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Quelles ressources pour financer les milliards de la relance post-covid19?

Qui paiera les milliards endettés pour financer les effets de la pandémie coronavirus ? Autant de questions en suspens…qu’on s’est habitué à polémiquer sur le fait que les citoyens ne travaillent pas pour eux mais plutôt pour le fisc. Cette controverse émane d’un constat sans appel : plus de 80% des recettes du budget de l’Etat proviennent  des ressources au titre des impôts directs et indirects. En effet, le rapport de la DGI au titre de l’exercice 2018 informe que les recettes globales nettes ont atteint  près de 150 milliards de dirhams. Auxquelles s’ajoutent les recettes douanières situées à plus de 100 milliards de dirhams. Au vu de ces montants colossaux et que près de 60% du tissu entrepreneurial est à l’arrêt, on se rend compte très vite de la lourde facture de la Covid 19.

Intervenant le 19 mai 2020 à la Chambre des Conseillers, Mohamed Benchaâboun, ministre de l’Économie, des Finances et de la réforme de l’administration a évalué la facture au titre des recettes budgétaires de l’Etat durant le confinement : Une perte de 500 millions de dirhams chaque jour. Qui dit mieux ? A fin mai 2020 et  en  comparaison  avec  la même période de 2019, la Trésorerie Générale du Royaume souligne une baisse des recettes douanières nettes de 10,9%, et des recettes nettes de la fiscalité domestique de 7,5%.

Faut-il donc s’attendre à une hausse des impôts ou plutôt une baisse pour compenser les pertes et faire redémarrer les moteurs de croissance? Avis des experts.

Hakim Marrakchi, Vice-président de la CGEM

« L’essentiel des recettes fiscales provient d’un très petit nombre d’entreprises déjà fortement sollicitées. Il convient de préciser que ces entreprises sont rarement soumises à la concurrence libre et aux lois du marché, si bien que leurs marges et leurs impôts obèrent en définitive la compétitivité du tissu entrepreneurial. Une augmentation de la pression fiscale n’est donc pas envisageable sans élargissement de l’assiette fiscale.

Un autre type de politique fiscale est donc nécessaire. Nous ne pouvons plus continuer de financer la solidarité par la taxation du travail et de la production. Il est urgent d’innover, par exemple à travers un élargissement de la TIC, élargissement destiné à faire contribuer les produits importés au financement de la protection sociale et à la solidarité nationale au même titre que les produits fabriqués localement.  Hors ce type d’innovation, la logique voudrait que l’Etat réduise son train de vie et diffère certains investissements s’il n’est pas en mesure de laisser filer le déficit budgétaire. En effet, augmenter la pression fiscale avec les mêmes recettes du passé ne ferait qu’aggraver le risque d’une contraction durable de l’activité économique et plongerait en dépression ce qui n’est pour l’instant qu’une probable récession »

Lahcen Oulhaj, Economiste  et Président de la commission permanente d’analyse de la conjoncture économique et sociale du CESE du Maroc

« Pour avoir un effet de stimulation et de la demande et de l’offre, l’enveloppe financière du plan de relance ne devrait pas venir des impôts. Sinon, l’Etat prélèverait du pouvoir d’achat qu’il va restituer de manière inefficace »

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