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Policy center: Pourquoi les jeunes boudent la politique

Lors d’une nouvelle session hebdomadaire des Mardis du PCNS, Imane Lahrich, responsable des programmes au Policy Center for the New South et modératrice de la session, a dirigé la discussion, ce mardi 29 juin, sur le sujet la participation politique des jeunes au Maroc, en présence de l’invité Said Othmane Akdad, chercheur en sciences politiques et relations internationales. 

L’invité de la session a commencé par définir la participation politique comme étant une activité ou un ensemble d’activités à travers lesquelles le citoyen peut influer sur les processus de prise de décision politique aussi bien au niveau local que national. Ces activités découlent du sentiment d’appartenance à l’espace de gestion des affaires publiques. Cette participation peut prendre deux formes : la participation politique organisée liée à des institutions officielles (partis, conseils élus, organisations politiques participant aux élections, …) et la participation politique non organisée associée aux mouvements sociaux qui souvent s’activent de manière spontanée au sein de l’espace public.      

S’agissant des raisons qui expliquent la réticence des jeunes à participer à la vie politique de façon générale et aux élections de façon particulière, le chercheur a souligné qu’il ne s’agit pas d’un désintérêt envers la politique, mais plutôt envers les institutions politiques, élues et partisanes, car le citoyen exerce effectivement la chose politique au quotidien (à travers les associations, la société civile, l’appropriation des affaires des citoyens, …). L’invité a ajouté que les facteurs de ce désintérêt se manifestent, premièrement, dans le fait que l’image de la politique est associée au Maroc à une forme de crainte au sein de la société de ce qu’ont vécu les politiques à une époque donnée, deuxièmement, dans l’existence d’autres sentiments négatifs à l’égard de la politique qui est perçue comme étant associée à la corruption, ce qui lui a valu cette image dégradante aux yeux de l’opinion publique qui s’est désintéressée de l’espace politique, et troisièmement, ce désintérêt s’explique aussi par le fait que les partis politiques n’ont pas accompagné les grandes revendications de la jeunesse et de la société, en plus de l’absence de démocratie interne et de l’existence de pratiques négatives au sein des partis.   

Concernant la manière de reconsidérer l’offre des partis politiques envers la jeunesse marocaine, Saïd Othmane Akdad a formulé deux propositions : la première a trait à la nécessité d’améliorer les structures d’accueil des partis politiques et la deuxième consiste à offrir aux jeunes des espaces d’engagement, de prise de responsabilité et d’accès aux fonctions d’organisation au sein des partis, ce qui impose aux partis politiques davantage d’ouverture et de renouvellement  de manière à susciter de l’espoir dans la vie politique, car la pérennité des partis politiques dépend du renouvellement de leurs élites, pourvu qu’il y ait un minimum d’engagement intellectuel et politique.            

Poursuivant dans le même sens, le chercheur en sciences politiques a souligné que la participation des jeunes à la vie politique, face au recul de la confiance dans l’action et les acteurs politiques, dépend de leur propre prise de conscience quant à l’importance de la participation et de la pratique politique qui reste le point d’entrée principal pour le changement et l’affirmation de leur point de vue.  

Imane Lahrich a ensuite posé la question sur la mesure dans laquelle le discours politique apporte aujourd’hui des réponses aux aspirations de la jeunesse marocaine et de la société dans laquelle elle vit et à l’idéal d’une société ouverte qui voit en la jeunesse un levier de développement. En réponse, l’invité a invité les partis politiques à renouveler leur discours, à rechercher de nouveaux modes de recrutement, à adopter un discours dans lequel les jeunes se retrouvent et qui prône le renouveau des idées de notre temps. Le chercheur estime qu’un tel changement est susceptible de rétablir la confiance entre les jeunes et le discours politique qui aura de ce fait acquis une forme de crédibilité en devenant un discours qui lie les idées à la pratique.    

D’autre part, Saïd Othmane Akdad a expliqué que la présence et l’exercice de l’action politique par les jeunes à travers les espaces des réseaux sociaux revêt une grande importance, car plusieurs questions politiques taboues y sont discutées en toute liberté et sans censure. Ceci dit, la fuite des jeunes vers l’espace virtuel reflète la fermeture de l’espace réel. Cela signifie que les activistes du monde virtuel doivent regagner le monde réel et rejoindre les partis politiques sur le terrain, car les espaces de communication virtuelle ne peuvent nullement constituer une alternative ou un front de lutte alternatif aux partis politiques.

En conclusion, l’invité de la session a rappelé que la crise sanitaire a davantage accentué la connexion des citoyens aux technologies et aux réseaux sociaux, créant ainsi une nouvelle sensibilité à l’égard de certaines questions. Le rôle de l’espace virtuel dans la formation d’une opinion publique demeure toutefois limité.     

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