ONU : Le Policy Center dresse un bilan mitigé
Dans ses dernières publications, le Policy Center for the New South présente une analyse sous le thème : « L’ONU a 75 ans : Renaissance ou décadence? ».
Le 24 octobre prochain, le monde célébrera le 75e anniversaire de la création de l’Organisation des Nations unies (ONU). Cette célébration intervient dans un contexte dominé par l’impact socio-économique de la pandémie Covid-19 et marqué par un recul inquiétant du multilatéralisme et par une fragilisation rampante de ses Institutions les plus représentatives.
Cette célébration intervient aussi à un moment où ce multilatéralisme subit des assauts contre ses institutions les plus représentatives, principalement l’ONU, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation des Nations unies pour la Science, l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) et l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), sans que cette offensive provoque un sursaut et une réponse énergique pour préserver les acquis de plusieurs décennies d’efforts pour la construction d’un système de gouvernance collectif qui, malgré ses carences et ses imperfections, a rendu de loyaux services à la Communaute internationale.
Aujourd’hui, la conjoncture internationale est loin d’être celle de l’an 2000. L’Organisation évolue dans un monde où l’Humanité se trouve plongée dans la pire des crises sanitaires jamais subie depuis fort longtemps et fait face, en même temps, à une érosion inquiétante du multilatéralisme dont l’ONU est le porte-drapeau. En effet, l’éruption de la Covid-19 a mis l’ensemble des Etats, grands et petits, développés et moins développés, devant une situation qu’ils peinent à maîtriser et contenir. La pandémie a révélé les carences de leurs systèmes de santé publique et l’ampleur de ses conséquences socio-économiques et aggrave davantage la fracture entre le Nord et le Sud.
Dans pareilles situations de crise d’envergure planétaire, l’habitude était prise de faire front commun, de s’allier contre les menaces et de mettre en place des institutions d’action collective et des mécanismes de coopération internationale pour relever ces défis.
Or, loin de susciter un tel élan de coopération et de solidarité, la crise a provoqué un repli nationaliste, une intensification de l’unilatéralisme et une fragilisation des Organisations internationales de coordination et de concertation entre les Etats. La nouvelle pandémie a conforté une tendance qui s’est intensifiée durant les quatre dernières années : celle du triomphe du souverainisme, d’une marginalisation du rôle des enceintes multilatérales et d’un affront aux règles du Droit international dans la gouvernance mondiale. Que ces Organisations internationales aient besoin de se reformer, c’est là une évidence incontestable et incontestée.
L’action de l’Organisation mondiale sur les trois piliers de son mandat, le maintien de la paix, le respect des droits de l’Homme et la coopération pour le développement, dégage un bilan mitigé qui laisse apparaître quelques succès (Mozambique, Namibie, Timor Leste) et plusieurs échecs (Bosnie, Rwanda, Somalie). Aujourd’hui, l’ONU se trouve critiquée pour son manque de représentativité, de légitimité et d’efficacité et les appels se multiplient en faveur de réformes qui concernent le Conseil de sécurité, le rôle de l’Organisation dans le domaine du développement et du changement climatique en plus de la gestion interne de son Secrétariat.
Malgré ses limites et les contraintes auxquelles elle est assujettie, l’Organisation mondiale demeure un outil précieux et irremplaçable pour la gouvernance mondiale. Elle est le cœur battant du multilatéralisme et le lieu de convergence des volontés de ses membres à travailler ensemble pour relever les défis du 21e siècle. Pour toutes ces raisons, l’ONU mérite d’être préservée et renforcée dans l’intérêt bien compris de toutes les Nations, grandes et petites.
Retour historique sur une institution mondiale qui a beaucoup fait parler d’elle : Cliquez ici