Le marché immobilier assiste à une chute historique des transactions en lien avec l’ampleur de la récession économique. Face à cet effondrement des transactions, les prix vont-ils résister à cette crise inédite? Les transactions se sont affaissées de près de 32% au moment où les prix des actifs immobiliers n’ont baissé que de 1,4% entre le 1er trimestre 2020 et celui de 2019, selon Bank Al-Maghrib. Qu’est ce qui empêche les prix de baisser?
« La pandémie covid19 a entraîné dans son sillage une perte de revenus et de confiance chez les consommateurs, les contraignant à reporter tout achat immobilier. Ajouter à cela l’asséchement des liquidités pour les entreprises, à caractères familiales pour la plus part, obligées, elles aussi, de vendre leurs biens immobiliers », nous explique Driss Effina, économiste et expert en immobilier.
Soulignant que le fisc est appelé à adapter et à procéder à une actualisation et révision périodique du Référentiel Commun des Prix Immobiliers en fonction de l’évolution du marché immobilier et foncier. Si non, « on assisterait à une explosion des litiges commerciaux au vu de la situation de crise que nous vivons », prévient-il.
Du fait de la récession, il faut dire que les entreprises seront doublement pénalisées. D’une part, la valeur vénale de leurs biens immobiliers, servant toujours comme moyens de garantie bancaire, accusera une chute brutale. D’autre part, la crise financière des entreprises sera amplifiée par un durcissement des banques des critères d’octroi de crédits immobiliers. Cette restriction de l’accès au crédit coule de source. Pour bien la comprendre, il suffit de jeter un coup d’œil sur le coût du risque chez la première banque du pays. « Le coût du risque s’établit à 1,1 milliard de dirhams en accroissement de 82,5% prenant en compte les premiers impacts prévisionnels de la crise. Rapporté aux encours de crédits, il passe de 0,76% au premier trimestre 2019 à 1,30% au premier trimestre 2020 », peut-on lire dans un communiqué.
Le resserrement donc est attendu, sauf si l’Etat n’intervienne en allégeant les taux d’intérêt et activant les mesures de garantie.
Dans ces conditions, le marché immobilier pourrait souffrir davantage, avec pour corollaire une correction significative des prix à la baisse. Effina prévoit pour les prochains mois une chute des prix immobiliers de l’ordre de 15% contre 35% pour les transactions. Pour les chasseurs d’opportunités est-ce le moment d’acheter? L’économiste explique qu’aujourd’hui les gens préfèrent garder leur argent et attendre. Wait and see !