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La Suisse veut un ALE avec le Maroc?

Après la reconnaissance américaine du Sahara marocain,  futur eldorado des investisseurs et porte d’entrée vers l’Afrique subsaharienne, voici qu’un pays comme la Suisse vient chercher sa part du gâteau. La sortie médiatique de l’ambassadeur suisse à Rabat, Guillaume Scheurer, à l’occasion du 100ème anniversaire de la présence diplomatique helvétique au Maroc, interpelle à maints égards sur fond de tensions politico-diplomatiques entre le Maroc et l’Allemagne. En parallèle, la Chambre de Commerce Suisse au Maroc organise la semaine prochaine un webinaire sous le thème : « Quels grands projets pour améliorer l’attractivité du Maroc et quelles pistes de coopération avec la Suisse? ». La couleur est annoncée. « Ce triptyque (l’accord de protection et de promotion des investissements, l’accord contre la double imposition et l’accord de libre-échange) que nous n’avons pas avec tous les pays est le nec plus ultra que nous pouvons avoir avec un pays économiquement développé comme le Maroc », déclare  l’ambassadeur suisse dans un entretien accordé à la chaîne « M24 » de la MAP.

La lecture entre les lignes de ce discours diplomatique laisse dégager un constat sans appel : les Suisses veulent profiter de l’occasion et combler le vide laissé par les grands partenaires traditionnels. Mais aller jusqu’à un Accord de libre-échange avec notre pays, on peut dire que cela relève  des présupposés de parole diplomatique (interactivité, contextualité) à manier avec prudence pour ne pas dire langue de bois. Pourquoi ?

Chiffres à l’appui, un simple aperçu sur le total des échanges commerciaux entre les deux pays montre une balance commerciale excédentaire au profit de la Suisse. En 2020, les importations du Maroc en provenance de la Suisse se sont élevées à 279,368 millions de dollars. Au moment où nos exportations totalisent près de 160 millions de dollars. A part le volume des échanges commerciaux que l’on peut qualifier de très faible, les enjeux en tant qu’accord de commerce et d’investissement font office d’une éventuelle intégration entre partenaires inégaux. Il n y a qu’à jeter un coup d’œil sur le profil de nos exportations vers le pays de l’horlogerie. Le Maroc exporte principalement des produits constitués de « Perles naturelles ou de culture, pierres précieuses ou semi-précieuses, métaux précieux, plaqués de métaux. . . », soit le premier poste exportateur avec 65,6 millions de dollars.

Par ailleurs, l’ambassadeur suisse affirme que « le prochain chapitre que l’on doit écrire ensemble, c’est essayer de se projeter vers le continent africain en profitant du Maroc comme plateforme ». Il faut rappeler, à ce titre, que le Maroc ne relève pas des priorités de la nouvelle stratégie MENA et Afrique subsaharienne 2021-2024, adoptée par le Conseil fédéral suisse début février 2021. Paradoxalement, c’est notre voisin, l’Algérie qui semble être le pays prioritaire sur l’agenda suisse de la coopération africaine. L’Algérie était la première escale du conseiller fédéral Ignazio Cassis, dans sa visite officielle, du 7 au 13 février 2021 en Afrique du Nord et de l’Ouest, qui le conduira ensuite, au Mali, au Sénégal et en Gambie. A suivre !

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