-usine d’Afrique.

Les industries de l’aérospatiale et des engrais du Maroc pourraient aussi être touchés, selon Rachid Aourraz, économiste à l’Institut marocain d’analyse politique (MIPA).

« Si l’impact direct semble limité compte tenu du fait que les Etats-Unis ne sont pas un marché important pour les exportations marocaines, les conséquences des droits de douane et le spectre de la récession pourraient handicaper la croissance économique marocaine », affirme-t-il.

Alors que les alliés traditionnels des Etats-Unis comme l’Union européenne (UE), le Japon ou encore la Corée du Sud se sont vu imposer des droits de douane d’au moins 20%, des pays rivaux entrevoient une lueur d’espoir.

Le Brésil fait partie des épargnés, faisant face à des barrières douanières « réciproques » de 10%, soit le taux le plus faible. De plus, le géant agricole pourrait tirer profit des lourds droits de douanes imposés par la Chine, qui pourraient toucher les agriculteurs américains.

La dernière salve de droits de douane américains doit entrer en vigueur le 9 avril.

Importateur net de biens américains, le Brésil pourrait tirer avantage de la guerre commerciale menée par Donald Trump, qui vise en premier lieu la Chine et d’autres pays exportateurs affichant des excédents commerciaux avec Washington.

« Les Etats-Unis n’ont pas imposé de droits de douane uniquement à l’Egypte », avance Magdy Tolba, président de T&C Garments. « Ils ont imposé des droits de douane bien plus élevés sur d’autres pays. Cela donne à l’Egypte une opportunité de grandir. »

La Chine, le Bangladesh et le Vietnam sont présentés comme des rivaux de l’Egypte dans le secteur du textile par Magdy Tolba.

« L’opportunité est à portée de vue. Il suffit de la saisir », déclare-t-il.

La Turquie, dont les exportations de fer, d’acier et d’aluminium ont été touchées par les premiers droits de douane américains, voient le vent tourner alors que d’autres Etats sont encore plus durement affectés.

Les barrières douanières imposées à la Turquie sont le « meilleur du pire », selon le ministre turc du Commerce Omer Bolat.

Le Kenya, avec qui les États-Unis bénéficient d’un excédent commercial, pourrait également tirer un bénéfice mitigé de droits de douane relativement légers. Les producteurs de textile, en particulier, ont exprimé l’espoir de bénéficier d’un avantage comparatif par rapport à leurs concurrents des pays plus durement touchés.

RIVALITÉ ASIATIQUE

Les mêmes inquiétudes sont observées à Singapour, où l’indice de référence Straits Times Index a chuté de 7,5% lundi, sa plus forte baisse depuis 2008 et qui a poursuivi son déclin mardi.

« Singapour ne peut pas sortir gagnant d’une guerre commerciale mondiale, compte tenu de sa dépendance au commerce », explique Chua Hak Bin, économiste à Maybank.

L’Inde, malgré un taux de 26%, cherche à tirer profit de la situation de ses rivaux asiatiques.

L’Inde pourrait gagner des marchés dans les secteurs du textile, de l’habillement et de la chaussure, selon une évaluation interne du gouvernement indien communiquée à Reuters.

L’Inde espère aussi récupérer une partie de la production d’iPhone d’Apple, en raison de la guerre commerciale entre Pékin et Washington.

En Amérique du Sud, où les exportations se concentrent sur les produits de base, du cuivre aux céréales, l’espoir d’une relance de l’accord du Mercosur avec l’UE renaît.

Le Brésil pourrait être le premier bénéficiaire d’une telle mesure et profiter des frictions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, comme lors du premier mandat de Donald Trump, quand les exportateurs brésiliens de soja et maïs avaient tiré profit du boycott chinois des agriculteurs américains.

Le Mexique, qui fut l’objet du courroux commercial de Donald Trump par le passé, est relativement épargné grâce à l’accord commercial USMCA négocié lors du premier mandat du président américain, note Graham Stock, économiste chez RBC BlueBay.

« Mais les actifs mexicains sont plus en difficultés car le Mexique est très exposé à l’économie américaine, et en fin de compte, la politique commerciale de Trump est un énorme acte d’auto-sabotage de l’économie américaine », ajoute-t-il.

(Reuters)

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