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Géopolitique: Un discours africain nouveau est né

Lors d’une nouvelle session hebdomadaire des Mardis du PCNS, Imane Lahrich, responsable des programmes au Policy Center for the New South et modératrice de la session, a consacré la discussion de ce mardi 06 juillet, à la présentation de la quatrième édition du rapport annuel sur la géopolitique de l’Afrique. L’invité de la session était Abdelhak Bassou, Senior Fellow au PCNS, qui dirige le rapport annuel depuis sa création.

Au début de la session, Abdelhak Bassou a rappelé que le rapport annuel sur la géopolitique de l’Afrique remonte à l’année 2017, lorsque le Maroc est revenu vers ses racines africaines. C’est alors que l’idée était venue de rassembler les réflexions et les productions intellectuelles africaines dispersées, dans une seule publication portant sur les problématiques géopolitiques relatives au continent ; s’inscrivant dans le contexte des discussions menées par le Policy Center for the New South avec d’autres centres de recherche africains et en partenariat avec l’Institut d’études de sécurité à Addis Abeba, en Éthiopie. Le chercheur a ajouté que l’idée de ce rapport s’inscrit également dans le même circuit de la politique étrangère marocaine et de l’intérêt porté par la constitution marocaine à l’Afrique.

Quant au contenu du rapport, l’invité de la session a souligné que malgré l’existence d’une pédagogie qui ordonnance le contenu du rapport suivant la répartition géographique des différentes régions africaines, le rapport reste ouvert aux mutations que connaît le climat des relations internationales et à l’émergence sur la scène africaine de nouvelles données telles que la pandémie. Il a ajouté que le contenu du rapport est également lié aux besoins qui s’expriment dans l’espace intellectuel et géopolitique africain et à l’expertise acquise d’une édition à l’autre.        

Dans une présentation générale de la quatrième édition récemment publiée du rapport, Abdelhak Bassou a indiqué que le rapport est composé de cinq parties dont la première a forcément été consacrée aux répercussions de la pandémie de Covid-19 et comporte quatre articles traitant de la solidarité africaine face à cette crise, à l’insécurité, au problème de la sécurité alimentaire et aux questions de gouvernance, la paix et la sécurité dans le continent. L’expert politique a par ailleurs expliqué que l’enchaînement des autres parties du rapport a suivi la même structure que les éditions précédentes. Ainsi, des articles ont été consacrés à la partie portant sur les régions, à celle relative à la paix et à la sécurité, à celle axée sur la politique et la gouvernance et à celle de la culture et de la société.

Abdelhak Bassou a également affirmé que la dynamique de construction d’un récit ou d’un discours africain nouveau est née avec l’émergence de ce rapport et s’inscrit dans la philosophie de sa production, car ce rapport espère transcender les discours dominants sur l’Afrique au niveau mondial. Dans le même sens, le chercheur a ajouté que le rapport annuel sur la géopolitique de l’Afrique offre aux penseurs et politologues africains une tribune pour faire part de la vision africaine du monde et la vision de chaque pays africain sur les autres pays africains. Le Senior Fellow a également démontré que ce rapport annuel vient, en effet, redresser le discours africain dominé par une couverture médiatique présentant le continent comme un foyer de conflits et de dangers et comme une source de migration, de terrorisme et d’autres maux.       

En revanche, Abdelhak Bassou a expliqué que la question de la pandémie n’a pas monopolisé le rapport, car elle ne constitue qu’un fléau de plus qui affecte le continent africain comme c’est le cas dans le reste du monde et ne peut en aucun cas être considérée comme la cause ou la source des problèmes et des troubles dont souffre l’Afrique. À ce propos, le chercheur a rappelé que le rapport a essayé de maintenir un niveau élevé d’objectivité et de réalisme dans son évaluation des effets de la pandémie à la lumière des données africaines telles qu’elles se présentent, comme cela a été souligné dans le mot d’ouverture dudit rapport.   

De son côté, Imane Lahrich a présenté un ensemble de données issues d’un rapport publié par la ‘‘Coalition citoyenne pour le Sahel’’, l’une des références du rapport annuel sur la géopolitique de l’Afrique, qui montrent que l’année 2020 a été la plus dangereuse pour les populations civiles, en particulier dans la région du Sahel. L’animatrice de la session s’est interrogée ensuite sur la mesure dans laquelle ces données ont été affectées par la crise sanitaire. En réponse, Abdelhak Bassou a indiqué qu’il ne pense pas que la Covid-19 soit responsable de la hausse de ces chiffres, mais plutôt responsable de l’augmentation des opérations de recrutement de civils au sein des groupes armés. Les gouvernements africains ont d’ailleurs été la cible de critiques les accusant d’avoir concentré leurs efforts sur les capitales et d’avoir favorisé les classes aisées dans leur gestion de la crise sanitaire. Le chercheur a également souligné que l’apparition de zones grises est due à l’incapacité de l’Etat à remplir ses fonctions qui consistent à fournir les services d’éducation et de santé aux régions reculées de son territoire national. Abdelhak Bassou estime que la pandémie n’y est pour rien dans ces problèmes.      

S’agissant de la solidarité africaine et de l’apparition de certaines de ses manifestations au début de la crise, l’invité de la session a expliqué que les Etats africains doivent tirer une leçon importante de la pandémie à propos de l’importance et de la nécessité de cette solidarité, dont le Maroc a été un précurseur, face aux défis posés par la crise sanitaire mondiale.

Par ailleurs, Abdelhak Bassou a souligné que l’empressement des grandes puissances à promouvoir les investissements en Afrique ne revêt pas un caractère philanthropique et n’est pas non plus l’expression d’une solidarité à l’égard du continent africain, mais traduit plutôt des convoitises. Il a insisté sur la nécessité de prendre conscience et de se demander de façon rationnelle s’il s’agit de véritables partenariats ou seulement d’un nouvel habillage colonialiste indirect.  

En conclusion, Abdelhak Bassou a affirmé que la diversité des auteurs ayant contribué au rapport, en termes de nationalités et de générations, reflète une prise de conscience de la dynamique africaine et de l’identité pragmatique africaine, qui s’oriente vers le renouvellement du discours africain et de la pensée africaine de façon générale. 

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