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OIT : Une relance centrée sur l’humain !

Par son impact dévastateur sur la santé publique, l’emploi et les moyens de subsistance, la pandémie de COVID-19 a provoqué des bouleversements sans précédent dans le monde entier. Selon une nouvelle analyse « Emploi et questions sociales dans le monde: Tendances 2021 »  publiée par l’Organisation internationale du Travail (OIT), une réponse politique déterminée s’impose pour faire face à la fragilité et à l’hétérogénéité des conditions sociales et économiques et favoriser une relance centrée sur l’humain.

Sous-utilisation des jeunes : L’Afrique du Nord compte le taux le plus élevé au monde

Le risque grave des effets à long terme d’une récession prolongée sur les perspectives de carrière des jeunes appelle des efforts politiques concertés pour combler les déficits de travail décent parmi ce groupe vulnérable pendant la phase de reprise. Au niveau mondial, l’emploi des jeunes a baissé de 8,7 pour cent en 2020, en comparaison à 3,7 pour cent chez les adultes, la baisse la plus prononcée intervenant dans les pays à revenu intermédiaire. Les conséquences de cette tendance et les perturbations qui ont freiné la participation précoce au marché du travail pourraient se faire sentir pendant des années.

Alors que les jeunes sont désavantagés par rapport aux adultes en termes de résultats sur le marché du travail partout dans le monde, leur situation est particulièrement difficile en Afrique du Nord. Avant la pandémie de COVID-19, l’Afrique du Nord avait le taux de chômage des jeunes le plus élevé parmi les 11 sous-régions, un taux composite de sous-utilisation de la main-d’œuvre jeune le plus élevé au monde (50,3 % de la main-d’œuvre élargie en 2019) et près de 27% de ses jeunes n’avaient ni emploi, ni éducation ni formation (NEET). Seulement, un jeune sur cinq dans la population active élargie de la sous-région faisait partie de la population active potentielle.

La crise a touché de nombreux jeunes à un moment décisif de leur vie, perturbant leur passage de l’école ou de l’université au travail. L’expérience des crises précédentes montre que l’entrée sur le marché du travail pendant une récession réduit les probabilités d’emploi à long terme, les salaires et les perspectives d’acquisition de compétences sur le tas. Cela est dû au fait qu’il y a moins d’emplois disponibles et que le chômage est donc plus élevé, mais aussi au fait que les jeunes qui trouvent un emploi risquent plus d’occuper des postes temporaires tant que la confiance des entreprises reste ébranlée.

Bien que les récessions puissent également inciter les jeunes travailleurs à s’investir résolument dans l’éducation formelle, la part des jeunes sans emploi et ne suivant ni étude ni formation (ni ni ) a augmenté entre 2019 et 2020 dans 24 des 33pays disposant de données. En outre, la pandémie a gravement perturbé les possibilités d’éducation, en particulier dans les régions du monde qui ne disposent pas de l’infrastructure numérique et des capacités nécessaires pour passer à l’enseignement à distance.

5 années de croissance évaporées !

Les pertes totales d’heures de travail se sont traduites par une forte baisse des revenus du travail et une augmentation de la pauvreté. Au niveau mondial, les revenus du travail, qui ne comprennent pas les transferts et les prestations des pouvoirs publics, étaient en 2020 inférieurs de 3700milliards de dollars É.-U. (8,3pour cent) à ce qu’ils auraient été en l’absence de pandémie. Pour les deux premiers trimestres de 2021, ce manque à gagner équivaut à un recul des revenus du travail de 5,3pour cent, soit 1300milliards de dollars. Par rapport à 2019, on estime que 108millions de travailleurs supplémentaires sont extrêmement ou modérément pauvres, ce qui signifie qu’eux-mêmes et les membres de leur famille doivent vivre avec moins de 3,20dollars par jour en termes de parité de pouvoir d’achat. Cinq années de progrès pour éradiquer la pauvreté au travail ont été réduites à néant, puisque les taux de pauvreté des travailleurs sont revenus à leur niveau de 2015.

Chômage: les pays à revenu intermédiaire les plus touchés en 2022 

Cela devrait entraîner une hausse soutenue et prononcée du chômage: de 187 millions de chômeurs en 2019 à 220 millions en 2020, 220 millions en 2021 et 205 millions en 2022. Contrairement à la situation qui prévalait cette année-là, le chômage devrait être élevé dans les pays à tous les niveaux de revenus en 2022, et les pays à revenu intermédiaire devraient être les plus touchés. Pour aggraver les choses, un grand nombre des emplois nouvellement créés devraient être de faible productivité et de mauvaise qualité. Par rapport à 2019, le nombre total d’emplois a chuté de 114millions en raison de l’entrée de travailleurs dans le chômage ou de leur sortie de la vie active. S’il n’y avait pas eu de pandémie, le monde aurait créé environ 30millions d’emplois en 2020. Prises ensemble, ces pertes signifient que le déficit mondial d’emplois a augmenté de 144millions en 2020 (voir la figure ci-après), ce qui aggrave fortement la pénurie qui existait déjà avant la pandémie.

En Afrique du Nord, un déficit d’emplois de 3,2 millions est estimé pour la sous-région en 2020 par rapport au scénario sans pandémie, soit près de 500 000 chômeurs supplémentaires et 2,8 millions de personnes qui a abandonné ou s’est abstenu d’entrer sur le marché du travail.

On estime que le taux d’activité déjà faible de l’Afrique du Nord a diminué de 1,9 point de pourcentage en 2020 par rapport au scénario sans pandémie, tandis que le taux de la main-d’œuvre potentielle – composée de ceux qui ne recherchent pas activement un emploi mais disposés et disponibles pour travailler si l’occasion se présente ou, à défaut, à la recherche d’un emploi mais incapables de travailler – aurait augmenté de 1,9 point de pourcentage).

Les pertes d’emplois ont été aggravées par une réduction des heures de travail des personnes employées, entraînant une baisse de 10 % du nombre total d’heures de travail en 2020 par rapport au scénario sans pandémie, l’équivalent de 5 millions d’emplois à temps plein (en supposant un -heure de travail hebdomadaire). Une grande partie des travailleurs occupaient des emplois à faible productivité en 2019, avec un taux d’informalité de 70,8 % (OIT, à paraître).

Enfin, outre une analyse des pertes en heures travaillées et en emplois directs ainsi que de la croissance perdue en matière d’emploi, le rapport définit une stratégie de reprise structurée autour de quatre principes: la promotion d’une croissance économique généralisée et la création d’emplois productifs; un soutien aux revenus des ménages et aux transitions au sein du marché du travail; le renforcement des fondements institutionnels nécessaires à une croissance et à un développement économiques robustes et durables; et l’utilisation du dialogue social pour définir des stratégies allant vers une reprise économique centrée sur l’humain.

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