Aramco : Le géant saoudien perd 25% de son bénéfice au 1er trimestre
Le géant pétrolier saoudien Aramco a annoncé mardi une baisse de 25% de son bénéfice net au premier trimestre, après la spectaculaire chute des prix de l’or noir due à la crise du coronavirus, qui devrait fortement affecter la demande toute l’année.
En décembre 2019, Aramco est devenue la plus grande entreprise cotée en Bourse après avoir levé un record de 29,4 milliards de dollars lors de la vente de 1,75% de ses parts sur les marchés financiers saoudiens. Mais, depuis, la bouée économique de Ryad flotte en eaux troubles.
L’entreprise publique a enregistré un bénéfice net de 62,5 milliards de riyals (16,66 milliards de dollars) au cours des trois premiers mois, contre 22,2 mds de dollars pour la même période de 2019, soit une baisse de 25%, a précisé le fleuron économique de l’Arabie saoudite, premier exportateur de brut au monde.
« La crise du Covid-19 ne ressemble à rien de ce que le monde a connu dans l’histoire récente et nous nous adaptons à un environnement commercial très complexe et très évolutif », a déclaré dans un communiqué le PDG d’Aramco, Amin Nasser.
Selon lui, la baisse des bénéfices reflète principalement la chute vertigineuse des prix du pétrole, ainsi que la diminution des marges du raffinage et des produits pétrochimiques.
Les investisseurs ne semblent pas avoir été surpris par cette annonce, le cours de l’action Aramco ayant clôturé la journée en hausse de 1,3 %, à 31,30 riyals, proche de son prix d’introduction en bourse fin 2019 (32 riyals).
« Pour le reste de 2020, nous nous attendons à ce que l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la demande mondiale d’énergie et les prix du pétrole pèse sur nos revenus », a ajouté M. Nasser.
Le ralentissement de l’activité économique en raison de la pandémie a provoqué un cataclysme sur le marché mondial du pétrole, également frappé par une guerre des prix entre l’Arabie saoudite et la Russie, respectivement troisième et deuxième producteurs au monde.
Face au refus de Moscou de réduire la production mondiale, Ryad a brutalement fait passer la sienne à 12,3 millions de barils par jour, un plancher record. Résultat: le prix du pétrole a dégringolé en mars pour atteindre son niveau le plus bas depuis près de deux décennies, perdant près des deux tiers de sa valeur.
« A plus long terme, nous restons confiants dans le fait que la demande d’énergie va rebondir à mesure que les économies mondiales se redresseront », a argué M. Nasser.
Aramco prévoit de poursuivre ses réductions de dépenses d’investissement, a-t-il néanmoins ajouté, pour atteindre 25 à 30 mds de dollars, contre 32,8 mds de dollars en 2019.
La production d’Aramco est récemment passée à 9,7 millions de barils par jour (mbj) puis à 8,5 mbj, en vertu d’un accord conclu entre l’Arabie saoudite et d’autres pays exportateurs, dont la Russie, pour diminuer la production et soutenir les prix.
En juin, Aramco pompera 7,5 mbj à la demande du ministère saoudien de l’Energie, qui a annoncé lundi une réduction supplémentaire d’un million de barils par jour pour stabiliser le marché.
Ce n’est pas la première fois qu’il accuse le coup face à une chute des prix sur les marchés. Le mastodonte a enregistré une baisse de 20,6% de son bénéfice net en 2019, à 88,2 mds de dollars. En 2018, il a en revanche affiché un bénéfice net de 111,1 mds de dollars.
Face à la chute de ses revenus pétroliers et à la crise économique liée la pandémie, l’Arabie saoudite a annoncé lundi un plan d’austérité prévoyant un triplement de la taxe sur la valeur ajoutée et la fin des allocations mensuelles à ses citoyens.
Le royaume espère engranger 100 milliards de riyals (24,61 mds d’euros) à la faveur de ces mesures, qui risquent de mécontenter la population.